Janvier 1985, un mathématicien américain disparait dans le Chili de Pinochet, il a quarante-quatre ans. Né en URSS dans une famille juive, Boris Weisfeiler, surdoué, se résout à quitter sa famille pour pouvoir exercer librement les mathématiques aux États-Unis.
Homme taciturne à la silhouette longiligne, au large sourire, il part marcher seul dans les contrées les plus sauvages dès qu'il le peut.
Après une enfance solitaire au bord d'un lac, la narratrice part main dans la main avec sa mère à la recherche de son frère inconnu. Quatre années à vagabonder sur les chemins; à travailler dans les fermes et les usines. Mais quand l'adolescente découvre l'amour, il est temps pour elles de s'éloigner l'une de l'autre.
Senteurs, matières, couleurs, tous les sens sont aux aguets pour percevoir la beauté du monde, sa fragilité aussi; et l'urgence de réinventer de nouveaux rapports au vivant.
Il y a Danis, le mari et le père de ses deux filles, leur histoire est simple et lumineuse, mais menacée. Il y a Jonas, l'amant. Leur histoire est opaque et insaisissable:
Elly est prise entre deux hommes comme entre deux expériences existentielles. Petit précis sur la jalousie, le besoin de possession, le désir, un érotisme au naturel, sauvage, mystérieux, ces sept livrets à lire dans un ordre aléatoire, il y a 5040 ordres différents possibles, raconte la vie sexuelle, amoureuse et de mère d'Elly.
Le chant de Douna Loup, sa cadence intérieure et animale sont l'écho d'une grande fraîcheur, d'une simplicité qui permet l'audace de dire des choses secrètes, taboues, dont on a facilement honte, sur l'amour, la trahison, la fidélité et la sexualité.
Depuis qu'ils existent, les êtres humains et les animaux laissent des traces dans leur environnement. Cependant, dans la période actuelle, l'anthropocène, l'impact des activités humaines supplante celui des facteurs naturels et menace la vie sur la terre. Ce numéro, dans ses différentes rubriques, propose de réfléchir aux connotations que nous attribuons à des termes tels que naturel, artificiel et culturel. Ensauvageons-nous... Quelles sont les raisons et les implications de ce désir de retour à un « état naturel », que nous idéalisons peut-être, et pour lequel nous éprouvons de la nostalgie ? Comment s'infiltrent dans la littérature les friches, les broussailles, les forêts obscures ? À quoi ressemblerait un texte dont la croissance serait sauvage ?