Contre-chant est le huitième livre que Danielle Bassez publie à Cheyne éditeur. Cette nouvelle publication réaffirme la puissance de cette écriture qui interroge la vie avec une fougue, une rage et une justesse rares.
Avec Contre-chant, Danielle Bassez s'impose comme l'une des grandes voix contemporaines.
Récit du vide laissé par la disparition de la personne aimée, Contre-chant est un texte d'une densité et d'une énergie qui à aucun moment ne faiblissent. Confronté à la réalité de sa relation, après la découverte des carnets intimes de la femme aimée qui vient de mourir, le narrateur se trouve obligé de retourner dans l'arène de son amour, de prendre à bras-le-corps, par l'écriture, les souvenirs de ces années passées à deux.
La violence qui se dégage de ces pages est inouïe. La tendresse aussi. Ce qui est livré ici, dans Contre-chant, est l'amour dans sa nudité la plus crue, dans sa complexité, ses contradictions et sa radicale intransigeance.
La Sorbonne à la fin des années soixante : un étudiant découvre dans une même grande déflagration la philosophie, la passion amoureuse et sa propre vocation littéraire, sous le regard bienveillant du professeur.
Extrait :
Des rumeurs circulent sur son compte. On dit qu'il a été marin, qu'il a sillonné les mers, que tous ces ouvrages étaient empilés dans sa cabine et qu'il les a lus, par calme plat, à la lueur de la Croix du Sud. Ce dont témoigne sa face de travers, l'espèce d'infirmité qui lui barre la figure, le paralyse de l'oeil à la bouche et le fait chuinter, l'obligeant à lutter contre lui-même pour chaque parole. Il a une gueule de pirate.
Vous écoutez ce qui se dit. Vous avez vingt ans. Vous avez peur. Vous n'avez aucune amitié pour vos contemporains, aucune confiance dans ceux qui vous entourent.
nous voici lancés, aux côtés de danielle bassez, sur les traces que son père, lecteur curieux de tout - de proust comme littérature populaire, de george sand comme jankélévitch - a laissées derrière lui : bouts de papiers, dessins, notes dans les marges, listes de mots, schémas étranges.
comme autant d'empreintes, d'herbes foulées, de brèches dans les taillis. lire : faire silence, corner des pages, gribouiller, balbutier. et espérer. quoi ? que quelqu'un se hasarde à son tour sur ces chemins de traverse.
Baïkal est le livre du désir adressé à une femme, pareille à un lac, immobile, silencieuse et secrète. Le narrateur, quant à lui, se présente comme un ours, un être blessé, maladroit et sauvage. D'emblée, l'amour qui se dit dans ces pages est immense et aride.
Baïkal est aussi le livre de l'impossibilité d'aimer. Il est un dialogue à une seule voix, l'autre se laissant deviner. Le texte de Danielle Bassez glisse sans cesse de la poésie à la prose et de la prose à la poésie ; il est fait de souffles, de halètements.
Ce texte clairvoyant et lucide est avant tout un don, un hommage et un remerciement.
Petit enfant, le narrateur de ce livre bouleversant a perdu sa mère. Il ne lui reste d'elle que de frêles traces : photos, lettres et papiers épars, récits troués de non-dits. Il lui faut retrouver le visage de l'absente. Or, revivant son enfance orpheline, ce qui le conduisit à saisir, tantôt cruellement, tantôt avec tendresse, la comédie des autres, il approche l'énigme de sa propre identité que la solitude, le sentiment de la différence et l'exclusion ont marquée à jamais. La force de ce nouveau livre de Danielle Bassez, c'est, comme toujours, son écriture, dont ne faiblisse jamais la puissance, la rigueur et l'humanité. J-M. B.
Sans doute faut-il se risquer loin dans le désespoir pour que, par une espèce de retournement, se dise le contraire du ressentiment et de la haine, ce qui transfigure l'anecdote : un visiteur, jeune encore, fait à une vieille l'aumône de quelques nuits d'amour.
Pour conjurer le passé, pour exorciser, ou provoquer, ses propres hantises. peut-être aussi pour la sauver, elle, de la solitude.
Or la force de ce texte, c'est que vient un moment oú la déréliction ouvre à la tendresse : on ne peut écrire ainsi, dire si cruellement, et de façon tellement innocente, que parce qu'on l'aime.
De bassez, il faut entendre le souffle, cette sorte de halètement qui tend la phrase, la dresse sur la page comme une victoire, et faire l'épreuve de ce rythme court, syncopé, tout de violence maîtrisée, exaltée par une mesure juste.
Athènes. 1853. Jeune, Macriyannis a suivi la geste des klephtes, ces Grecs rebelles qui harcelaient l'occupant turc. Fils de paysans, orphelin, il a participé à la guerre d'indépendance contre les Ottomans. Puis, cet illettré apprend à écrire en autodidacte et, troquant le sabre contre la plume, il entreprend de rédiger ses Mémoires. Jusqu'à ce jour où il doit se défendre d'accusations iniques... Adrien, l'ami de toujours, le suivra jusqu'au bout. Par fidélité, et pour l'amour de Catherine...
Benjamin Appert fut, au XIXe siècle, un philanthrope suffisamment célèbre pour que Stendhal en fasse un personnage de son roman, Le Rouge et le Noir. L'écrivain le campe en visiteur de prisons, ce qui effectivement constituait une grande part de ses activités, l'autre concernant l'enseignement mutuel. En 1855, Appert part en Grèce, et l'on perd sa trace. Il sombre dans l'oubli. Il n'y a plus guère que les spécialistes de la question pénitentiaire et de l'école pour connaître son existence.
Qu'allait-il faire en Grèce ? Non seulement visiter les prisons, les écoles, les hôpitaux, les casernes, et proposer des r formes afin d'assainir un pays en proie au brigandage, mais surtout fonder une colonie pénitentiaire modèle, qu'il tenta d'implanter à Modon (Méthoni).
S'agissait-il d'une utopie ? Peut-on mettre Benjamin Appert au rang d'un comte de Saint-Simon ou d'un Fourier ? La question est ouverte. Quelle que soit la réponse, on peut voir dans l'histoire de Benjamin Appert en Grèce un excellent exemple des rencontres qui eurent lieu à cette époque entre Occident et Orient, rencontres toutes chargées de malentendus, de préjugés et d'idéalisme.
Les aventures du grec en France : un véritable roman ! Depuis le retour du grec en Occident au XVe siècle, grâce aux savants byzantins, le débat est ouvert : comment prononcer le grec ? À la manière d'Érasme ? Y a-t-il deux langues grecques, l'ancienne et la moderne ? Pour Gustave d'Eichthal, d'Homère à nos jours, il n'y a qu'une seule langue, vivante, qui doit se prononcer comme la parlent les Grecs d'aujourd'hui.