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Littérature étrangère
Lumineuse peinture des relations humaines au coeur des années 1960, Les Frères K nous emporte avec tendresse dans la famille Chance. Entre un père aux rêves brisés et une mère obsédée par la religion, entre sirènes de la liberté et fanatisme, chaque enfant doit choisir sa propre manière d'appréhender un monde plein de contradictions. Drôle, émouvante et superbement écrite, l'histoire de ces deux décennies d'amour, de colère et de regrets contée par David James Duncan est aussi frappante d'originalité que poignante d'universalité. oeuvre solaire qui nous accueille à bras ouverts et dans laquelle on se réfugie pour retrouver délicatesse et humanité, Les Frères K est une ode à la bonté capable d'adoucir les instants du quotidien et d'en révèler ses éclats éblouissants.
Quelques années après un été traumatique, Jack arrive au Kingfisher Lodge comme guide de pêche à la mouche auprès de riches & célèbres qui fuient la réalité morose d'une Amérique covidée dans les paysages sublimes du Colorado. Outre que la rivière fourmille de truites multicolores, Alison K., la cliente qu'on lui confie, est irrésistible. Mais la menace et le danger viennent vite assombrir la parenthèse enchantée.
Dans la droite ligne de "La Rivière", au sommet de son art du détournement des genres littéraires, Peter Heller renouvelle et enrichit encore son inimitable mix de suspense et de poésie.
Lionel Shriver met toute son ironie, son acuité et sa tendresse dans cette nouvelle bombe de provocation. Hilarante et touchante, une oeuvre explosive doublée d'une réflexion mordante sur notre rapport à la vieillesse et sur l'art délicat de préparer sa sortie.
Pendant dix ans, Kay a assisté son père atteint de la maladie d'Alzheimer. À la mort de ce dernier, le soulagement l'emporte sur la tristesse et une question surgit : comment gérer sa propre fin de vie ?
Une discussion avec son mari Cyril, quelques verres de vin et les voici qui en viennent à nouer un pacte. Certes, ils n'ont que cinquante ans, sont en bonne santé et comptent bien profiter encore de leurs proches, mais pas question de faire peser sur ceux-ci et sur la société leur inéluctable déliquescence. C'est décidé, le jour de leurs quatre-vingts ans, Kay et Cyril partiront ensemble.
Le temps passe et voici qu'arrive la date fatidique.
Une date, douze possibilités et une conclusion : dans la vie, tout est à prendre ou à laisser...
«Dans ces pages, je réunis des histoires extrêmes de parents et d'enfants. J'en suis à moitié étranger : n'étant pas père, je suis resté nécessairement fils.» Autour de ce sujet très personnel de la filiation, devenu avec le temps un motif récurrent de son oeuvre littéraire, Erri De Luca compose un thème et des variations pleins de finesse. On y croise de jeunes vagabonds napolitains, la fille d'un nazi en cavale, la jeunesse révoltée de Mai 68 ou encore le directeur d'un orphelinat de Varsovie.Erri De Luca mêle dans ces récits l'intime à l'universel, et pose un regard riche et même poétique sur les rapports entre parents et enfants.
Que reste-t-il du lien que deux soeurs ont su tisser au milieu de l'enfance explosée, quand leurs parents se séparèrent et s'absentèrent ? Ce lien est celui de Maddi et Nina, la cadette, soeur intense, soeur jaillissante. Au côté de l'écorchée vive, Maddi a su se faire une carapace d'intelligence pour se retirer et observer la vie sans jamais trop s'y exposer.
Mais, longtemps après, lorsqu'elle décide de laisser un temps sa maison parisienne, ses deux enfants et son couple forteresse-tendresse, pour revenir sur les lieux de son enfance, Maddi sent que sa carapace se fendille et qu'un équilibre menace de se rompre. Tout le passé resurgit, les lumières déchirantes de Rome, Mylène la gouvernante athlétique, les espérances, les leçons, les duretés et ce lien avec Nina plus fort que l'amour.
Que faire alors d'une carapace ? de deux ? Et les carapaces vieillissent-elles ? N'interdisent-elles pas les caresses ? Et puis, apportent-elles la paix ? Parce qu'il est le roman des soeurs, Sous ma carapace est celui des femmes dans le temps des fidélités.
En vacances à Majorque, la fille de Melchor, devenue une adolescente rebelle, est retenue prisonnière dans la villa d'un magnat de la com, réputé pour fournir à ses amis une large palette de "chair fraîche". Javier Cercas disait récemment dans un entretien que "l'antidote à l'injustice, c'est la solidarité et l'amour". Il le démontre ici dans un thriller révolté qui dénonce l'intolérable impunité des puissants et interroge la valeur des héros "ordinaires".
« Un homme sans moustache est un homme sans âme », écrivait Confucius.
L'arrière-pays dalmate, son maquis, sa pierraille et son village, Smiljevo, avec ses deux mille habitants, son auberge, son église, son école primaire, son bureau de poste et ses deux épiceries. On y trouve une veuve joyeuse, un prêtre timide, alcoolique repenti, un épicier amateur de feuilletons mexicains, un général de l'armée croate, un émigré ayant fait fortune en Allemagne, un ivrogne, un poète haïku incompris, un ministre de la Défense et bien d'autres personnages hauts en couleur. Tout au long de ce roman d'amour hilarant, on découvre une population archaïque, obtuse, amoureuse d'agneaux à la broche, mais excessivement touchante dans son humanité. Ce premier roman d'Ante Tomic, douce satire de l'Église, de l'État et du machisme, aura lancé la carrière de l'auteur de Miracle à la Combe aux Aspics.
Ancien documentaliste, le narrateur passe son temps à découper des articles de presse qu'il archive dans sa cave - tous soigneusement rangés dans des dossiers. L'un d'entre eux est dédié à Franziska, alias Fabienne, une ex-chanteuse de variétés à succès. Il ne pèse pas moins de deux kilos, un poids à la mesure de l'amour que le narrateur lui porte depuis l'enfance. Ils se sont connus sur les bancs de l'école et ont même été de proches amis. Le temps passant, ils se sont perdus de vue. Mais un jour, le narrateur décide de reprendre contact avec elle et, après s'être procuré son adresse mail, lui envoie un message.
Avec humour et tendresse, la voix du narrateur se déploie ici pour déjouer les codes du roman sentimental, et nous conter une histoire d'amour singulière. Est-il possible de conserver intacts les sentiments pour l'être aimé, de les mettre à l'abri du temps comme on classe un dossier ? La réponse à ces questions ne manque ni de charme ni de poésie.
« Sur cinq cents pages László Krasznahorkai entremêle les voix d'une multitude de narrateurs pour nous raconter les quelques semaines d'une petite ville hongroise près de la frontière avec la Roumanie. Par un véritable feu d'artifice d'inventivité, jouant sur les registres de langue autant que sur les thèmes (allant de la comédie burlesque et absurde au drame le plus pathétique), Krasznahorkai se livre à une critique féroce de la Hongrie contemporaine : un pays ébranlé par le délabrement politique et économique, un pays éthiquement malade. Derrière la façade comique du retour manqué du baron, c'est un monde morbide qui se fait jour. Un monde en proie au chaos dans lequel les personnages tournent en rond, perdus et errants et une sourde inquiétude, ponctuée par les klaxons d'un groupe de motos, gagne peu à peu le lecteur. »
Los Angeles, 1981. Bret, dix-sept ans, plongé dans l'écriture de Moins que zéro, entre en terminale au lycée privé de Buckley. Avec Thom, Susan et Debbie, sa petite amie, il expérimente les rites de passage à l'âge adulte : alcool, drogue, sexe et jeux de dupes.
L'arrivée d'un nouvel élève fait voler leurs mensonges en éclats. Beau, charismatique, Robert Mallory a un secret. Et ce secret pourrait le lier au Trawler, un tueur en série qui sévit dans les parages. Terrorisé par toutes sortes d'obsessions, Bret se met à suivre Robert. Mais peut-il se fier à son imagination paranoïaque pour affronter un danger menaçant ses amis et lui-même, et peut-être la ville et le pays entier ?
Dans White, son livre précédent, Ellis écrivait : « Je grandissais au pied des collines de Sherman Oaks, mais juste au-dessous s'étendait la zone grisâtre du dysfonctionnement extrême. Je l'ai perçu à un âge très précoce et je m'en suis détourné en comprenant une chose : j'étais seul. » Les Éclats est le roman de ce détournement et de cette solitude.
Le corps d'une jeune fille abandonné dans la neige, l'épave d'un avion échoué au fond des eaux, un homme en fuite. Autant d'images qui illuminent le nouveau roman de Cormac McCarthy. Des rues de La Nouvelle-Orléans aux plages d'Ibiza, son héros, Bobby Western, conjugue sa mélancolie à tous les temps.
Cet homme d'action est aussi un mathématicien et un physicien, deux disciplines qu'il a abandonnées après la mort de sa soeur Alicia, disparue mystérieusement dix ans plus tôt. Hanté par la culpabilité, Western trouvera-t-il enfin le repos ?
Roman noir, histoire d'une passion, Le Passager est aussi une parabole sur le déracinement de l'homme moderne.
À quatre-vingt-dix ans, Cormac McCarthy nous surprend une fois de plus par son audace. Entre une conversation sur la physique quantique, un traité de la solitude et la description d'une tempête dans le golfe du Mexique, il se joue des conventions et demeure l'un des romanciers les plus singuliers de notre époque.
À la mort de son épouse Birgit, Kaspar découvre un pan de sa vie qu'il avait toujours ignoré : avant de quitter la RDA pour passer à l'Ouest en 1965, Birgit avait abandonné un bébé à la naissance.Intrigué, Kaspar ferme sa librairie à Berlin et part à la recherche de cette belle-fille inconnue. Son enquête le conduit jusqu'à Svenja, qui mène une tout autre vie que lui : restée en Allemagne de l'Est, elle a épousé un néo-nazi et élevé dans cette doctrine une fille nommée Sigrun.Kaspar serait prêt à voir en elles les membres d'une nouvelle famille. Mais leurs différences idéologiques font obstacle : comment comprendre qu'une adolescente, par ailleurs intelligente, puisse soutenir des théories complotistes et racistes ? Comment l'amour peut-il naître dans ce climat de méfiance et de haine ?Cette rencontre contrariée entre un grand-père et sa petite-fille nous entraîne dans un passionnant voyage politique à travers l'histoire et les territoires allemands. Plus de vingt-cinq ans après Le liseur, Bernhard Schlink offre de nouveau un grand roman sur l'Allemagne qui sonde puissamment la place du passé dans le présent, et nous interroge sur ce qui peut unir ou séparer les êtres.
Les Belles de nuit fut interdit pour sa supposée obscénité et étrillé par la critique. Il s'agit donc aujourd'hui de réparer une injustice et de saluer la lucidité de Jim Tully, l'ancien trimardeur qui préférait l'école de la vie aux leçons de morale.
Leora Blair, une ravissante jeune fi lle de l'Ohio, issue d'une famille modeste, décide de se prostituer pour fuir son milieu et s'élever au-dessus de sa condition. Elle est engagée à Chicago par Madame Rosenbloom, la propriétaire d'une maison close, dont les clients sont des hommes politiques, des magistrats, toutes sortes de notables et de grands voyous... À leur contact et à celui des autres filles, Leora ouvre les yeux sur le monde corrompu dans lequel elle vit. Comme souvent chez Tully, le récit prend la forme d'une mosaïque d'histoires, ce qui nous permet de suivre aussi le parcours de Madame Rosenbloom, de son protecteur haut placé et de quelques " fi lles de la maison ".
Dans ce roman, Tully s'intéresse moins aux activités sexuelles des prostituées qu'à leurs trajectoires personnelles. Il leur donne la parole comme peu d'écrivains avaient osé le faire avant lui. Raconter une histoire dans laquelle des femmes - ni anges, ni démons - s'affranchissent par la prostitution, c'était évidemment briser un tabou dans l'Amérique puritaine des années 1930. Belles de nuit fut interdit pour sa supposée obscénité et étrillé par la critique. Il s'agit donc aujourd'hui de réparer une injustice et de saluer la lucidité de Jim Tully, l'ancien trimardeur qui préférait l'école de la vie aux leçons de morale. Tully se mettait à hauteur des parias, des exclus, des exploités, des marginaux, des inadaptés, des victimes de la société. Il ne prêchait pas, ne militait pas, mais n'avait pas son pareil pour les écouter et restituer leurs histoires dans leur rude et naïve simplicité.
D'où viennent les histoires ? C'est la question que se pose la narratrice, une écrivaine et universitaire. Pour y répondre, elle se remémore plusieurs épisodes de sa vie, nous invitant à la suivre à Moscou pendant ses études, au Japon dans les sanctuaires d'Inari, au coeur des champs de mines du centre de la Croatie, sur la rive sud du Grand Canyon - en compagnie d'un certain Nabokov - ou encore dans un quartier délabré de Londres. À travers ces voyages, elle file le motif fascinant de la Renarde, démone virtuose de l'illusionnisme dans les mythologies asiatiques, érigée par certains en animal totem échu aux écrivains. Ce récit introspectif est ponctué d'anecdotes picaresques sur des figures du canon littéraire russe.
En se demandant ainsi comment naissent les récits, une nouvelle histoire est née. La Renarde est un texte vigoureux, enjoué, insaisissable et virtuose : une réflexion sur la figure de l'auteur et les oubliés de la canonisation littéraire.
«Le monde magnifique et horrible de Mariana Enriquez, tel qu'on l'entrevoit dans Les Dangers de fumer au lit, avec ses adolescents détraqués, ses fantômes, les miséreux tristes et furieux de l'Argentine moderne, est la découverte la plus excitante que j'ai faite en littérature depuis longtemps».
Kazuo Ishiguro, Prix Nobel de littérature.
Peuplées d'adolescentes rebelles, d'étranges sorcières, de fantômes à la dérive et de femmes affamées, les douze histoires qui composent ce recueil manient avec brio les codes de l'horreur, tout en apportant au genre une voix radicalement moderne et poétique. Si elle fait preuve d'une grande tendresse envers ses personnages, souvent féminins, des êtres qui souffrent, qui ont peur, qui sont opprimés, Mariana Enriquez scrute les abîmes les plus profonds de l'âme humaine, explorant de son écriture à l'extraordinaire pouvoir évocateur les voies les plus souterraines de la sexualité, du fanatisme, des obsessions.
« Assemblage est un livre hors du commun. Natasha Brown manie le langage comme une arme et frappe, encore et encore, avec une élégance dévastatrice. » The Times Découvrir l'âge adulte en pleine crise économique. Rester serviable dans un monde brutal et hostile. Sortir, étudier à Oxbridge, débuter une carrière. Faire tout ce qu'il faut, comme il faut. Acheter un appartement. Acheter des oeuvres d'art. Acheter du bonheur. Et surtout, baisser les yeux. Rester discrète. Continuer comme si de rien n'était.La narratrice d'Assemblage est une femme britannique noire. Elle se prépare à assister à une somptueuse garden-party dans la propriété familiale de son petit ami, située au coeur de la campagne anglaise. C'est l'occasion pour elle d'examiner toutes les facettes de sa personnalité qu'elle a soigneusement assemblées pour passer inaperçue. Mais alors que les minutes défilent et que son avenir semble se dessiner malgré elle, une question la saisit : est-il encore temps de tout recommencer ?
Le premier roman de Natasha Brown a été une véritable déflagration dans le paysage littéraire britannique. « Virtuose » (the Guardian), « tranchant comme un diamant » (The Observer), Assemblage raconte le destin d'une jeune femme et son combat intime pour la liberté.
Traduit de l'anglais par Jakuta Alikavazovic
Visionnaire lors de sa parution en 2001, ce recueil de nouvelles d'Olga Tokarczuk n'a rien perdu de son mordant, ni de sa pertinente actualité. Avec une espièglerie qui rappelle Nabokov, la romancière polonaise nous dévoile un quotidien truffé de portes secrètes, de miroirs traversés et d'autres distorsions de l'espace et du temps. Une année à Berlin, un séjour au Mont-Noir, un mois de résidence en Écosse, sont le point de départ de plusieurs de ces nouvelles, et l'on verra que l'anodin d'une bourse d'écriture peut conduire aux paradoxes les plus fous.
Comment les gens se comportent-ils lorsque se brouillent les frontières entre fiction et réalité ? Un écrivain surprend un matin, assis à sa table, un double de lui-même qui corrige tranquillement son dernier manuscrit... Une lectrice de romans policiers trouve le moyen d'intervenir dans l'intrigue, beaucoup trop molle, du mauvais polar qu'elle a commencé... et les morts, soudain, vont se multiplier. En séjour à Berlin, une femme d'âge moyen s'étonne de devenir quelconque dans le maelstrom de la grande ville, avant de goûter au plaisir de pouvoir être n'importe qui : tour à tour une Turque voilée, un homme d'affaires, une petite fan de Britney Spears...
Dotant un professeur de philo d'un stoïcisme féroce et joyeux, Fernando Aramburu donne à voir les vicissitudes d'un homme, apparemment sans qualités, qui entend mettre un terme à cette comédie tragique qu'est la vie. Pendant 365 jours, il consigne invariablement et sans filtre aucun les faits saillants de son existence : les rêves débridés et les petites misères d'un homme un peu dépassé par la marche du monde mais à la mauvaise foi inébranlable !
Sublime roman [...] Harlem Shuffle est un page turner comme Colson Whitehead sait si bien en faire. Livres HebdoPetites arnaques, embrouilles et lutte des classes... La fresque irrésistible du Harlem des années 1960.Époux aimant, père de famille attentionné et fils d'un homme de main lié à la pègre locale, Ray Carney, vendeur de meubles et d'électroménager à New York sur la 125e Rue, « n'est pas un voyou, tout juste un peu filou ». Jusqu'à ce que son cousin lui propose de cambrioler le célèbre Hôtel Theresa, surnommé le Waldorf de Harlem...Chink Montague, habile à manier le coupe-chou, Pepper, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, Miami Joe, gangster tout de violet vêtu, et autres flics véreux ou pornographes pyromanes composent le paysage de ce roman féroce et drôle. Mais son personnage principal est Harlem, haut lieu de la lutte pour les droits civiques, où la mort d'un adolescent noir, abattu par un policier blanc, déclencha en 1964 des émeutes préfigurant celles qui ont eu lieu à la mort de George Floyd.Avec Harlem Shuffle, qui revendique l'héritage de Chester Himes et Donald Westlake, Colson Whitehead se réinvente une fois encore en détournant les codes du roman noir. C'est vivant, bruyant, caracolant. C'est Whitehead. L'Obs Un réjouissant tourbillon [...] Une belle leçon d'histoire et d'humanité en mode thriller. Les Echos
Invitée à s'exprimer dans le cadre d'un cours magistral à l'université de Bologne, Elena Ferrante nous ouvre les coulisses de son activité de romancière.Au fil des textes, elle revisite l'écolière qu'elle était, se confifie sur les livres qui lui ont inspiré sa saga mondialement connue L'amie prodigieuse, ou encore s'interroge sur l'écriture féminine et son rapport au dialecte napolitain.Cet ouvrage met en lumière une nouvelle facette d'Elena Ferrante, qui, tout en questionnant son oeuvre et ses inspirations, révèle un esprit insoumis, avide de tester les limites et même de les dépasser.
Les six enfants d'Ingleside grandissent sous l'oeil bienveillant de leur mère Anne, qui saura les réconforter, les encourager, mais aussi rire de leurs espiègleries. La Vallée arc-en-ciel est le terrain de toutes les explorations, et qui de mieux comme compagnons de jeu que cinq petits brigands récemment installés à Glen St Mary ? Voici le septième volume des aventures d'Anne Shirley !
Edition établie et présentée par René de Ceccatty.
Ce volume regroupe quatre des plus grands et plus célèbres romans d'Alberto Moravia, qui témoignent de la force de l'imaginaire et du talent de portraitiste, habile à créer des archétypes, auxquels il dut sa gloire, tant dans le registre politique, historique et social que dans la tonalité intimiste et même psychanalytique.
Il était temps que le plus grand romancier italien, celui qui a acquis à travers le monde une notoriété exceptionnelle, par ses fictions romanesques, son art de la nouvelle, son esprit d'observation de la société et de la politique mondiale, ses récits de voyage figure en bonne place parmi les grands auteurs de Bouquins, "La collection".
Nous avons choisi, dans la grande période créatrice (1947-1957) d'Alberto Moravia, quatre romans représentatifs de son imaginaire, nourri de son expérience autobiographique : La Belle Romaine, La Désobéissance, Le Conformiste et La Ciociara. Il s'agit de quatre portraits (deux femmes et deux hommes) qui appartiennent désormais pleinement à la légende de l'écrivain.
Dans La Belle Romaine, Alberto Moravia s'est souvenu d'une jeune prostituée qu'il avait rencontrée avant la guerre et qui exerçait avec l'assentiment et l'aide de sa mère. En décrivant sa vie, Alberto Moravia dresse un tableau de toutes les classes de la société auxquelles ses clients appartiennent. Et à travers la diversité de la sexualité humaine, le romancier approfondit sa connaissance et ses analyses du comportement des hommes, dans la période fasciste et dans la confusion de l'après-guerre. Dans La Désobéissance, Moravia laisse s'exprimer sa veine intimiste et offre une sorte de " fausse autobiographie ", en imaginant un enfant qui pourrait être son double et qui exprime tous les élans de révolte qui l'ont animé jusque dans l'âge adulte. Dans Le Conformiste, que le film de Bernardo Bertolucci, une vingtaine d'années plus tard, devait rendre célèbre, l'écrivain donne de la tragédie de ses cousins résistants Rosselli, victimes des services secrets fascistes, une version transfigurée, en refusant tout manichéisme et en tentant cependant de comprendre les mobiles du mal et de la perversion. Inventant un personnage ambigu de fasciste, il pénètre dans le labyrinthe de la genèse de la trahison, du meurtre, de la persécution. Enfin, avec La Ciociara, qu'un autre film rendit populaire (grâce au double génie de Vittorio De Sica son réalisateur et de Sophia Loren qui incarna la protagoniste), Moravia raconte " sa guerre ", dans le sud du Latium, où fuyant avec sa femme Elsa Morante les persécutions raciales, il découvrit tout un monde paysan arriéré, mais aussi généreux. Plutôt que de proposer un récit autobiographique, il modèle un nouveau personnage féminin de femme simple, fuyant avec sa fille, et se heurtant à une tragédie sans visage et sans nom.
Ce volume propose la «trilogie du travail» formée par En un combat douteux (1936), Des souris et des hommes (1937) et Les Raisins de la colère (1939), ainsi qu'À l'est d'Éden (1952), roman de la maturité. Le fil conducteur des trois premiers livres, c'est la réaction de l'individu à la pression du groupe. En un combat douteux, qui prône l'action collective, revêt une dimension épique. Des souris et des hommes traduit, par la simplicité de son intrigue et ses ressorts dramatiques, la dimension tragique d'une humanité abandonnée à la fragilité de ses rêves. Les Raisins de la colère, grand roman de la route, entremêle le destin de la famille Joad et des chapitres «collectifs» qui élargissent la perspective à l'ensemble du «peuple». À l'est d'Éden enfin donne corps à l'imaginaire familial de Steinbeck et illustre la faculté de l'homme à choisir son destin. S'y mêlent souvenirs intimes et éléments allégoriques et historiques ; le bien et le mal s'y livrent une lutte placée sous le signe de Caïn.En s'inspirant de thèmes et de fi gures bibliques, Steinbeck participe à l'écriture du mythe américain, y compris dans ses aspects les plus désespérés. Marqués au fer rouge par la Grande Dépression, ses personnages, laissés-pour-compte du rêve américain, sont des victimes de la modernité en marche. Dans des dialogues d'une grande virtuosité, le romancier fait entendre la crudité de leur langue (ce qui choqua ses contemporains) et leur confère une présence véritablement poétique. Quant aux analyses écologiques, économiques et sociales qui sous-tendent ses livres, elles demeurent troublantes d'actualité.
Kafka demeure aux yeux de beaucoup un visage amaigri au regard enflammé, une vague silhouette qui rôde à l'ombre de son oeuvre, ou le nom d'une angoisse. On oublie quelquefois qu'il fut avant tout écrivain, et l'on ignore presque qu'il fut aussi un homme.
La monumentale trilogie biographique de Reiner Stach accomplit le prodige de ramener Kafka à la vie, de restituer l'effervescence intellectuelle de la Mitteleuropa à la charnière des xixe et xxe siècles.
Avec vigilance et rigueur, elle redonne corps et dimensions à une existence qui a, comme les textes, trop donné lieu à la spéculation. Ce premier tome couvre les années 1910-1915. Des années où Kafka écrit tour à tour Le Verdict, La Métamorphose, Le Disparu (Amérique) et Le Procès, et où sont posés, coup sur coup, des jalons décisifs pour la suite de son parcours : lourdes responsabilités professionnelles, redécouverte du judaïsme, premières publications, catastrophe de la Grande Guerre, et surtout rencontre, correspondance, fiançailles et rupture avec Felice Bauer.
Un ouvrage fascinant, à la fois récit d'une vie, livre d'histoire et essai critique, mené avec un rythme et une sensibilité de romancier.