«Nous sommes moins seuls que nous l'imaginons. Nous sommes si peu seuls qu'un des vrais problèmes de cette vie est de trouver notre place dans les présences environnantes - écarter les morts sans les froisser, demander aux vivants ce rien de solitude nécessaire pour respirer. Dans la logique du mond...
L'auteur nous a subjugués, envoûtés, et, au vrai, je le dis sans goût pour les paradoxes faciles, c'est peu de huit cents pages pour parvenir à un tel résultat. D'autres n'y seraient pas parvenus en trois mille, et beaucoup par leur oeuvre entier. Jean Douassot a découvert une planète que nous pensi...
« Je savais bien deux choses pour les avoir vues moi-même, je savais les fleurs et les étoiles. J'avais pris un pot de géranium et planté les fleurs dans la terre et les racines vers le haut. Mais lui s'était tordu la tête comme quelqu'un qui se bat et était remonté par- dessus ses racines. « Les f...
L'auteur de La Gana renoue ici avec son personnage au point où il l'avait laissé à la fin de son premier roman. Il sort de l'enfance, on l'envoie à l'usine, il nous raconte sa fuite effarante devant les Allemands, ces «coupeurs de paluches», sur les routes de juin 40. Nous retrouvons dans La perruqu...
Dans une sorte de journal de ses pensées, un homme qui n'est plus jeune essaie de se représenter ce que c'est, d'être vieux. Ou plutôt de vivre cette situation de l'intérieur, tout en restant lui-même, en gardant l'âge qu'il a effectivement, quand il écrit, et en restant l'enfant étonné et cruel qu'...
« Mais c'est tout éveillé qu'il nous faudrait craquer comme la graine crie et se fend, jaillir au-dessus des insectes, des épis, des grands arbres, des grands rocs, des grands nuages oublieux, de la nuit froide et creuse sous qui les astres pendent, enfoncer la croûte du ciel et marcher dans les che...
Mariant la sensibilité la plus fine aux traces documentaires les plus brutes, Martine Sonnet croise mémoire collective et souvenirs familiaux dans un hommage à toute une génération d'ouvriers, celle de son père, artisan campagnard précipité dans la classe ouvrière par son embauche chez Renault à Bil...
Un rêve en Lotharingie et Les contes bleus du Vin sont les carnets d'un observateur passionné, une poésie de journal intime, les éphémérides d'un coeur pérégrin qui aime à s'égarer sur des territoires en retrait des sentiers achalandés, vers des coins secrets non référencés par les offices de touris...
« On a, je crois, les déserts que l'on mérite. On a aussi, parfois, ceux que l'on porte en soi et ceux que l'on fantasme et qui ont le pouvoir de nous réduire, de nous diminuer jusqu'au dérisoire, jusqu'à l'imperceptible, à l'anéantissement ou, au contraire, celui de nous agrandir, nous élever, nous...
« Il y avait toujours beaucoup de femmes autour de moi à la maison : maman, grandmère, Marguerite, une cousine âgée de mes grands-parents, surnommée « la Coucou ». Toutes, sauf grand-mère, m'étaient favorables. Et maintenant, en plus, il y avait Élisa que je ne quittais guère. Elle eut, un soir, c...
C'est avec une grande économie de moyens et une pudeur exemplaire, suivant à petits pas les personnages de son récit, que Georges Bonnet nous relate la rencontre d'Émile et Louise, septuagénaires jusqu'alors solitaires et confinés entre appartement, jardin public et cimetière, mais finalement sujets...
Sa région d'origine (l'Argonne qu'il lui arrive de croire n'avoir jamais quittée), la culture familiale (secrets compris) ont donné à la guerre, dans l'imaginaire de l'auteur qui n'en a connu aucune, une dimension mythique. Ses ravages et ses bouleversements ont orienté le cours de la vie de ses aïe...
« La douleur était mon professeur de lettres. J'étais le premier des derniers, au fond de la classe. Je me revois les bras croisés sur mon pupitre. Sur mon cahier j'écrivais des pen- sées qui ressemblaient à des chemins de blé. Chaque phrase était pareille à une feuille morte ou un caillou qui deven...
«Les plus doux aspects du monde, pour ne pas parler des hommes, plus fuyants encore, les plus apaisantes contrées, les lieux les plus discrets, les plus pauvres en «événements», il suffit de peu de chose pour qu'on en découvre soudain la perpétuelle étrangeté, pour qu'on comprenne qu'une richesse en...
Le seul, l'unique travail ne consiste-t-il pas, parfois, à convertir un spectacle ordinaire (un pan de mur dans les hauteurs, une vitrine condamnée, une portion de faubourg, ce qu'on voudra) en une vision à décrypter ? Puisqu'il faut bien aussi, de temps à autre, forcer - comme on dit en vènerie - l...
L'individu " animé d'un immense amour-propre ", dont le but est d'" atteindre la perfection et le succès dans toutes les entre-prises, et d'obtenir ainsi l'admiration et les louanges de son entourage", cet individu-là, brusquement contrarié dans son élan par un détail qui l'insupporte, peut-il, tour...
« Vivre ici, c'est accepter d'être extérieur, accepter que quelque chose ne soit pas résumable à soi-même. Avoir une attitude détachée. » Être étranger en général, être étranger partout, et trouver à Tanger le lieu privilégié pour « être étranger ». Avec, parcourant le livre, un certain nombre de fi...
Aller au menu. Comme d'autres aux mirabelles. Cueillir des traces. Des vestiges où mettre ses pas, ses mots. Le peu qui reste des gens de peu, ce qui survit de ces vies minuscules. Dans nos assiettes. C'est tout l'enjeu de ce livre. Un livre aux multiples entrées. Où il arrive qu'on serve entrée et ...
Sylvie Doizelet, qui pratique la capitale anglaise depuis l'adolescence, a pris lors de ses récentes promenades quelques instantanés qui traquent Londres dans Londres - quelques-unes des innombrables mises en garde qui attendent le Londonien à chaque pas. Et Jean-Claude Pirotte a, en quelque sorte,...