La cour est vide. La maison est fermée. Claire sait où est la clef, sous une ardoise, derrière l'érable, mais elle n'entre pas dans la maison. Elle n'entrera plus. Elle serait venue même sous la pluie, même si l'après-midi avait été battue de vent froid et mouillé comme c'est parfois le cas aux approches de la Toussaint, mais elle a de la chance?; elle pense exactement ça, qu'elle a de la chance avec la lumière d'octobre, la cour de la maison, l'érable, la balançoire, et le feulement de la Santoire qui monte jusqu'à elle dans l'air chaud et bleu. Années 1960. Isabelle, Claire et Gilles vivent dans la vallée de la Santoire, avec la mère et le père. La ferme est isolée...
André fut élevé au milieu de ses cousines par son oncle et sa tante dans une maison chaleureuse ; chaque été sa mère descendait de Paris, femme élégante échouée dans la campagne pour quelques semaines. Il fut un enfant soleil, un bonheur à vivre et plus tard un héros de la guerre mais de son père, personne ne parlait. Jusqu'au jour de son mariage : sa mère confie l'identité du père à sa belle-fille qui lui rapportera le propos à son époux. Une faille s'ouvre alors dans le socle de son existence, un manque à combler, le secret du père. Et quelle sorte de force faut-il pour affronter sa propre histoire ?
Joseph est ouvrier agricole, dans une ferme du Cantal. Il a bientôt soixante ans. Il connaît les fermes de son pays, et leurs histoires. Il est doux, silencieux. Il a aimé Sylvie, un été, il avait trente ans. Elle n'était pas d'ici et avait beaucoup souffert, avec et par les hommes. Elle pensait se consoler avec lui, mais Joseph a payé pour tous. Sylvie est partie au milieu de l'hiver avec un autre. Joseph s'est alors mis à boire, comme on tombe dans un trou. Joseph a un frère, marié, il a réussi mais a emmené la mère vivre dans sa maison, ailleurs. Joseph reste seul et il finira seul. Il est un témoin, un voyeur de la vie des autres.
Paul, quarante-six ans, paysan à Fridières, Cantal, ne veut pas finir seul. Annette, trente-sept ans, vit à Bailleul dans le Nord avec son fils. Elle n'a jamais eu de vrai métier. Elle a aimé Didier, le père d'Eric, mais ça n'a servi à rien. Elle doit s'en aller. Recommencer ailleurs. Elle répond à l'annonce que Paul a passée. Le roman raconte leur rencontre et leur histoire. C'est une histoire d'amour.
Prix Page des libraires 2009
Le Franprix de la rue du Rendez-Vous à Paris. Ils sont trois?: Gordana, la caissière, le jeune homme qui s'obstine à passer en caisse 4 tous les vendredis, celle de Gordana, et Jeanne Santoire, celle qui regarde et qui dit «?Je?». C'est par elle que tout existe?: elle imagine, suppose, une vie, des vies, au présent, au futur et au passé pour Gordana et pour l'homme du vendredi. Elle revisite ainsi sa propre existence et la recompose.
Marie-Hélène Lafon poursuit une oeuvre exigeante qui, livre après livre, séduit un large public.
Claire, fille de paysans du Cantal, est née dans un monde qui disparaît. Son père le répète depuis son enfance : ils sont les derniers. Très tôt, elle comprend que le salut viendra des études et des livres. Elle s'engage donc dans ce travail avec énergie et acharnement. Grâce à la bourse obtenue, elle monte à Paris et étudie en Sorbonne. Elle n'oubliera rien du pays premier, tout en apprenant la ville où elle fera sa vie.
"«Les Santoire vivaient sur une île, ils étaient les derniers Indiens, la mère le disait chaque fois que l'on passait en voiture devant les panneaux d'information touristique du Parc régional des volcans d'Auvergne, on est les derniers Indiens.» Les Santoire, le frère et la soeur, sont la quatrième génération. Ils ne se sont pas mariés, n'ont pas eu d'enfants. En face de chez eux, de l'autre côté de la route, prolifère la tribu des voisins qui ont le goût de devenir. Sentinelles muettes, les Santoire happent les moindres faits et gestes. Et contemplent la vie des autres. Celle des vrais vivants. D'une plume toute en économie et en tensions, Marie-Hélène Lafon dépeint avec finesse la fin d'un monde, d'une civilisation.