Il ne suffit pas d'aimer. Il faut savoir le dire. Christian Malon aime les personnages qu'il observe. Ce ne sont pas des acteurs, des professionnels, des modèles... Ce sont des hommes dans leur plénitude d'hommes, presque toujours des paysans.
Il les saisit à l'extérieur. L'arrière-plan discret évoque la nature et le travail, les pierres d'un mur en Auvergne, un marché sous les pommiers en Normandie, une rizière au Vietnam. Mais Christian aussi s'interroge. Est-ce la fin des paysans qu'il photographie ainsi ? Il aimerait ne pas le croire.
Christian Malon photographie depuis plus de quarante ans le monde rural et plus particulièrement les paysans de Normandie dont il s'efforce de conserver la mémoire : modes de vie, relations, gestes et expressions. Cette fois, il nous invite à la rencontre de jeunes agriculteurs qui tentent de concilier certaines valeurs ancestrales avec la nécessité de s'adapter aux mutations techniques et économiques de notre époque.
Christian Malon est d'une génération qui n'a pas connu la guerre. Toute son enfance sera cependant marquée par les ruptures causées par deux guerres mondiales. Son récit fait résonner la grande histoire et l'histoire d'une famille : la correspondance d'un grand-père à sa femme pendant la Grande Guerre, les lettres à sa mère, envoyées par ses amies viroises, au lendemain des bombardements sur Vire, le 6 juin 1944. Christian Malon a puisé dans les albums de famille, dans les souvenirs de son enfance pour construire son propos, enfance partagée entre la campagne auvergnate et une petite ville normande, Vire, encore marquée par les stigmates de la guerre, lorsque sa famille s'y installera à l'automne 1949.
Christian Malon prend des photos - c'est l'expression - pour garder un sourire, un regard, des visages, des silhouettes et, bien sûr, des lieux qui lui sont chers puisqu'ils viennent d'un pays qui, c'est sûr, est le sien.
Christian Malon réussit simplement à rendre dans ses photos cette complicité qui, du bout des doigts, au quart de poil d´une moustache ou même de dos, s´opère entre des êtres qui on s´en doute, regardent toujours celui qui les prend « dans son appareil » - et même s´ils ne le voient pas - droit dans les yeux, comme un des leurs. Alors on comprendra que ces images me touchent parce qu´elles me permettent de voir que Christian Malon aime non pas ses photos mais bien ceux et celles qui ont partagé avec lui, le temps d´un déclic, d'une cigarette roulée, ou d´une caresse de chien, des instants de la vie qui - je le sais - durent encore quelque part sur « l´autre versant », quand le soleil se couche.
François DE CORNIÈRE
Comment rêver meilleure association que celle de la plume de Marie-Hélène Lafon et de l'objectif de Christian Malon pour exhumer sensiblement ces atmosphères d'antan qui ont un parfum d'éternité dans ce qu'elles disent de l'humanité et de son rapport à la nature. Rien de spectaculaire dans ces arrêts sur image parlant d'une société rurale pas si lointaine dont nous voyons parfois ressurgir une illustration folklorique.
Pourtant que de charme, que de vitalité émergent de ces pages qui nous parlent d'un temps et d'un monde qui ne seront jamais révolus tant qu'ils trouveront une place dans les coeurs et esprits de notre pays. Qu'est-ce que la nostalgie si ce n'est la capacité à retrouver dans le passé tout ce qui a pu nous faire avancer, progresser tout en nous rassurant sur nos capacités à aller plus loin sans y perdre notre âme, sans nous retrouver dilués dans un pays qui ne nous conviendrait pas car nous n'en comprendrions pas les valeurs motrices. Avant ce n'était pas forcément mieux, simplement différent mais ce passé presque immédiat à l'échelle du temps ne nous fait plus peur car nous l'avons connu et probablement aimé et qu'aujourd'hui, il irrigue notre présent. Alors laissons-nous entraîner et retrouvons le temps d'un livre le rythme et l'air de notre Haute-Auvergne.
La commune de Vire Normandie fait l'objet de cet ouvrage collectif illustré, via le vécu de deux auteurs virois, un de naissance, l'autre d'adoption, avec la collaboration de personnalités politiques etd'autres Virois, célèbres ou non. L'ouvrage témoigne de l'évolution de la commune (paysage, modes de vie, culture...) de 1944 à nos jours.
Quelles raisons secrètes conduisent les hommes à vivre entre terre et eau ?
De quelles matières sont faites les fondations secrètes de la Cité flottante ?
Au fil de promenades répétées à Venise, le regard du photographe Christian Malon touche le secret de l'invisible derrière les objets et les choses ; au rythme des images, au plus obscur du silence de la mémoire, il exhume des mots enfouis dans la vase.
Le poète Joseph Pacini explore la profondeur des images pour retrouver une langue cachée au coeur d'une autre langue et déceler les étincelles de l'origine qui dansent encore à fleur de sang
Les paysans de Normandie ont beaucoup évolué depuis un demi-siècle. Moins nombreux, plus professionnels, ils sont devenus agriculteurs, entrepreneurs, innovateurs, producteurs efficaces de blé, de lin, de lait, de viande, de pommes ou de chevaux. Mais les craintes sur le présent et l'avenir les interrogent chaque jour. Les marchés ? La rentabilité ?
L'Europe ? Le réchauffement climatique ? Entre l'abandon, les technologies les plus avancées, ou le recours à des usages plus économes, beaucoup hésitent. Sans prendre parti, mais non sans quelque émotion, le photographe Christian Malon et le géographe Armand Frémont, témoins de cette société en évolution, ont fait ce livre, « Paysans de Normandie aujourd'hui », sous forme de portraits, d'études, de statistiques, de souvenirs vécus.
« Nous, Transparents, irons plus loin » ...Dijon, 1971. Sur les bancs de l'institut de formation agricole, Christian Malon et Joseph Pacini échangent leurs visions d'un monde chargé de terre, confrontent leurs sensibilités rurales, comparent leurs origines, leurs itinéraires... sous le regard bienveillant de René Char, dont le recueil les Matinaux vient de sortir chez NRF-Poésie.
Issoire, 2014. La médiathèque René Char est le lieu de leur deuxième rencontre. L'oeil aguerri de l'un, la plume affûtée de l'autre, s'entendent de nouveau pour donner à lire et à voir des parcours différents et cependant enracinés dans la vie rurale. Métamorphoses d'espace, métamorphoses de générations, métamorphoses de cette terre écrite, sont le support d'une invention de l'avenir.
Terre écrite est la rencontre de l'objectif du photographe et de la plume du poète sur fond de ruralité.