Filtrer
Éditeurs
Langues
Liliane Giraudon
-
DANS LA LITTÉRATURE QUI ME PRÉCÈDE (PARTICULIÈREMENT LA POÉSIE) PEU DE GUEUNONS. C'EST LE RÈGNE DU SINGE.
-
elles guerroient les amazones
dans leurs petites armures peintes -
Fruit de braconnages dans la vie de tout le monde, on peut lire ce livre dans le désordre, le parcourir comme un abattoir où sont débités des morceaux de textes.
Traversée des genres ou extension, ce n'est pas un hasard si "Fonction-Meyerhold", adressé à celui qui paya de sa vie le fait d'avoir été au service du texte se place au coeur du dispositif. C'est lui qui rayonne comme centre des opérations.
Fond d'écran, la ville de Marseille tient lieu de décor en tirage surexposé.
Héroïque travesti, "Oreste pesticide" y redoute de curieuses mouches pornographes. Il mythologise la ville dans son aspect destroy et revisite sur un mode tragi-comique le tabou de la virginité comme les violences policières.
La lettre à Reverdy affronte un sujet souvent passé sous silence : la collaboration avec l'Allemagne nazie de sa protectrice et amie des arts Coco Chanel.
Le scénario "B7 : un attentat attentif" est inséparable de l'année 1946 où Hélène Bessette monte à Notre-Dame de la Garde avant d'accoucher de son deuxième fils.
Pour ce qui est de la fille aux mains coupées, les mains ont été véritablement coupées. -
Écrire vraiment c'est un service sexuel. Le plus virtuose des services sexuels.
Pour tout le reste, nous sommes modestes...
Ici, tout a beaucoup à voir avec la poésie et tout a beaucoup à voir avec la prose.
Le lecteur devient opérateur.
Les personnages s'entêtent à refuser tout accord des vivants avec ce qui les tuent.
Comme il s'agit essentiellement d'histoires tordues où circulent des voix, certains ont pu y voir une écriture de plateau. -
Sous le double regard de Vivian Maier et de Lorine Niedecker le poème est posé sur la table comme une caméra. Il tourne. Des personnages entrent. Des récits s'entremêlent où fiction et document tentent de rendre compte d'une plateforme hybride d'expériences. Ordinaire manière d'organiser le pessimisme en ce début de XXIe siècle.
L'annonce brutale de la mort de Chantal Akerman viendra tout autrement éclairer le décor mis en place et fera ressurgir le titre occulté, celui du premier long métrage de R.W. Fassbinder L'amour est plus froid que la mort.
La forme d'un film repose sur les scènes qui n'ont pas été tournées et qui doublent les autres. Par un simple déplacement, le sujet du lac devient celui de l'amour mort ou plus exactement mis à mort.
Semblable au train, un titre peut en cacher un autre. Et avec lui un réservoir de souvenirs, leur amnésie.
Comment a-t-on survécu à un premier amour ?, serait alors la question.
En neuf photogrammes revisités dans le sublime film de Fassbinder (Héros du livre rejoignant les Dames du Lac) une tentative de réponse est apportée. Sur nous tous, le poème en sait plus long que nous.
Et c'est bien parce qu'il brûle sur un monde dévasté que l'amour est plus froid que le lac. -
En architecture, les pénétrables désignent les voies d'accès à un bâtiment. Ici, les bâtiments désignés sont des livres. Les noms qui ont signé ces livres habitaient un corps. Un corps vivant, comprimé entre deux dates. Montées en successives scènes d'un cinémathon élémentaire proche de la lanterne magique, ces vies flashées et non exemplaires auraient fonction de lucioles. Manière de considérer les corps et leur existence comme des 'machines à semence'. Lambeaux de spectres, fantômes vivants, ils occupent une galerie ouverte dont les portes sont sans cesse battantes. Liliane Giraudon dit qu'elle a longtemps rêvé les livres comme de petits stocks de munition. Des outils pour faire reculer le travail de la mort. Ce livre n'est pas un livre d'hommages. Plutôt une sorte de couloir où seraient exposés 25 bustes ciselés, de tailles différentes, 25 bustes d'auteurs parmi ceux dont les textes l'ont aidée à vivre. Le mot 'bustier' ne se limite pas à désigner cette pièce de l'habillement enserrant étroitement le buste des femmes pour laisser les épaules nues. Il désigne aussi le sculpteur spécialisé dans l'exécution des bustes. Revisitant une ancienne pratique funéraire, Liliane Giraudon a voulu ici se livrer en tant que 'bustière' à un exercice de littérature vivante.
-
«La poétesse est un livre qu'on peut lire couché, debout ou assis. D'un trait ou par séquences. On peut le feuilleter la bouche pleine. Le résumer hâtivement en disant qu'il tourne autour de la question du sexe des livres. Et de ceux qui les ouvrent. Il y est question du dessin (écriredessiner tout attaché). On y entre dans une littérature accidentée. On y rêve d'une littérature de combat et on y évoque une autre de poubelle. On y rencontre une héroïne qui décide d'étrangler sa soeur jumelle (elle achète une corde mais sa soeur est déjà morte). Pasolini y rappelle qu'il était populiste comme Boulgakov se disait mystique à la cour de Staline. Une femme raconte son goût pour le crabe ou comment on vit quand on découvre qu'on a un cancer du sein. C'est assez simple. Tout travail sur soi-même est un travail sur le langage et par conséquent sur le bien commun. Quelqu'un dit : ma guerre se nourrit d'une guerre, je dois essuyer un féminin terrible. Il y a aussi l'artiste Kara Walker (qui n'est pas Joséphine Baker) et son contre scénario démystifiant la Fable esclavagiste puisque l'oncle Tom n'a plus de case, il est devenu pédophile.»
-
Alternance de longues séries de poèmes où circule, désarticulé, un récit, et de séquences de proses, fragments d'un journal intime. Rêves meurtriers, promenade dans une porcherie, évocation d'une Carmen rurale, braquage ou premier baiser dans la zone périphérique des villes, ici, l'amour de la poésie est inséparable de sa haine. Le recours à ce que l'auteur nomme des «genres mineurs», (journal, écrits de circonstance), doit être vu comme une véritable stratégie d'écriture, voire comme la tentative de mise en place d'un nouvel art poétique.
-
Face à la domestication sociale, dans la fureur des noms (communs ou propres, ceux qui vous désignent comme ceux qui légendent le monde), une femme découvre l'énigme du prénom qu'elle porte. «Je suis née un 13 avril. Je n'étais pas seule à naître. Avec moi, il y avait aussi un garçon. Longtemps on a parlé de nous deux globalement, sans distinction... Parce qu'il y avait trop de membres on avait craint un monstre. Puis à travers la peau du ventre on distingua deux corps. Un seul nom fit l'affaire et qu'on sectionna. Celui d'une star du muet : Lilian Harvey... Désignée à partir d'un corps détruit par l'industrie du parlant, j'écris ce que j'écris et pas autre chose...» Documentaire ou mosaïque, ce journal sans bord est démonté comme une arme et tenu par quelqu'un qui, d'une ville à l'autre (Marseille, Oslo, La Havane, Lhassa, Haïti ou Mexico...), pousuit un exercice d'«auto-décollation». Fracturant les notions usuelles de généalogie, l'auteur dans ses déplacements revisite les bazars du Double et s'interroge sur la stylisation des corps et leur assujettissement. Une clocharde nommée «La Marquise» l'accompagne.
-
Au moment de présenter Liliane Giraudon, il me vient une expression, comme si le texte pouvait s'arrêter là : Liliane Giraudon est une ligne droite.
Parce que, pour moi, Liliane Giraudon c'est une direction. Quelqu'un qui cherche et qui expérimente. Et que ce que nous nommons littérature, c'est ce qui catalyse et sédimente en aval, où soi-même on s'installe pour travailler, tandis qu'eux sont déjà partis un peu plus loin devant, dans cette brume où viendront les nouveaux travailleurs, vous savez le reste de la lettre à Paul Demesny.
Ainsi, et c'était déjà dans le paysage quand j'en ai soulevé un coin de trappe, fin des années 70, la revue Banana Split avec Jean-Jacques Viton. Ainsi, la permanence de l'atelier POL, la façon dont l'éditeur lui a donné ces galeries et chambres, voir Liliane Giraudon sur site POL (en 1978, déjà ce titre : Têtes ravagées : une fresque, ou ce Pour Claude Royer-Journoud). Et retenir cette Divagation des chiens ou son Parking des filles...
Atelier aussi qui se confond avec territoire : l'implantation à Aix Marseille, de si longue date, la poésie par porosité et accueil.
Alors évidemment, très fier que Liliane Giraudon ait accepté de venir symboliquement nous rejoindre sur publie.net.
Seulement, après cela, voilà : ce texte, Les talibans n'aiment pas la fiction, se passe complètement de Liliane Giraudon, voire de nous-mêmes. Ce qui compte, c'est l'expérience du réel, et comment elle percute l'écriture. Et que cette friction, cette fissure qui s'inscrit, devient question, n'est pas uniquement texte, ou aboutissement de poésie, mais notre propre rapport au réel, à l'écarquillement des yeux, à la marche et à l'errance. Ce qui rejoint la catalyse de l'objet texte, ce sont des dessins, des images, des notes, des mots recopiés, des observations.
C'est l'expérience du voyage qu'on questionne et qu'on pousse au bout.
Et si cela se passe de nous-mêmes, c'est que le territoire afghan nous est désormais en partie inaccessible, mais que la guerre qui s'y continue se fait en notre nom. L'Afghanistan est pour nous tous un rêve et une tradition, des voyages du père Huk jusqu'aux Cavaliers de Kessel ou le Livre des merveilles de Marco Polo : la planète ne se divise pas, lorsqu'il est question de l'homme. Mais à condition que cette interrogation s'effectue concrètement, par le voyage et le regard, par le travail sur soi dans le choc de l'autre, et combien plus quand il est soumis lui-même à l'éclatement, la pression, le heurt de la guerre. Notre littérature, dans tant de ses âges, s'est écrite à cette frontière (d'Aubigné même). Il ne s'agit pas d'une expérience de l'étranger, il s'agit d'aller chercher l'étranger dans le corps de notre expérience propre.
Il s'agit d'un texte concret : la poésie est à ce prix, démarrer par l'expérience du monde. Bienvenue au Carnet afghan de Liliane Giraudon dans publie.net.
FB
Merci spécial à Sarah Cillaire pour la relecture et réflexions et à Fred Griot pour la conception graphique, la mise en page et la coordination éditoriale.
Les talibans n'aiment pas la fiction a été initialement publié aux éditions Inventaire/Invention fondées par Patrick Cahuzac, maintenant disparues. Nous avons souhaité assurer la continuité de la diffusion matérielle de ce texte important (comme nous l'avons fait pour Leslie Kaplan, Jean-Philippe Cazier et d'autres), mais il s'agit d'une édition entièrement neuve dans la conception et la révision.
voir aussi Liliane Giraudon sur le site des Editions Argol. -
Écrit en bordure de Méditerranée, L'Omelette rouge est un objet vocal à lire aussi avec les yeux. Dans une lumière inférieure s'agitent des voix. Les voix sont séquestrées dans des corps véritables dont la liste dressée par ordre d'apparition s'ouvre sur une comédienne travestie que ses ennemis surnommaient l'omelette rouge. Sarah Bernhardt (1844-1923), Gherasim Luca (1913-1994), Alexandre Blok (1880-1921), Charlotte-Élisabeth de Bavière (1652-1722), John Maynard Keynes (1883-1946), Richard Wagner (1813-1883), Louise Bourgeois (1911-2010), Christine Lavant (1915-1973), Jeanne d'Arc (1412-1431), Ingeborg Bachmann (1926-1973), Arnold Schoenberg (1874-1951), Jean-Marie Straub (8 janvier 1933-), Danièle Huillet (1936-2006), Karl Marx (1818-1883), Friedrich Engels (1820-1895), Lénine (1870-1924), Vélimir Khlebnikov (1885-1922), Alexeï Kroutchonykh (1886-1968), Daniil Harms (1904-1942), Eva Hesse (1936-1970) Cy Twombly (25 avril 1928-) Grace Hartigan (1922-2008), Frank O'Hara (1926-1966), Hannah Hch (1889-1978), Hans Arp (1886-1966), Til Brugman (1888-1958), Hélène Bessette (1918-2000), Jackson Pollock (1912-1956), Razine (1630-1671), Emily Dickinson (1830-1886), Josée Lapeyrère (1944-2007), Erich von Stroheim (1885-1957), Alexandre Pouchkine (1799-1837), Saint Paul de Tarse (15-67). L'astre Poésie est vécu ici comme un soleil flingué sous lequel scintillent des natures mourantes et de petites personnes perdues. Si 'la seule poésie est la poésie à faire' (pasolini), L'Omelette rouge pose en séries de raccords et dans une préoccupation de distance la question vitale : 'que faire?
-
Attraits, obsessions, pratiques, fixations étranges ; marges de la sensualité, de l'esprit et des règnes ; zones floues, troubles, lieux de passages, aires indécises : dans ces treize nouvelles à l'érotisme violent, traversées par des êtres étranges, ces treize récits inéluctables, à la limite du fantastique, Liliane Giraudon ne s'autorise aucune concession à la poésie, au beau. Plutôt déranger, troubler, maltraiter.
-
On trouve dans ce livre des dates. Celles d'un massacre. Des fantômes (Warburg et son histoire de saucisse, Broodthaers et son cinéma, Rimbaud et ses jambes...), une femme qui mange du cygne, des hommes qui s'enfuient pour écrire ou coucher ensemble, la lettre d'un garçon qui chie du chien (c'est une «Lettre à la Mère», pourquoi toujours écrire aux pères?). C'est dans des villes. De vraies villes. Avec des noms. Il y a des fleuves. Ce sont des «Nouvelles»? Si l'on veut. Mais des nouvelles pour une Scène. Les personnages comme les décors sont des voix. Les voix n'ont pas de genre. Le genre c'est l'indice de l'opposition entre les sexes. Ici, le personnage est une matière sonore. En constant décalage. Décalé. Il est là. Il se tient entre les pages du livre. Certains sont de simples dessins. Des greffes. Tous savent que vidanger le temps empeste les locaux. Au lecteur, on lui dit «Si vous ne comprenez pas lisez à haute voix». Le lecteur, c'est lui qui met en scène.
-
Madame Himself est un livre double où se posent abruptement deux questions. Un amour enfantin pour les amazones et le désir d'écrire une autre Penthésilée peuvent-ils entrainer un cancer du sein ? Les livres soulèvent-ils des fantômes incontrôlables qui mènent une vie autonome et dont le corps des lecteurs deviendrait un habitacle ?En cinq tableaux précédés d'un éclairage Madame Himself pose (entre théâtre et poème tragicomique) la vieille question de l'assignation des corps et de leur enfermement.Tout en vérifiant que le goût de la crème fouettée n'est pas éternel, l'auteur se demande si un amour féroce pour les amazones peut avoir un rapport avec un double cancer du sein...
-
De sales histoires ne sont pas des histoires sales. Dénaturées, plutôt, comme on le dit des alcools. À chaque 'histoire' correspond, dans une sorte de partie immédiatement rejouée, une 'stoire'. Autre tirage au sens photographique, plutôt que variation musicale, les acteurs de ces planches-contacts à développement variable ne s'en tireront pas. Pour la plupart héroïnes déplacées, ils évoluent dans des décors réels (Moscou, Marseille, Bogota, La Havane...) ou incertains (hangars, berges, terrains vagues, cabanes...). Au centre du livre, s'agitent des mains coupées, celles d'Ernesto Che Guevara. On y entend des voix, comme celle d'Esteban Montejo, esclave noir fugitif. On peut y voir aussi des chiens plus gros que des moutons et empiffrés de chair humaine.
-
La divagation n'est pas limitée aux bestiaux. C'est aussi un genre littéraire. Ici alternent : poèmes polaroïd, poèmes d'ameublement, poèmes illisibles, proses lentes et, puisque ce qui est privé est public (c'est ainsi que nous nous comportons publiquement), fragments de lettres reçues et de carnets. Ces Mélanges Adultères, ou morceaux d'une longue histoire sans action mais à usage quotidien, pourraient n'être que le spectre «d'un livre du moi abondamment découpé ou déchiré». Si la langue est un muscle, l'os, à furieusement enterrer-déterrer-ronger, semblerait être, plutôt que le vieil os de la mort, celui de la poésie. La poésie seule, et considérée ici «parce qu'elle pose le plus extrêmement aujourd'hui la question de la survie».
-
Pallaksch est un mot d'une langue inventée, bégayée par Hlderlin dans sa tour à Tübingen. Pallaksch, Pallaksch est le titre de cet ensemble de récits où se mêlent personnages et animaux pour dire à la fois oui et non, j'y suis et je n'y suis pas à un monde qui, lorsqu'il n'a pas prévu leur destruction, a cessé de prendre en compte leur existence. Au centre du livre, comme au coeur de ce monde en proie à la violence, un écrivain s'entaille la main en coupant un morceau de bois. Bientôt il ne supportera plus le chant des oiseaux et se fera couler de la cire dans les oreilles...
-
Voici une histoire intenable, qui échappe sans cesse à l'immédiat, qui pressent sa destruction et qui puise ses propres ressources narratives dans des passés décomposés. Comme certains immeubles, son architecture s'adosse au repentir : lettres disant que le présent est un fantasme, souvenirs avouant l'improbable, actes coulés dans une stupeur faite de canicule, de crimes anonymes mais organisés et de détails interdisant toutes projections salvatrices. La Nuit désigne un lieu, bien sûr, sorte de petit music-hall interlope mais révèle aussi l'image d'une ville quadrillée par des personnels de surveillance, gardiens d'un état d'urgence. Cette histoire de l'impossible métamorphose, dont le héros est un travesti, met, sur la scène d'un port inventé, comme sur les frontispices des «classiques», quelques personnages fatalement perdus. La Nuit inaugure peut-être un nouveau genre en littérature : le «small polar»...
-
Un établissement étrange pour commencer, un genre de décharge sociale, une réserve de clones auxquels on prélève les organes dont on a besoin à l'extérieur, avec ses exclus, ses reclus séparés des autres, tous ceux qui dans leur existence précédente ne cessaient de les contraindre et de les harceler : «le Centre». On y voit passer quelqu'un qui pourrait bien être la représentation abîmée du marquis de Sade, seule conscience peut-être des enjeux politiques de la situation de violence et de confusion qu'une accélération des processus d'accumulation capitalistique a entraînée au-dehors. Mais c'est la figure de Makhno, cet anarchiste russe, un moment allié de l'Armée rouge puis finalement contraint à l'exil, qui domine le livre, par son évocation d'abord et par la référence qui lui est faite dans la dramaturgie même de ce roman : une pensionnaire, Laïka, «la fiancée de Makhno», qui semble sortie de cette époque et avoir été mise comme en attente, va s'enfuir, et tenter de rejoindre les bandes insurgées qui essaient d'organiser la résistance. Mais «des bribes greffées sur le corps traité resurgissent, mêlant des outils de propagande aux souvenirs amoureux» et elle erre dans les campagnes, sans repère, se guidant au gré de rencontres pas toujours heureuses, luttant contre la famine et tous les dangers d'un monde dévasté. Un homme, son presque frère, un autre pensionnaire du Centre, la recherche en vain.