André Naggar, depuis longtemps, qualifie de "mentales" ses images photo-graphiques. Comment une image, qui nous montre du visible et qui en est composée, peut-elle nous donner à voir ce qui, par essence, passe pour invisible? Les choses, bien sûr, ne sont pas aussi simplement distinctes, aussi tranchées, mais les photographies d'André Naggar nous mettent face à une telle étrangeté qu'il faut bien s'interroger sur leur nature: celle de leur visibilité. Doit-on mettre en question le visible? Cette pensée, en tout cas, ne se laisse pas écarter de sorte qu'elle conduit vers une histoire de l'oeil en rupture avec nos perceptions habituelles.
Jephan de Villiers et sa civilisation imaginaire sont un signe pour notre temps. Présence de l'arbre, de l'eau, travail sur la mémoire. Prescience presque prophétique, dès l'émergence de son oeuvre, d'une menace pesant sur la nature. Création d'un peuple d'âmes-oiseaux au regard lucide et inquiet à la fois, émouvantes vigies faites de bois et d'écorce, de châtaignes d'eau, d'oeufs de raies ou de rejets de l'océan. Créatures habitées. « OEufs de mémoire » parcourus de signes énigmatiques. Pages couvertes d'une écriture libre et instinctive.
Guetteur de mondes oubliés, Jephan de Villiers arpente forêt et rivages, dans une solitude voulue et tranquille. Arpenter. Glaner. Déposer dans l'atelier. Laisser le temps faire son oeuvre méditative, laisser les éléments sauvages vous choisir ou se choisir entre eux. Apprivoiser, assembler, construire.
Toute une vie livrée au geste, aux rencontres, à la patience. À ce qui est donné lorsque le regard se fait attentif à ce qui a été mais aussi à ce qui vient. Car ce travail se révèle, aujourd'hui plus que jamais, d'une actualité émouvante.
Le livre se veut le reflet de ce parcours aussi tranquille que déterminé, d'une cohérence rare.
JEPHAN DE VILLIERS:
C'est vers l'âge de quatorze ans que Jephan de Villiers commence à réaliser d'immenses villages de terre, d'écorces et de feuilles dans le jardin de sa grand-mère au Chesnay près de Versailles. Il aime le cirque, le théâtre et le mime. Son travail de sculpteur et de poète ne s'arrêtera jamais. Dans les années soixante, il découvre l'atelier reconstitué de Constantin Brancusi. Naissance des Structures Aquatiales à Paris en 1966. Un an plus tard, il s'installe à Londres et y expose régulièrement son travail. En 1976, il découvre la forêt de Soignes près de Bruxelles. Le Voyage en Arbonie commence. Depuis 2000, il vit et travaille en Charente Maritime non loin de la Gironde. Il nous invite à quitter notre quotidien pour nous plonger dans une civilisation imaginaire qui semble être d'un passé où l'homme et la nature ne faisaient qu'un. De très nombreuses expositions lui sont consacrées. Ses sculptures sont présentes dans des lieux publics ouverts, dans des musées et dans de nombreuses collections privées. « Des Fragments de mémoires » ont été exposés à travers le monde.
Auteurs: Roger Pierre Turine, Caroline Lamarche, Laurent Danchin, Bernard Noël, Joël Bastard, Marc Petit, Chantal Detcherry, Emmanuel Driant, Michel Butor, Arnaud Matagne, Jean-Dominique Burton
Bernard Noël et Bertrand Dorny ont produit en 2013 un livre d'artiste - Écrire dans l'air - tiré à 7 exemplaires et construit à partir de photographies d'arbres prises par l'artiste. C'est à partir de ces images que Bernard Noël a écrit l'ensemble des poèmes ici publiés. Ensuite c'est Bertrand Dorny qui a composé les 7 livres-objets illustrés avec les photos mais aussi avec un jeu de collages comme on connaît de son travail. La présente édition permet une divulgation plus vaste de ce projet initial.
Pagine d'Arte a publié en 2013 un autre livre d'artiste de Bertrand Dorny conçu avec Michel Butor que est l'auteur du texte - Double Foudre - actuellement épuisé.
Ce printemps 2015 Pagine d'Arte publie 3 nouveaux titres de sa collection ciel vague dédiés au rapport entre texte et image : collage, gravure, litho ou photo. La ligne éditoriale de la collection continue de s'inscrire dans ce dialogue entre le texte poétique et les images d'art.