andre velter
-
Comme tous les poètes décisifs, Serge Pey ne ressemble à personne. Il a inventé sa voix verticale, cet aplomb du verbe qui ne tombe pas de haut, mais passe d'horizon en horizon, et au delà. Il a inventé son rythme, cette pulsation qui jette le sang des talons à la tête. Il a inventé sa parole qui est, sans distance aucune, une action, qui est un souffle, une énergie, un feu incarné. Car avec lui, la poésie tape du pied, devient vertige, envoûtement et libération de chaque fibre du corps.
Accroché à ses bâtons d'écriture comme à des mâts naufragés, Serge Pey tangue et danse, flambe et profère. Il est le troubadour voué à la marche ascendante, le chaman des révélations violentes, celui qui énonce et relie l'ensemble des destins foudroyés, des murmures étouffés, des secrets bannis. Sa scansion accueille toutes les migrations du sens, toutes les métamorphoses du chant. Il est l'homme que le cri des origines et la rumeur des âges engagent au présent. Il entend et répercute ce qui d'ordinaire se tait : de l'exaltation massacrée au lancinant retour des suicidés de la société, de la jubilation d'être à l'irradiante tendresse des dépossédés.
À la lecture de ses poèmes, on perçoit combien Serge Pey empoigne le monde, combien son univers mental et sonore requiert une bouche en transe, des expirations inspirées, des rondes rauques ou extatiques. Dans son sillage, les échos, les tempos sans fin, les éclats, sont ceux d'un semeur de syllabes qui serait également un oracle de grand vent.
Mathématique générale de l'infini est un ensemble de poèmes inédits.
-
Nouvelle édition augmentée
-
L'amour extrême/Le septième sommet/Une autre altitude
André Velter
- Gallimard
- 15 Février 2007
- 9782070344710
«Il m'appartient désormais, par la seule force de mon amour, et pour disputer à la mort les noces qu'elle nous a volées, d'escorter ta course vers les autres sommets.» Ce volume regroupe les «poèmes pour Chantal Mauduit».
-
La vie en dansant ; au Cabaret de l'éphémère ; avec un peu plus de ciel
André Velter
- Gallimard
- Poesie Gallimard
- 13 Février 2020
- 9782072884511
Publier un troisième volume d'André Velter en "Poésie /Gallimard" était assurément nécessaire, ne serait-ce que pour signifier la place majeure qu'occupe son oeuvre dans la poésie des dernières décennies, place première sans doute dans la génération qui suit celle des Bonnefoy, Jaccottet , Roubaud ou Dupin. Les trois titres des années 2000 rassemblés ici, suivant le triptyque de la douleur et de l'amour que constituèrent les poèmes à Chantal Mauduit, développent et approfondissent le credo existentiel du poète dont ce vers de La vie en dansant dit tout:"Du mouvement il n'y a pas à démordre". Il s'agit encore et toujours pour Velter d'échapper à toutes les ankyloses, tous les renoncements et toutes les clôtures et de se donner à cet absolu qu'est l'élan vertical et sans fin de la vie, cette danse sur l'abîme. La poétique de Velter, immédiatement reconnaissable entre toutes, est à l'aune de cette ardeur et de ce courage, toute de rythmes et de souffle vigoureux, scansion d'une âme enfiévrée qui exhausse la parole jusqu'au chant. Jamais tournée vers elle-même, chambre d'échos multiples, cette poésie de pleine santé s'imposait d'autre part pour accompagner le prochain Printemps des poètes dédié au Courage.LES DRAPS BLEUSTout est là qui attendLe signe altier d'un gant dans l'ombreLa caresse du ventEt ces toits qui descendent en miroirs vers la mer Nous ne serons jamais à quaiOu pour une escale très brèveQuelques instants sur quoi fermer les yeuxAvant de repartir accordésDu sel aux coins des lèvres Le temps qui s'est levéEntre les draps bleus d'un lit du RajasthanN'est pas de ceux qui passentIl appartient au présent chaviréTriomphant des naufrages et des peurs Les questions peuvent rester divinement sans réponseEt se transporter ailleursAvec une sorte d'allégresse neuveUne ferveur qui parle aux étoiles en plein jour Je me sens l'âme à la verticaleEt tout est là qui n'attend pas.
-
Le suicide et le chant ; poésie populaire des femmes pashtounes
Sayd bahodine Majrouh
- Gallimard
- Connaissance De L'orient
- 3 Juin 1994
- 9782070736003
Dans les vallées afghanes, dans les camps de réfugiés du Pakistan, les femmes pashtounes improvisent des chants d'une extrême intensité, d'une foudroyante violence. D'où le nom de landay qui les désigne et qui signifie : «le bref». Cette forme poétique limitée à deux vers compose en fait un instantané d'émotion, à peine plus qu'un cri, une fureur, un coup de dague entre les épaules. Car ce poème très scandé dit l'amour, l'honneur ou la mort et toujours, à travers ces trois thèmes, toujours la révolte. Jamais sans doute si courte vocalise n'a autant révélé sur l'inhumaine condition de la femme en Islam, sur l'oppression qui la réduit à l'état d'objet domestique et l'asservit au code infantile des hommes. Privée de toute liberté, brimée dans ses désirs et son corps, la femme pashtoune n'a d'autre échappée possible que le suicide ou le chant...
-
L'Arbre-Seul, que les chrétiens appelaient l'Arbre-Sec, se dressait aux dires des légendes au bord du monde connu, quelque part du côté du Khorassan. Cet épouvantail du désert marquait la limite des terres autorisées. Au-delà s'ouvraient les espaces interdits, maudits, impensables parce que volontairement soustraits au champ de la pensée, de l'errance et du songe.Le poème a pris l'Arbre pour repère, pour aimant. Comme s'il s'agissait d'un appel à forcer le passage, d'un signe à inverser. Et du voyage en Orient aux multiples départs, le corps et l'esprit ne sont jamais tout à fait revenus. L'Afghanistan, l'Inde, l'Himalaya, la Route si ravagée de la Soie ont ravivé le mystère et l'exaltation d'être, ici ou à mille lieues, si intensément présent.L'Arbre-Seul est le poème des deux versants du monde, avec miroirs de lumière et d'ombre, souffles de sable, poussières d'éternité, fureurs, jubilations et «paroles ailées». C'est un ample parcours à suivre comme une partition polyphonique, comme une improvisation aux rythmes divers, parfois contraires, et qui compose au sens fort un livre de poésie, qu'Alain Borer tient pour «le plus tonique depuis Alcools d'Apollinaire».
-
Au feu du désir même
Ernest Pignon-Ernest, André Velter
- Actes Sud
- Beaux Livres
- 2 Février 2022
- 9782330161217
Les poèmes de ce livre, attribués à un certain Guillaume de La Mercie, apparaissent comme des variations libertines, aussitôt revendiquées par quatre poètes en quête de sensations inédites, et qui sont plus que des prête-noms. Rien là qui s'apparente à un artifice, le pari étant de restituer intensément les jeux divers, charnels et hasardeux de l'amour.
Quant aux croquis à main levée, aux évocations sensuelles et ardentes, aux gestes les plus vifs qui accompagnent cette édition, ils participent d'une aventure évidemment différente. Ils se sont succédé au long de plusieurs décennies dans les carnets personnels d'Ernest Pignon-Ernest, ou sur des feuilles volantes réapparues soudain, et ils se donnent là, non pour illustrer, mais pour exalter, enfreindre, décliner les voluptés.
Si ces textes et ces images se voient qualifiés d'érotiques, ce sera donc à bon droit tant ils entendent célébrer le plus profane des plaisirs, celui qui sait être à la fois divin et démoniaque.
-
L'altitude est pour moiL'autre nom de l'amourAvec à l'infiniL'aube de la vraie vie
-
Ceux de la poésie vécue
Ernest Pignon-Ernest, André Velter
- Actes Sud
- Beaux Livres
- 17 Mars 2017
- 9782330050535
Ernest Pignon-Ernest multiplie les interventions par les rues et sur les murs des villes en compagnie de poètes irréductibles, porteurs de révoltes et d'utopies. Par le verbe et l'action, André Velter est entré en résonance avec cette aventure qui met la poésie à l'épreuve du monde et des hommes.
Ouvrage accompagnant l'exposition d'Ernest Pignon-Ernest, qui se tiendra à partir d'octobre 2016 à la bibliothèque Nucéra à Nice.
-
Donner à voir le silence : esprit chan, peinture spirituelle
Jérôme Edou
- Les Deux Oceans
- 25 Août 2022
- 9782351185209
Textes et calligraphies se répondent dans ce magnifique ouvrage de Jérôme Edou, qui donne à voir et à comprendre par les sens et l'intellect la forme et la vacuité, la parole et le silence, et leurs natures résolument semblables. Dans la tradition bouddhiste chinoise du Chan.
Autour de l' an mil, le bouddhisme philosophique Chan (Zen en japonais) a inspiré une peinture monochrome qui cherche à transcrire l' expérience spirituelle de l' Eveil, expérience au-delà des mots et des concepts. Pour exprimer l' ineffable et donner à voir le silence, les peintres calligraphes chinois ont inventé un langage pictural qui conjugue l' art du trait, la simplicité dans une économie de coups de pinceau et une omniprésence de l' espace vide qui évoque la Vacuité bouddhique ou le Vide Primordial du Taoïsme.
Jérome Edou, bouddhiste de longue date et traducteur de Tibétain, pratique depuis des années la peinture chan dans l' esprit des peintres excentriques d' antan. Diplômé de l' Académie Internationale de Peinture à l' Encre (France, Chine, Japon) en 2018, il a exposé à Katmandou où il réside et enseigne la peinture Chan. Dans cet essai, il se propose d' explorer les liens entre les enseignements du bouddhisme philosophique, l' Esprit Chan, et cet art du simple, véhicule de l'intuition contemplative du peintre que le spectateur est invité à partager. -
Sur un nuage de terre ferme ; José Tomas à Grenade le 22 juin 2019
Ernest Pignon-Ernest, André Velter
- Actes Sud
- Beaux Livres
- 16 Septembre 2020
- 9782330133108
Seul commentaire de José Tomás après sa corrida du 16 septembre 2012 à Nîmes et qui avait épuisé tous les superlatifs : «Les dieux de la tauromachie étaient avec nous ! »Faut-il croire que les dieux n'acceptèrent pas de se résigner et voulurent partager encore avec les mortels quelques-uns de ces instants d'éternité dont eux-mêmes n'avaient pas le secret ? Car, contre toute attente, le prodige allait se renouveler à Grenade, le 22 juin 2019. Le poète et le plasticien, pris à leur propre fascination émerveillée, de tenter ici une nouvelle évocation, afin de témoigner qu'il arrive que l'insensé, que l'impossible soient tout soudain de ce monde.
-
Annoncer la couleur
Ernest Pignon-Ernest, André Velter
- Actes Sud
- Beaux Livres
- 6 Mars 2019
- 9782330117290
Après, notamment, «Le Tao du toreo» et «Ceux de la poésie vécue» (Actes Sud, 2014 et 2017), «Zingaro suite équestre» et «Pour l'amour de l'amour» (Gallimard, 2007 et 2015), Ernest Pignon-Ernest et André Velter signent leur dix-neuvième livre, «Annoncer la couleur», qui rassemble la part la plus inventive de leurs créations communes puisque chaque oeuvre se présente comme la mise en résonance directe d'un texte et d'un dessin. Une pratique fusionnelle inédite.
-
Paseo Grande, comme un pari fabuleux et fatal, sans fausseté ni repli possibles.
Paseo Grande, comme un périple dans les périls où se réinvente le monde. Paseo Grande, comme un récital amorcé dans l'incessant va-et-vient de textes encore précaires et de mélodies soudaines. Ce livre est indissociable du mouvement complice qui l'a suscité et de l'environnement sonore, vocal et musical qui l'a inspiré. Les compositions et le chant d'Olivier Deck ont accompagné et parfois devancé l'écriture de ces ballades pareilles à des rêves éveillés, à des sursauts funestes, à des éclats de vie violente et fière.
C'est pourquoi un tel recueil se devait, en plus d'être imprimé, de s'affranchir de son cadre et d'offrir, par une extension désormais possible du côté d'internet, quelques propositions d'écoute, quelques séquences filmées. S'aventurer ainsi en terrain découvert suggérait de s'adjoindre plusieurs talismans, aussi aléatoires que ceux qu'énumère Borges dans La rosa profunda, et les sept quatrains en images, réalisés avec Antonio Segui, ne comptent d'ailleurs que sur leur magie hasardeuse, explicitement ironique, pour assurer la protection rapprochée du Paseo Grande.
-
Séduire l'univers ; précédé de à contre-peur
André Velter
- Gallimard
- Blanche
- 11 Mars 2021
- 9782072939679
Le temps de la poésie n'est pas celui des horloges ni de la mesure commune. Aussi l'intitulé de ce livre, en forme d'injonction sidérale, m'a-t-il été offert par un copain taoïste qui trinquait joyeusement un soir de pleine lune à une encablure de l'An mille... Séduire l'univers !Mais sur le chemin des étoiles et des exoplanètes une pandémie incurablement terrestre est venue assujettir nos destinées, imposant une réplique immédiate, un grand sursaut, une salve de poèmes jetés d'emblée À contre-peur.A.V.
-
Pour l'amour de l'amour ; figures de l'extase
Ernest Pignon-Eernest, André Velter
- Gallimard
- Livres D'art
- 15 Octobre 2015
- 9782070107056
Ernest Pignon-Ernest est né à Nice en 1942. Depuis 1966 il fait de la rue le lieu même d'un art éphémère qui en exalte la mémoire, les événements ou les mythes. Il a ainsi préfiguré nombre d'expériences artistiques sollicitant l'espace du dehors.
Dans les années 1990, lors de ses collages dans les rues de Naples, un vers de Nerval le mène à un dialogue très libre avec les grandes mystiques : Marie Madeleine, Hildegarde de Bingen, Angèle de Foligno, Catherine de Sienne, Thérèse d'Avila, Marie de l'Incarnation, Madame Guyon et Louise du Néant.
Pour qui a toujours fait du corps l'objet et le sujet de ses explorations, la rencontre autour d'une thématique de cette nature relève autant d'une quête que d'un défi.
Comment représenter ce qui ne peut se voir ? Comment faire image de chairs qui aspirent à se désincarner ? Comment capter les traces, les effets, les lumières, les ombres, les soupirs ou les cris d'expériences ineffables ? Comment restituer par des traits de tels transports, de tes excès, de telles effractions sublimées ?
-
'Parcours de poésie manifeste, radicalement autre, voué aux énergies souveraines du vivant, de la lumière, de l'amour, ce livre affronte et disqualifie la part désenchantée du monde...'
-
Le Septième sommet : Poèmes pour Chantal Mauduit
André Velter
- Gallimard
- 10 Février 1999
- 9782070754328
«Dans l'Himalaya, tu as gravi six des plus hautes montagnes du monde : le Chogori ou K2 (8 611 mètres), le Shisha Pangma (8 046 mètres), le Cho Oyu (8 201 mètres), le Lhotse (8 516 mètres), le Manaslu (8 163 mètres), le Gasherbrum II (8 035 mètres). Il m'appartient désormais, par la seule force de mon amour, et pour disputer à la mort les noces qu'elle nous a volées, d'escorter ta course vers les autres sommets.»
-
« La poésie trouve ici une unité de lieu : l'altitude. Celle du Tibet et de l'Himalaya. celle de ce Toit du Monde qui ne recouvre rien mais donne sur le ciel dans une autre lumière. Le Haut-Pays esy le troisième pôle de la terre : là où les boussoles s'essoufflent et perdent leurs repères, là où s'ébauche un réel aimanté.
Ce qui s'éprouve alors, c'est l'expérience du lointain et du proche, de l'infini, de l'infime, de la plénitude et du manque. Il y a tout ensemble le jeu des muscles, l'ivresse des visions, le silence, la solitude, la montée des mots ou des chants. Il y a aussi comme une traque fervente qui s'exalte, s'irrite, s'émerveille de son propre mouvement.
Il va sans dire que ce parcours n'est pas celui d'un dévot. La rencontre avec le bouddhisme tibétain intervient d'abord et tout naturellement dans le sens de la marche : c'est une approche physique, pas un acte de piété, même si la traversée du Tsangpo mène à Samyé, le monastère des origines.
Poème et polyphonie à la suite, ce livre n'accueille en effet que des ascèses toniques où le corps est en fête et l'esprit des plus libres. »
André Velter.
-
Quand l'inouï est advenu, que l'impossible s'est imposé et l'absolu manifesté, il n'y a, pour quitter le domaine des hyperboles, sans rien renier de la fascination qui à jamais perdurera, que le souci de risquer sa parole et de dire ce qui fut, en ce matin et ce midi du 16 septembre 2012, dans les arènes de Nîmes. Non pas raconter, mais raviver cette commotion d'être qui prit possession de chacun, et de tous à la fois, pendant les deux heures et demie d'une corrida à nulle autre pareille. José Tomás, face à six taureaux, inventa ce jour-là un art martial à sa mesure, et, pour ceux qui le suivaient des yeux, du coeur et des nerfs, une aimantation extatique où la stupeur, l'émotion, l'exaltation, la joie la plus extrême étaient d'un seul tenant, d'un seul élan de corps et d'âme. C'était soudain l'éternité. Le Maestro dépliait sur le sable une partition exacte, silencieuse et parfaite. La beauté avait force de loi. Plus rien n'existait au monde et il ne manquait rien.
Une succession de poèmes brefs, à la manière des séquences du Tao-tö-king, dit ainsi l'essence même du toreo, avec à la suite les dessins qu'Ernest Pignon-Ernest a consacrés à l'emblématique corrida et au Maestro de Galapagar.
-
Ça peut pas faire de mal ! Tome 2 ; la poésie : Baudelaire, Apollinaire, Eluard, Aragon
Guillaume Gallienne
- Gallimard
- Hors Série Littérature
- 27 Novembre 2015
- 9782070108312
Ce livre, deuxième ouvrage issu de l'adaptation de l'émission de France Inter «Ça peut pas faire de mal», est consacré à la poésie. Retrouver la voix de Guillaume Gallienne lorsque s'ouvre «L'invitation au voyage» extrait des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, ou bien les Lettres à Lou de Guillaume Apollinaire, les merveilleux poèmes de Paul Éluard ou encore, telle une coda, le remarquable et troublant Épilogue de Louis Aragon, c'est voyager au côté d'un extraordinaire compagnon, c'est être transporté par sa voix-miroir aux reflets sensibles.
-
« Ton texte à la main, je l'entrouvre, divine surprise ! Ainsi, près de cent ans après Saint-John Perse, une nouvelle Anabase, la tienne ! Et d'emblée, je suis saisi par le cri : À nous deux l'infini !
[.] Certes, tu n'ignorais pas les frontières, mais tu entendais résolument les transcender. Ton imaginaire s'est affronté au réel, s'est nourri du réel. En cela, tu es proche aussi de Segalen.
Tu as même accompli son rêve : atteindre le mythique Tibet. [.] Il en résulte un haut chant, passionné et passionnant, sur un ton de défi, d'apostrophe, d'exclamation, et finalement, de célébration de tout ce qu'il nous est donné d'ouvert, ici et maintenant.
À la différence de Gengis, tu n'as point d'empire à établir. Tu vises le contraire, en affirmant que pour des dépeupleurs de notre sorte, il n'y avait pas plus bel empire que le déraciné, le vague, le non-revendiqué. [.] Être poète de plein droit, voilà le mot d'ordre, voilà la conquête.
Mais une poésie qui n'est plus issue du salon calfeutré, de l'arrière-salle enfumée. [.] Tu fais partie désormais de la glorieuse lignée des poètes français qui ont hanté, chacun à sa manière, en ce monde, le plus lointain royaume d'où l'on ait à répondre - la Chine. » (François Cheng) Après Segalen, Claudel, Michaux et Saint-John Perse, André Velter revisite l'épopée chinoise à travers ce long poème en prose, plus qu'un clin d'oeil à l'auteur d'Anabase, une marque d'admiration. Comme chez son modèle et inspirateur, il s'agit d'une épopée qui chante les déserts de Gobi et de Taklamakan, la conquête des cimes, le repos de bivouacs, le calme des oasis. Cette poésie vient des grands espaces, elle exalte l'errance, le déracinement, le nonrevendiqué.
-
Dans l'avenir à découvert Comme dans une larme de feu Où rien ne va à la cendre Où rien ne va au remords On comprend qu'il y a de l'or Qui règne sous la peau Et une vague violente qui n'espérait que ça.
A V.
-
Le titre est un refrain retenu de travers. Jamais le Chant des canons de L'Opéra de quat'sous n'a conduit les troupiers «du Gange à Zanzibar», mais «du Cap à Couch Behar». Cette erreur d'aiguillage ne relève pas pourtant du seul hasard : le premier repère est familier à l'auteur, le second apparaît fréquemment dans les lettres de Rimbaud comme autre dénomination de l'ailleurs. Du Gange à Zanzibar est le poème de la présence au monde et aux êtres, poème du mouvement et des migrations sans fin, avec jubilations et déchirements, visions, éclats de rire, commotions, lumière. Il est escorte de ce qui vit, viatique de ce qui passe.
-
André Velter nous donne à lire ses partitions («Le Grand Passage», «Ça cavale», «Farine d'orge et feuilles de laurier» et «Vieux chaman») qui appellent la musique, les voix, et suscitent une autre écoute de la poésie.