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Le choix de Sophie
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«Une andouille sans cervelle, voilà ce qu'il était. Gustav Mahler était une andouille décérébrée qui risquait le bonheur et la vie de ce qu'il avait de plus cher pour quelques minutes de barbotage.»1911. À cinquante ans, Gustav Mahler est un compositeur adulé et le chef d'orchestre le plus réputé de son temps. Mais dans l'intimité, ce génie caractériel se révèle être un père aussi dévoué que tourmenté, un homme à la santé fragile qui chérit son bonheur et l'amour de son épouse Alma. Au fil de ses souvenirs - sa journée avec Freud, la décennie mouvementée pendant laquelle il a dirigé et réformé l'Opéra de Vienne, son passage désastreux dans l'atelier de Rodin -, ce roman restitue le coeur battant de la vie de l'un des derniers prodiges de la musique.
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Le citadin est un petit bulletin périodique, clandestin, fait-main, qui paraît «subrepticement, de temps à autres, dans le XXème arrondissement de Paris» entre 1997 et 2010. Pendant plus de dix ans, Jacques Réda s'amuse à façonner et composer artisanalement les matrices manuscrites de chaque numéro, les tirant à quelques dizaines d'exemplaires et les distribuant à son entourage d'amis poètes, peintres et écrivains. Entre folie fictive et références au réel, ces feuilles confidentielles accueillent poèmes, récits, articles, reportages, chroniques locales, critiques littéraires, gastronomiques et autres. Chaque témoignage de la vie parisienne s'élabore d'un humour subtil et d'une plume que l'on sait terriblement érudite. Celle d'un promeneur qui, en espace urbain comme champêtre et face à l'époque traversée, a su rester attentif aux détails du quotidien, là où la poésie s'insinue. De cette trentaine de numéros, une oeuvre de plus de six cents pages voit le jour.
Réservées à quelques proches et inédites jusqu'ici, notre édition les reproduit intégralement en un fac-similé historique, imprimé sur papiers de couleurs. -
Le pickpocket des Champs-Elysées
Jean-hubert Gailliot
- Éditions de l'Olivier
- 10 Mars 2023
- 9782823620429
Été 1969. Skip tourne les pages du journal et s'arrête sur une annonce : « Perdu 16 juillet après-midi quartier Champs-Élysées, anneau argent avec inscription : Katerine-6-5-9. Forte récompense. Répondre au journal qui transmettra ».
Pas besoin de vérifier dans sa poche intérieure, cette alliance, il l'a subtilisée. Il avait flairé le bon coup, avait été déçu de ne pas trouver de portefeuille ou de montre. L'alliance, elle, était venue toute seule bien que cette manipulation soit parmi les plus difficiles pour un pickpocket. Skip pourrait obtenir un beau pactole en la restituant mais prend peur quand il s'aperçoit qu'il a détroussé Grégoire Molyneux, un caïd des affaires et de la finance. Et Katerine, quel genre d'épouse est-elle ? Skip d'ordinaire se contente de croiser ses victimes, il ne les suit pas. C'est pourtant ce qu'il fait en emboîtant le pas de Katerine. En épiant les Molyneux, il dérobe désormais une partie de leur vie. Quitte à révéler la sienne.
Le sens de l'observation est essentiel quand on est pickpocket. Jean-Hubert Gailliot le possède aussi, au plus haut degré, en recréant de manière frappante l'ambiance du Paris de la fin des années 1960. Mêlant roman noir et étude de moeurs, il fait se croiser deux mondes qui habituellement ne se mélangent pas, celui des bourgeois et celui des voyous. -
L'Établi, ce titre désigne d'abord les quelques centaines de militants intellectuels qui, à partir de 1967, s'embauchaient, «s'établissaient» dans les usines ou les docks. Celui qui parle, ici a passé une année, comme O S. 2, dans l'usine Citroën de la porte de Choisy. Il raconte la chaîne, les méthodes de surveillance et de répression, il raconte aussi la résistance et la grève. Il raconte ce que c'est, pour un Français ou un immigré, d'être ouvrier dans une grande entreprise parisienne.
Mais L'Établi, c'est aussi la table de travail bricolée où un vieil ouvrier retouche les portières irrégulières ou bosselées avant qu'elles passent au montage.
Ce double sens reflète le thème du livre, le rapport que les hommes entretiennent entre eux par l'intermédiaire des objets : ce que Marx appelait les rapports de production -
Je voudrais raconter les éditions de Minuit telles que je les voyais enfant. Et aussi mon père, Jérôme Lindon, comme je le voyais et l'aimais. Y a-t-il des archives pour ça? Et comment être une archive de l'enfant que j'ai été?
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«Mon goût pour les situations compliquées, pour les histoires tordues, si j'étais bien incapable de dire d'où il me venait, je pouvais au moins l'assumer, peut-être le revendiquer.» À vingt-cinq ans, Aymeric essaie de renouer avec le monde extérieur après une rupture amoureuse et un séjour en prison. Florence en a quarante, elle est célibataire et enceinte de six mois. À la naissance de Jim, ils forment tous les trois une famille heureuse et unie, entre vastes combes et forêts d'épicéas. Bien qu'il prétende l'aimer comme un fils, Aymeric pourra-t-il devenir le père d'un enfant qui n'est pas le sien ?
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«Sur le boulevard Voltaire, il y a des constructions, des actions, des objets, lacrymos, baïonnettes, banderoles, canons, mégaphones, affiches, choses, bidules, films, flippers, clous, enseignes, foulards, tracts, drapeaux, guillotines, huîtres, autobus, et surtout des femmes et des hommes, cantinières, rapatriés, maraîchers, gardes, casquettiers, patrons, ébénistes, déportés, charpentiers, blanchisseuses, plombiers, empereurs, enfants, institutrices, poètes, rois, soldats, policiers, pompiers, concierges, fous, couturières, grisettes, artisans, otages, fusillés, ouvriers, ivrognes, et même des lions.»Pour écrire leurs histoires, Michèle Audin s'est arrêtée à quatorze adresses du boulevard. Lieux de drames, de révoltes, et également de souvenirs personnels et intimes dont elle retrouve, par le travail de l'écriture, l'impalpable intensité.Autre traversée, ce récit est suivi de trente-cinq poèmes, chacun consacré à un des ponts qui permettent de franchir la Seine à Paris.
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Les ravissements
Jan Carson
- Sabine Wespieser Éditeur
- Litterature Etrangere
- 5 Janvier 2023
- 9782848054681
Dans sa classe de onze enfants, Hannah se sent exclue de tout : ses parents, fondamentalistes protestants, ne l'autorisent à se rendre ni au cinéma, ni aux fêtes d'anniversaire et pas non plus à la sortie de fin d'année. Ce 25 juin 1993 est le dernier jour d'école et, malgré les Troubles qui semblent ne jamais vouloir finir, tous rêvent d'un été insouciant.
Mais une inquiétude d'une autre espèce s'installe à Ballylack, localité imaginaire d'Irlande du Nord qui n'est pas sans rappeler Ballymena, où est née l'auteure : Ross, un condisciple d'Hannah, meurt d'un mal inconnu et mystérieux, bientôt suivi par Kathleen. Parce que les deux premières victimes étaient de faible constitution, la communauté tente de se rassurer. Mais, quand les camarades d'Hannah disparaissent les uns après les autres, la panique s'installe. Ballylack est envahie par des équipes scientifiques chargées de découvrir l'origine de cette épidémie ne frappant que les enfants, devenue une affaire nationale. Et, bien sûr, des hordes de journalistes leur emboîtent le pas.
Hannah n'est atteinte d'aucun symptôme. Mais elle vit une expérience qu'il lui est impossible de confier à quiconque : un à un, les fantômes de ses amis viennent la hanter.
Si Jan Carson, grande amatrice de réalisme magique, embarque son lecteur dans des situations où tout peut arriver, c'est avec une scrupuleuse précision et une ironie mordante qu'elle scrute les effets de la crise sur les habitants du bourg. Maîtresse dans l'art du récit, elle met à nu ses personnages, notamment les parents des petites victimes, dont elle construit des portraits formidables de véracité et d'énergie. -
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Il existe à New York une rue au nom évocateur : Division Avenue. Elle se situe dans une partie spécifique de Brooklyn, le quartier juif orthodoxe. C'est là que vit Surie Eckstein, qui peut s'enorgueillir d'avoir vécu une vie bien remplie : mère de dix enfants, elle passe des jours tranquilles avec sa famille. Alors qu'elle pensait être ménopausée, Surie découvre qu'elle est enceinte. C'est un choc. Une grossesse à son âge, et c'est l'ordre du monde qui semble être bouleversé. Surie décide de taire la nouvelle, quitte à mentir à sa famille et à sa communauté. Ce faisant, Surie doit affronter le souvenir de son fils Lipa, lequel avait - lui aussi - gardé le silence sur une part de sa vie. Un secret peut avoir de multiples répercussions ; il permettra peut-être à Surie de se réconcilier avec certains pans de son passé.
Avec Division Avenue, Goldie Goldbloom trace le portrait empathique, tendre et saisissant d'une femme à un moment charnière de son existence. Et nous livre un roman teinté d'humour où l'émancipation se fait discrète mais pas moins puissante. -
Si tu perds, c'est que tu ne voulais pas vraiment gagner.
Eddie Felson est une énigme. On rapporte des parties de billard extraordinaires, un joueur au talent incroyable. Seulement, personne ne l'a jamais vu tirer. Le bruit court qu'il veut s'attaquer à Chicago, mais ses faits d'armes sont remis en question par Grand John, vétéran de l'académie Bennington. Pour lui, Fast Eddie n'est qu'un arriviste imbu de lui-même, un roublard qui n'a pas la moindre chance contre des légendes comme Minnesota Fats, peut-être moins doué qu'Eddie mais bien plus expérimenté. De toute façon, les arnaques auxquelles se livre Eddie vont forcément lui jouer de mauvais tours. -
L'histoire judiciaire qui forme l'intrigue principale de ce gros roman est en elle-même passionnante car elle est l'occasion pour l'auteur de décrire à la fois le système juridique typiquement anglais de la propriété foncière mais aussi les mÅ«urs de la classe moyenne des campagnes au XIXe siècle. Dans la pure tradition du roman victorien, cette intrigue principale est doublée voire triplée d'histoires annexes, surtout d'amour, qui sont l'occasion pour l'auteur de dresser des portraits d'une étonnante modernité de personnages secondaires parfois hauts en couleur. Anthony Trollope, sans doute l'un des trois plus grands écrivains de l'époque victorienne, est en tous cas le plus prolixe. Il a connu un immense succès au cours de sa vie et continue, cent cinquante ans plus tard, à fasciner et séduire de nombreux lecteurs à travers le monde. Cette traduction en français est inédite en livre : anonyme, elle a paru en feuilletons dans les années 1860 dans la Revue nationale et étrangère.
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À sept kilomètres de Smiljevo, haut dans les montagnes, dans un hameau à l'abandon, vivent Jozo Aspic et ses quatre fils. Leur petite communauté aux habitudes sanitaires, alimentaires et sociologiques discutables n'admet ni l'État ni les fondements de la civilisation, jusqu'à ce que le fils aîné, Krešimir, en vienne à l'idée saugrenue de se trouver une femme.
Bientôt, il devient clair que la recherche d'une épouse est encore plus difficile et hasardeuse que la lutte quotidienne des Aspic pour la sauvegarde de leur autarcie.
La quête amoureuse du fils aîné des Aspic fait de ce road movie littéraire une comédie hilarante, où les coups de théâtre s'associent pour accomplir un miracle à la combe aux Aspics. -
Le lieutenant kije / une majeste en cire / l'adolescent-miracle
Iouri Tynianov
- Gallimard
- L'imaginaire
- 22 Avril 1983
- 9782070258581
Pendant le règne de l'empereur russe Paul I??, à la fin du XVIII? siècle, un scribe distrait transcrit un ordre de façon erronée. À la suite de cette erreur, un certain lieutenant «Kijé» est promu. Seule difficulté : ce lieutenant n'existe pas.À partir d'un fait divers et dans une allusion à peine cachée à la jeune Union soviétique de Staline, Iouri Tynianov fait le récit de la carrière mouvementée d'un fantôme ou se trouvent mêlés vérité et invention, bureaucratie et surréalisme. Un texte mémorable, précédé d'Une majesté en cire, autour de la figure de Pierre le Grand, et suivi de L'adolescent - miracle, une nouvelle satirique du temps de NicolasI??.
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Après la Russie
Marina Tsvétaïéva
- Rivages
- Rivages Poche ; Petite Bibliothèque
- 19 Avril 2023
- 9782743659776
La voix de Tsvétaïéva résonnait de quelque chose d'inconnu et d'effrayant pour l'oreille russe : l'inadmissibilité du monde. Ce n'était pas une réaction de révolutionnaire ou de progressiste revendiquant des améliorations, pas plus qu'un conservatisme ou un snobisme d'aristocrate qui se souvient des jours meilleurs. Sur le plan du contenu, il s'agissait de la tragédie de l'existence en général, indépendamment de son contexte temporel. Sur le plan du son, il s'agissait d'une aspiration de la voix à la seule direction qui lui était possible : vers le haut. De la même façon que l'âme aspire à sa source. (Joseph Brodsky)
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Victime d'inceste, Niki de Saint Phalle révèle un terrible secret enfoui pendant plusieurs décennies. Dans ce court récit écrit à la main, c'est la parole intime de l'une des plus grandes artistes plasticiennes du XXe siècle et « le cri désespéré de la petite fille » qui s'expriment. À l'âge de 64 ans, l'artiste entame ce texte rédigé sous forme de lettre adressée à sa fille Laura. Elle y raconte l'indicible avec des mots simples et poignants. Initialement publié aux éditions de la Différence en 1994. Le livre était introuvable. Cette nouvelle édition est donc très attendue.
« J'ai écrit ce livre d'abord pour moi-même, pour tenter de me délivrer enfin de ce drame qui a joué un rôle si déterminant dans ma vie. Je suis une rescapée de la mort, j'avais besoin de laisser la petite fille en moi parler enfin. Mon texte est le cri désespéré de la petite fille. » N.S.P. -
À l'occasion de l'exposition du sculpteur Ron Mueck en juin 2023, la Fondation Cartier publie une version augmentée du catalogue raisonné de l'oeuvre de l'artiste publié pour la première fois en 2013. Cet ouvrage de référence présente l'ensemble des sculptures créées par Ron Mueck depuis ses débuts en 1996 à travers de nombreuses photographies et des documents inédits. Des notes de l'artiste, des vues de studio, des dessins préparatoires et des photographies de maquettes permettent au lecteur de découvrir le processus de création de Ron Mueck et d'entrer dans l'intimité de son travail. Des contributions du critique d'art Justin Paton et des historiens de l'art Robert Rosenblum et Robert Storr, ainsi que du philosophe Peter Sloterdijk explorent les thèmes majeurs qui sous-tendent son art.