ouvrages au programme - "ou fortement conseillés"
Un des épisodes les plus romanesques de la Chouannerie et le premier volet de cette «épopée normande» que Barbey d'Aurevilly songea toute sa vie à écrire. Après des débuts littéraires incertains, l'auteur des Diaboliques trouve sa voie au moment où il retrouve son enfance, Valognes, Saint-Sauveur-le-Vicomte, le milieu familial où il a été élevé dans la nostalgie d'une culture qui est morte en 1789. C'est cette quête proustienne d'un temps, d'un monde perdu qui, par-delà les exploits des héros, donne au Chevalier des Touches son étrange miroitement poétique. «Les Poètes, comme les Tortues, disait Barbey, portent leur maison sur leur dos, et cette maison, c'est le palais des premiers songes.»
«Je m'empresse de dire que la guerre ça n'est pas beau et que, surtout ce qu'on en voit quand on y est mêlé comme exécutant, un homme perdu dans le rang, un matricule parmi des millions d'autres, est par trop bête et ne semble obéir à aucun plan d'ensemble mais au hasard. À la formule marche ou crève on peut ajouter cet autre axiome : va comme je te pousse! Et c'est bien ça, on va, on pousse, on tombe, on crève, on se relève, on marche et l'on recommence. De tous les tableaux des batailles auxquelles j'ai assisté je n'ai rapporté qu'une image de pagaïe».
Blaise Cendrars rend hommage aux hommes qui se sont battus avec lui durant la Première Guerre mondiale et, tout en évoquant l'atrocité des carnages, nous offre une inoubliable leçon d'amitié et de courage.
Le texte fondateur de la philosophie moderne et de la raison occidentale. Son approche déductive, fondée sur la vérification des évidences, apporte une nouvelle architecture à l'édifice du savoir. Avec un dossier comportant des extraits commentés, organisés autour de thèmes tels que la méthode et la connaissance, la morale, la métaphysique, la physique ou encore la physiologie.
"Me voici donc seul sur la terre, n'ayant plus de frère, de prochain, d'ami, de société que moi-même." Après le temps des Confessions vient celui des Rêveries, où Jean-Jacques retrouve la plénitude de soi et engage par l'écriture une réflexion sur l'introspection et les limites de la reconstitution du passé.
«Vive sans être bruyante, et naturellement recueillie, je ne demandais qu'à m'occuper, et je saisissais avec promptitude les idées qui m'étaient présentées. Cette disposition fut tellement mise à profit, que je ne me suis jamais souvenue d'avoir appris à lire ; j'ai ouï dire que c'était chose faite à quatre ans, et que la peine de m'enseigner s'était pour ainsi dire terminée à cette époque.» Madame Roland, née Manon Phlipon (1754-1793), fut arrêtée comme Girondine le 1er juin 1793, condamnée à mort et guillotinée le 8 novembre. Elle passa ses mois de captivité à rédiger d'admirables Mémoires dont on trouvera ici les premiers chapitres. L'époque romantique devait voir en elle l'une des grandes figures féminines de la Révolution.
L'Etabli, ce titre désigne d'abord les quelques centaines de militants intellectuels qui, à partir de 1967, s'embauchaient, " s'établissaient " dans les usines ou les docks. Celui qui parle ici a passé une année, comme 0. S. 2, dans l'usine Citroën de la porte de Choisy. Il raconte la chaîne, les méthodes de surveillance et de répression, il raconte aussi la résistance et la grève. Il raconte ce que c'est, pour un Français ou un immigré, d'être ouvrier dans une grande entreprise parisienne. Mais L'Etabli, c'est aussi la table de travail bricolée où un vieil ouvrier retouche les portières irrégulières ou bosselées avant qu'elles passent au montage. Ce double sens reflète le thème du livre, le rapport que les hommes entretiennent entre eux par l'intermédiaire des objets : ce que Marx appelait les rapports de production.
Aristote est le premier, dans sa Poétique, à avoir analysé le langage propre à la poésie.
.C'est un art dont les procédés n'ont cessé de se modifier et, depuis qu'«on a touché au vers», comme le notait Mallarmé en 1894, les formes se sont particulièrement diversifiées. Autant de transformations qui ne sont jamais reniement.
.Ouvrage de synthèse, ce dictionnaire, où sont cités plus de 150 auteurs, explique et illustre, outre les règles de la versification et l'histoire de leur évolution, les traits spécifiques du langage poétique, comme le jeu des sonorités, les variations du rythme, le statut du mot, les tropes, les images.
.Avec ses 285 rubriques, son index raisonné des articles, le Dictionnaire de poétique répond aux questions formelles posées par l'étude et la lecture de tout poème. Il permet de comprendre comment «on naît poète» (Cicéron), mais aussi comment on peut le devenir.
La rhétorique est l'art de composer un texte ou un discours en vue de convaincre ou de plaire. Aristote (l'auteur du premier grand traité qui lui fut consacré au IVe siècle avant J.-C.) la considérait déjà comme « la faculté de découvrir spéculativement ce qui dans chaque cas est propre à persuader ». C'est dire la portée universelle de cette discipline et sa permanente actualité dans nos sociétés de communication. Elle se confond d'ailleurs avec l'histoire de notre culture puisqu'elle est depuis la Renaissance le fondement de l'humanisme. Ouvrage de synthèse, ce dictionnaire se compose de 400 rubriques (d'Abondance à Zeugma en passant par Antonomase, Bienséance, Improvisation, Moeurs, Trope...) et de 14 grands tableaux synoptiques qui ordonnent et clarifient tous les aspects de la rhétorique. Il se prête à une consultation ponctuelle ou à une lecture plus approfondie. Il permet ainsi à chacun d'accéder à la découverte, à la compréhension et à la maîtrise de la rhétorique.
Lexique des termes littéraires - On trouvera ici tout le vocabulaire courant de la poétique et de la rhétorique, du langage dramatique et de la critique, de la narratologie et de la stylistique, ainsi que les termes de linguistique que l'analyse littéraire s'est appropriés et ceux qui ressortissent à l'histoire littéraire.
Outre les écoles et mouvements, ce volume propose également des entrées qui relèvent plus largement de la vie littéraire, et parfois culturelle.
Toutes les époques sont donc représentées, et particulièrement le Moyen Age dont aucun ouvrage n'éclairait véritablement jusqu'ici le lexique spécifique.
- Ce Lexique rassemble plus de mille entrées et vise à devenir un usuel, un vade-mecum, si l'on veut, des études littéraires, un ouvrage que chacun puisse avoir constamment à portée de la main et commodément consulter.
Ouvrage dirigé par Michel Jarrety avec la collaboration de Michèle Aquien, Dominique Boutet, Emmanuel Bury, Pierre Frantz, Daniel Ménager, Gilles Philippe, Yves Vadé.
I Définition(s).
1 - L'art de persuader.
2 - Les genres de la rhétorique.
3 - Les parties de la rhétorique.
II Aperçu historique.
1 - Naissance et développement de la rhétorique.
2 - Mort et renaissance de la rhétorique.
Ean de Léry Histoire d'un voyage faict en la terre du Brésil Ce livre est un enchantement. C'est de la littérature. Qu'on laisse l'ethnologie aux ethnologues et que le public lise l'Histoire d'un voyage faict en la terre du Brésil comme une grande oeuvre littéraire. Et aussi comme un extraordinaire roman d'aventures. Faites le bilan de ce que raconte Léry : pendant un an et demi, ça n'arrête pas. Au cours du voyage aller, qui dure près de trois mois, ce ne sont que tempêtes, arraisonnements, canonnades, pillages. Au retour, c'est plus terrible encore [...] Quant au séjour brésilien, le témoignage émerveillé de Léry vaut les plus folles aventures.
Claude Lévi-Strauss.
Militant calviniste par vocation, ethnographe par accident, Jean de Léry (1534-1613) a juste vingt-trois ans quand il débarque au Brésil. Avec d'autres, il vient prêter main-forte à la colonie protestante, installée dans l'île de Villegagnon, face à l'actuelle Rio de Janeiro. Le récit de son séjour, qu'il publie en 1578, brosse un saisissant tableau de l'humanité primitive. Anecdotes savoureuses, observations passionnées, rien ne manque à sa description de la vie des Indiens qu'il aura côtoyés neuf mois durant : le milieu, l'existence quotidienne, les relations familiales, les moeurs, les croyances religieuses, les habitudes culinaires, les scènes de guerre, l'anthropophagie... Une oeuvre d'une étonnante modernité.
Préface de Claude Lévi-Strauss.
Edition de Frank Lestringant.
Une version de l'édition de 1637 de la célèbre pièce.
Le tyran Hérode aime et désire passionnément sa femme Mariane. Mais elle se refuse à lui en raison des crimes sanguinaires qu'il a commis dans sa propre famille. Cet amour éperdu enflamme bientôt l'imagination du roi jaloux jusqu'à la folie. Soeur d'Hérode et ennemie jurée de Mariane, Salomé entrevoit le moment favorable pour mener un complot qui précipite l'issue tragique de la pièce.
Né à Clairac en 1590 dans une famille huguenote, Théophile de Viau meurt en 1626. Sa destinée, brève, brillante, dramatique, est à l'image d'une des périodes les plus agitées de l'Histoire de France. D'abord fêté pour le «frisson nouveau» qu'il apporte dans la poésie, il suscite tant de jalousies et de haines qu'il est bientôt l'objet d'attaques assez violentes pour le conduire en prison. Ce qui a causé sa perte, c'est précisément ce qui va sauver son oeuvre de l'oubli : un goût irrépressible de la liberté, une indépendance d'esprit qui le pousse à «penser mal», un amour passionné de la vie et de la beauté. Il faudrait inventer quelque nouveau langage, Prendre un esprit nouveau, penser et dire mieux Que n'ont jamais pensé les hommes et les dieux... L'appel qui s'exprime dans ces vers a tout d'un défi. «Une telle ambition, souligne Jean-Pierre Chauveau dans sa préface, est évidemment inséparable d'une revendication de modernité. Ce que Théophile condamne, c'est l'utilisation d'ornements obligés, c'est l'application aveugle de procédés et le respect frileux de conventions d'école.» Dans la diversité de ses tonalités et de ses thèmes, l'oeuvre entière de Théophile témoigne d'une volonté, téméraire pour l'époque, de rester fidèle à ses convictions et à ses engagements. Envers et contre tout, il entend être lui-même, et cette exigence farouche lui vaut d'être une sorte d'archétype de l'individu insoumis.
Le désordre somptueux d'une passion exotique, éclat d'un météore, selon Mallarmé ; un ange en exil aux yeux d'un bleu pâle inquiétant, pour Verlaine. Un «éveil génial», et c'est Le Bateau ivre, une «puberté perverse et superbe», puis un jeune homme brièvement «ravagé par la littérature», le maître d'une «expression intense» aux sujets inouïs - tout cela dans un mince volume, dû au poète touché, puis déserté, par le génie, «aventure unique dans l'histoire de l'art».
«On va donc lire Chêne et chien (1937), la Petite cosmogonie portative (1950), avec, en supplément, le Chant du Styrène, inédit. L'union des contraires, c'est-à-dire du plus intime - la confession de Chêne et chien a été publiée la même année qu'Odile - et du moins intime, l'universel de la science, ferait-elle l'unité du recueil ? Peut-être. Les deux ouvrages n'ont pas été écrits l'un pour l'autre. Mais en les unissant on les rattache au même genre de la poésie didactique. En un temps où le roman n'avait pas encore droit de cité dans la littérature, Boileau - note Raymond Queneau - en signalant la nouveauté de ces 'poèmes en prose que nous appelons romans'en a par là-même reconnu la nature. C'est rappeler cette nature que de donner à Chêne et chien le sous-titre : roman en vers. D'autre part, l'aventure de la science n'est-elle pas l'épopée de la pensée moderne, une épopée qui mérite d'être traitée en Chants ? Dans cette perspective, si Chêne et chien n'est pas le premier poème didactique pour psychologues, car sans doute devrait-on citer avant lui l'Art d'aimer et les Remèdes d'amour, à coup sûr il est le premier et, je pense, le seul valable, jusqu'ici, à traiter de psychanalyse. Et c'est bouleversant.» Yvon Belaval.
«Ce livre, outre une insomnie, est un voyage. L'insomnie appartient à celui qui a écrit le livre, le voyage à celui qui le fit.» Antonio Tabucchi suggère que ce livre pourrait servir de guide aux amateurs de parcours incongrus. Car il y a certainement quelque chose d'insensé dans la recherche obstinée d'un ami disparu dans une Inde tour à tour inquiétante, hallucinée et fascinante, où l'on croise des devins dans l'autobus, des prostituées de Bombay ou encore des jésuites portugais. Mais de rencontres paradoxales en coïncidences mystérieuses, des chambres d'hôtel miséreuses de Bombay aux luxueux resorts de Goa, une logique singulière se révèle dans l'obscurité de la nuit indienne.
Ce roman d'Antonio Tabucchi, prix Médicis étranger en 1987, adapté au cinéma par Alain Corneau et considéré désormais comme un «classique moderne», est présenté ici dans la nouvelle traduction de Bernard Comment.
Harpagon est l'une des plus grandes créations de Molière. Tout, dans cet homme, respire l'avarice et la décrépitude. Rongé par une maladie de corps, Harpagon l'est aussi par une maladie de l'âme. Ladre, il rogne sur la nourriture et les habits de ses domestiques, sur l'avoine de ses chevaux, sur l'entretien de son fils, obligé d'emprunter à taux usuraire pour vivre, et sur les cadeaux indispensables à sa fiancée. Usurier, il prête à des taux exorbitants, calcule, évalue tous les objets qui l'entourent. Dans cette atmosphère poussiéreuse et sordide, où fusent les mots féroces, le père usurier s'oppose au fils emprunteur. L'avarice détruit l'amour filial, l'amour paternel, l'amour quel qu'il soit. La cassette remplie d'or enterrée dans le jardin est l'âme, le coeur, le souffle même d'Harpagon. Les retrouvailles d'un homme et d'une cassette sont ici le seul hymne à l'amour.
Harpagon n'a qu'une obsession : posséder de l'argent et n'en pas dépenser. Il n'a de cesse de soupçonner son entourage ; il impose à ses enfants des mariages avec des individus qui ont pour qualité d'être fortunés. Mais un jour sa cassette, son magot, son trésor disparaît. Il remuera ciel et terre pour le retrouver.
Dans L'Avare, l'argent est le nerf de la guerre. Il détermine les êtres, qu'ils soient vieux ou jeunes, riches ou sans le sou, avares ou prodigues, et s'insinue au coeur des rapports humains. Cette grande comédie créée en 1668 met en scène un univers où tout n'est que contrats et où tout a un prix : manger, boire, se vêtir, aimer, ne pas mourir ; un monde où les sentiments filiaux sont sapés par le vice pathologique d'un homme qui n'est pas seulement avare, mais aussi convoiteux et paranoïaque. Et le vice a peut-être le dernier mot.
Placé dans une situation sociale comique, amoureux d'une coquette, Alceste voit défiler tous les types humains qu'il réprouve. Molière a enfermé toute une époque dans un salon mondain et fait le portrait d'un milieu où le misanthrope fait figure d'attardé..
« Trahi de toutes parts, accablé d'injustices, Je vais sortir d'un gouffre où triomphent les vices ; Et chercher sur la terre un endroit écarté Où d'être homme d'honneur, on ait la liberté. » Au moment où il quitte la scène, Alceste quitte également le monde auquel il s'est heurté, et le vrai sujet de la comédie est bien la confrontation du misanthrope et de ce milieu mondain qu'il récuse : par philosophie, certainement, mais également par cet esprit chagrin d'atrabilaire qui en fait l'ennemi de toute sociabilité, comme le montre la manière incongrue et bourrue dont il témoigne à Célimène un amour qui prend à rebours les règles de la galanterie.
Cet extravagant est donc certainement ridicule. Mais comment lui reprocher, néanmoins, l'intransigeante pratique des vertus de sincérité, de justice et de droiture ? Parce que Alceste dénonce le monde, c'est bien lui qui permet à Molière, en 1666, de nous en donner une image véritable - jusque dans ses contradictions.
Edition de Claude Bourqui.
Alceste, misanthrope farouche, aime la coquette Célimène. Par sa mauvaise humeur et sa franchise brutale, il détonne dans le salon de sa belle, peuplé de petits marquis frivoles et de poètes amateurs.
Célimène, elle, doit décider si elle renonce à ses nombreux soupirants pour suivre Alceste dans la retraite où il prétend se réfugier. Elle refusera, et Alceste n'aura plus qu'à partir.
On a coutume de voir dans Le Misanthrope la grande comédie classique par excellence, la plus achevée, la plus profonde et la plus fine de Molière.
Violente satire de la société aristocratique du XVIIe siècle, la pièce se présente aussi comme une réflexion sur le jeu social. Quelle attitude faut-il adopter en société ? Faut-il dire ses quatre vérités à tout le monde ou considérer au contraire que l'hypocrisie est un mal nécessaire dans les relations sociales ?
Rastignac est un jeune provincial qui cherche à s'insérer dans la société parisienne. Il lui manque les manières et l'argent. Pour parvenir, il côtoie les femmes du monde, mais reste attaché à son voisin de la pension Vauquer, le père Goriot, vieillard malheureux abandonné de ses filles. Vautrin, forçat évadé, Marsay, politicien ambitieux, et Rubempré, écrivain talentueux, sont animés du même désir de pouvoir. Ils apprennent, chacun à sa manière, les complicités et les alliances indispensables dans une société gouvernée par les intérêts. Seules figures du désintéressement : le père Goriot, vaincu par son amour paternel, et Mme de Beauséant, abandonnée du Tout-Paris.
La passion bout dans cette maison comme dans une cocotte-minute, les pages se tournent toutes seules ; c'est que chaque palier de la pension Vauquer est devenu un étage de ce que Balzac vient de concevoir : La Comédie humaine.