L'histoire fascinante et tragique de la survie de la première expédition en Antarctique à la fin du 19e siècle, à bord d'un navire belge, la Belgica, pris au piège dans les glaces. Sous la houlette du jeune explorateur Roald Amundsen comme officier en second et du médecin expérimental Frederick Albert Cook, l'équipage endurera pendant presque un an les longues nuits noires de l'hiver antarctique avant de rentrer à bon port. Un huis-clos habilement mené, qui tient du polar.
Ce recueil rassemble une série de textes inédits, introuvables ou peu connus d'Ella Maillart, parmi lesquels « Le sens du voyage » (1948) ; « Vers l'Everest » (1965), sur le rôle des coolies ; « L'école dans les nuages » (1966), sur une école créée en altitude par des sherpas ; « L'homme à l'aigle » ; « Le culte du serpent » en Inde ; « Noël avec soi-même » (inédit) ; « Souvenirs de mes voyages » (1945) ; ou encore le très caustique « La femme dans les expéditions » (1969).
Sur les thèmes de la solitude, de l'enfermement et du voyage, ce pastiche du travel writing date de 1794, fut un best-seller au XIXe siècle, et a été redécouvert en 2020 à la faveur du confinement. En 42 courts chapitres, un jeune militaire emprisonné à la suite d'un duel se livre à une odyssée drôlatique dans les limites de sa cellule, au long de laquelle il va à la découverte de lui- même. Une ode à la légèreté, à la méditation, à l'imaginaire, au potentiel des petits espaces.
Ces lettres aux trois hommes qu'Isabelle Eberhardt (1872-1904) a le plus aimés (son frère Augustin, qui se suicida ; son ami Ali Abdul Wahab ; et son mari Slimène Ehnni) nous font pénétrer dans l'intimité d'un être étrange, objet de scandale et de ferveur, une femme qui à vingt ans parle d'elle au masculin et tourne le dos à l'Europe de la Belle Époque pour accomplir son rêve de fusion avec le désert.
Rentré aux États-Unis au milieu des années 1990 après avoir longtemps vécu en Angleterre, le désopilant Bill Bryson nous avait raconté les péripéties de son quotidien dans American Rigolos (Payot, 2001). Outre observer la faune de ses concitoyens, il a voulu redécouvrir aussi son pays par un retour à la nature. Alors il s'est courageusement attaqué à l'Appalachian Trail, un sentier qui serpente à travers les montagnes sur 3 500 kilomètres, du Maine à la Géorgie.
Pour compagnon dans des paysages autrement plus tourmentés que son Iowa natal, Bill s'est choisi son vieux copain d'école, Stephen Katz, qu'il nous avait présenté dans Ma fabuleuse enfance dans l'Amérique des années 1950 (Payot, 2009). Le problème, c'est que Katz n'aime rien tant que regarder la série X-Files dans les motels. L'autre problème, c'est qu'en se promenant dans les bois on risque, comme dans la série, de croiser de drôles de créatures qui n'ont pas l'humour de l'auteur - des ours ou, pis, des randonneurs, sans oublier les petites plantes toxiques qui vous rendent plus vert qu'un Martien.
A l'été 2019, alors qu'elle parcourait seule, en Turquie, le trek du Chemin des Soufis, Linda Bortoletto faillit mourir dans les montagnes d'Anatolie centrale, victime d'une agression sexuelle dont elle réchappa par miracle et qui la laissa dévastée. Quelques mois plus tard, elle décidait de se lancer dans un périple de résilience et de purification en affrontant l'un des treks les plus difficiles de la planète, le Greater Patagonian Trail, qui, depuis Santiago du Chili, traverse les Andes sur trois mille kilomètres non balisés, absolument sauvages, dangereux, où règnent les quatre éléments : volcans en activité, torrents déchaînés, apocalyptiques tempêtes, végétation parfois infranchissable. Ce défi la conduira au bout du monde, là où renouer avec la vie.
En 2001 à New York, un professeur d'Harvard, spécialiste d'histoire afro-américaine, fait l'acquisition d'un étrange manuscrit. À l'issue d'une minutieuse enquête, il publie l'année suivante ce qui s'avère être le premier roman écrit aux États-Unis par une esclave ayant réussi à s'échapper, et très certainement le premier livre écrit par une Noire, avant même la guerre de Sécession.
Ainsi, dans les années 1850, à l'époque de l'immense succès de La Case de l'oncle Tom, oeuvre d'une Blanche, une femme noire rédigeait dans l'intimité de sa chambre une autobiographie romancée qui ne connaîtrait le succès qu'un siècle et demi plus tard. Loin de la Caroline du Nord, elle avait enfin conquis sa liberté dans le New Jersey où elle était devenue institutrice au sein d'une communauté afro-américaine.
Le joug s'était fait d'autant plus lourd pour la narratrice qu'elle avait pu recevoir une réelle instruction. Si son manuscrit tient du roman gothique et sentimental, s'il est fortement imprégné par la lecture clandestine de Scott et Dickens dans la bibliothèque des maîtres, c'est avec un talent bien à elle, par-delà les rebondissements de la fiction, qu'Hannah Crafts décrit l'esclavage au quotidien.
« Ai-je réussi à rendre les aspects si particuliers de cette institution ? » se demande-t-elle. Il n'y a pas à en douter : Autobiographie d'une esclave nous fait directement pénétrer dans la conscience et le coeur d'une ancienne esclave qui, à la veille de la guerre de Sécession, a choisi le roman populaire pour décrire et comprendre le monde impitoyable qu'elle avait fui.
Le 7 octobre 1927, Erika et Klaus, les « enfants terribles » du grand Thomas Mann, aînés d'une fratrie de six, quittent le port de Rotterdam pour New York. Elle a vingt-deux ans, lui vingt et un. Après divers échecs personnels, ils entreprennent ce tour du monde de neuf mois pour être réunis mais aussi pour faire parler d'eux en profitant de la célébrité de leur père, bientôt prix Nobel de littérature.
Ils vont demeurer six mois aux États-Unis, puis découvriront Hawaii, le Japon, la Corée et l'Union soviétique. L'apparente insouciance de ces deux jeunes gens qui s'amusent à se faire passer pour des jumeaux est à l'image de ces années d'avant la crise économique et les dérives fascistes.
Par-delà le ton léger de leurs observations, derrière les coulisses d'Hollywood dont ils côtoient tous les grands noms, Erika et Klaus Mann découvrent que l'Europe, « si minuscule vue du Kansas ou de Corée, n'est pas le monde ».