La Belgique, petit État prospère au coeur de l'Europe du nord-ouest, est une construction politique improbable et relativement récente (1830). Malgré les forces centrifuges qui la tiraillent, elle perdure, notamment à travers de complexes compromis permanents, souvent difficiles à comprendre pour des étrangers habitués à des constructions étatiques fortes, centralisatrices et dotées d'un grand prestige symbolique.
Au coeur de ce pays : Bruxelles, à la fois pomme de discorde et enjeu majeur pour les deux grandes communautés linguistiques. Dans un pays éclaté et fédéral, la concentration du pouvoir économique dans la capitale est étonnamment forte, participant paradoxalement de sa survie.
Au-delà, les comportements politiques et démographiques, tout comme les dynamiques économiques op posant Flandre et Wallonie, suivent des modalités qui contribuent largement à expliquer les attitudes respectives de ces deux grandes communautés envers l'État belge...
Les sociétés se reproduisent et se transforment sous l'effet des rapports que les hommes et les groupes sociaux nouent entre eux dans la sphère de la production. Mais ces rapports émergent, se stabilisent, se redéploient sur la base et sous la contrainte de conditions concrètes, héritées du passé et géographiquement différenciées. La mise en jeu des forces productives, les logiques sous-jacentes aux stratégies individuelles des acteurs économiques s'inscrivent dans les espaces et produisent les espaces. Les configurations spatiales de l'économie rendent compte de la dynamique historique des articulations, aux différentes échelles, des divers modes de production. C'est dans une telle perspective que le présent ouvrage analyse la mise en place, la reproduction et la transformation des écarts de développement dans le monde et les structures spatiales de l'économie qui en résultent, de l'échelle de la Belgique à celle de la mondialisation, en passant par celle de l'Europe. Il examine la nature et l'orientation des flux auxquels elles donnent naissance, dans une économie dont la maîtrise des régulations échappe de plus en plus aux échelles nationales et aux structures étatiques.A l'opposé des démarches modélisantes d'inspiration néoclassique ou des considérations factuelles de la géographie monographique ou béhavioriste, l'ouvrage propose une méthodologie pour comprendre l'espace global.
À l'heure de l'affirmation des grands blocs régionaux dans le monde, l'Europe continue à se chercher en posant la question de son identité. Expliquer l'identité de l'Europe est bien l'ambition du présent ouvrage. Par la géographie et la profondeur chronologique qu'apporte l'approche historique, il s'appuie sur la complexité pour montrer l'importance des continuités et des ruptures au cours des âges. II pose la question essentielle pour la construction de l'unité européenne : les particularismes régionaux et le nouvel essor des nationalismes sont-ils un obstacle ? Ou bien sont-ils les symptômes d'une réaction générale à l'impact de l'économie mondialisée en réseau qui s'impose en Europe comme ailleurs dans le monde ? Car la confrontation a lieu entre cette globalisation - et ses effets environnementaux - et les diversités culturelles et économiques intérieures du continent européen.
Les auteurs examinent la variété des paysages et des héritages, en les restituant dans leur cadre physique. Ils considèrent les rapports entre l'Europe et le reste du monde, posant ainsi la question des frontières de l'Union. Par son approche originale, l'ouvrage s'adresse autant aux historiens et aux géographes qu'aux économistes, politistes et aménagistes.