Dans quelles directions nos sociétés vont-elles aller avec la crise écologique et la pénurie d'énergie? Le fondateur de la permaculture est aussi l'initiateur d'une nouvelle approche écologique de la prospective. On s'accorde sur la réalité du désastre écologique ainsi que sur les ravages du « développement » industriel, mais à quoi pourront ressembler des sociétés plus écologiques ? Quels sont les scénarios d'avenir possibles ? La permaculture - projet de transformation indissociablement agricole et social - cherche depuis ses origines à répondre à cette question. Pour David Holmgren, l'un des cofondateurs de la permaculture, la descente énergétique est à la fois le scénario le plus plausible et celui qui a le moins retenu l'attention des chercheurs et des planificateurs. En regard des trois scénarios d'avenir plus classiques (surenchère technophile, développement durable et effondrement), la descente énergétique apparaît comme une voie mal explorée, qui pourtant répond pleinement au double enjeu du changement climatique et du pic des énergies fossiles.
Comment continuer d'habiter ce monde étrange, accéléré, qui préfère le jetable au durable, le virtuel au réel, la nouveauté à la pérennité ? L'architecture peut-elle encore faire sens, à l'heure où se multiplient les villes aseptisées, et où nous vivons toujours plus déconnectés des milieux qui nous accueillent ? Dans ce texte engagé et incarné, l'architecte et philosophe Mathias Rollot invite à redéfinir l'architecture à partir des idées du mouvement biorégionaliste. L'éthique biorégionaliste déplace nos manières de voir le monde et ouvre des pistes radicales, pour remettre l'architecture au service du vivant et de ses territoires, et d'une société plus juste et équitable. Entre architecture et philosophie, entre aménagement et animalisme, entre militantisme et recherche, ce texte animé connecte des mondes et ouvre de nombreuses pistes d'action
Kumpania décrit comment les Roms de Provence, fragments d'un peuple-résistance, se réinventent et s'organisent malgré les persécutions du 20e siècle et la privatisation de l'espace public de ces cinquante dernières années. Les Roms de Provence sont l'un des collectifs fugitifs contemporains qui vivent encastrés dans le territoire des États-Nations et en dépendent pour accéder à leurs lieux d'habitation. Pourtant français depuis 150 ans, ils sont contraints de vivre dans les lieux qu'on leur impose. Souvent situés dans des zones industrielles polluées, ces « aires d'accueil » sont aujourd'hui les seuls endroits où les personnes catégorisées comme « gens du voyage » peuvent habiter légalement dans leur caravane. Les Roms de Provence ont appris à métamorphoser les sites pollués dans lesquels ils sont tenus de vivre, pour tisser un monde réglé par ses propres rythmes, ses modes d'échange et son cosmopolitisme. Ils montrent discrètement, mais par un exemple de longue durée, que d'autres formes politiques que celle de l'État et de ses Institutions existent sur le territoire national.
À l'image d'un Sitting Bull, Quintin Lame (1880-1967) est l'Indien de Colombie qui a lutté sa vie entière contre l'accaparement des terres par les colons, et l'homme qui a permis la reconnaissance des terres indigènes dans la Constitution colombienne de 1991.
Dans ce texte profondément « métisse », marqué tout autant par le prophétisme biblique, le juridisme hispanique que par la tradition intellectuelle et spirituelle nasa, Quintin Lame articule une profonde réflexion sur les conditions de possibilité d'une grammaire de la libération indienne. Car, pour Lame, la conquête n'a pas pris fin avec les indépendances et l'avènement de la république : les Blancs persistent à inférioriser, au nom du progrès et de la citoyenneté, les savoirs, les institutions et les formes de vie des communautés indiennes.
Les pensées ne portent pas seulement sur les conditions de vie dans un monde marqué par la race ; elles concernent aussi sur nos conceptions du monde. En cela, elles participent d'un effort de décentrement décolonial.
Ce texte, dicté en 1939 et publié pour la première fois en 1971, constitue un document rare et précieux qui permet d'accéder à l'une des pensées décoloniales latino-américaines majeures du 20e siècle.
Contre l'idéologie du développement et ses évolutions récentes, Plurivers présente des visions du monde et des pratiques radicalement différentes qui, de tous les continents, pointent vers des futurs écologiquement sages et socialement justes. Ce dictionnaire rassemble plus de 100 articles sur des initiatives transformatrices et des alternatives aux processus actuellement dominants du développement mondialisé - incluant ses racines structurelles dans la modernité, le capitalisme, l'industrialisme, la domination de l'État et les valeurs masculinistes. Vandana Shiva, Rob Hopkins, Satish Kumar, Silvia Federici, Michael Löwy, Ariel Salleh... 124 auteur·rice·s du monde entier, chercheur·se·s et militant·e·s, racontent comment, sur les ruines du développement, d'autres mondes se préparent, résistent et renaissent. Un manuel pour l'avenir.
Que se passe-t-il lorsque seuls certains types de plantes et de personnes sont valorisés ? Dans Monocultures de l'esprit, la penseuse indienne Vandana Shiva s'attaque à ce qui pourrait être le problème central du « développement » : en maximisant certains types de production, nous éliminons systématiquement tous les autres types de vie, humaine et non humaine. L'autrice analyse de façon méthodique comment une certaine vision de la science portée par l'Occident a conduit à un système de monoculture dans l'agriculture et la foresterie - un modèle qui est en train d'être imposé à tous les pays des Suds, où il supplante des systèmes ancestraux véritablement durables de ces sociétés, et plonge des millions de personnes dans la pauvreté. Pour lutter contre ces monocultures de l'esprit, Shiva appelle à une démocratisation des savoirs légitimant la diversité, et à une « insurrection des connaissances subjuguées ». Cinq essais militants et accessibles sur les véritables implications de la monoculture, par une des plus grandes altermontialistes du Sud global.
- Un ouvrage né d'un débat avec Howard Zinn, à qui Dunbar- Ortiz reprochait d'avoir manqué son objectif avec Une Histoire populaire des Etats-Unis de faire une histoire des classes populaires en restant prisonnier d'un point de vue eurocentré.
- Une nouvelle histoire des États-Unis, non pas « du point de vue amérindien », mais révélant une histoire nationale structurée par le génocide et la colonie de peuplement.
- Un changement de paradigme historique qui réfute la théorie du « middle ground » (Richard White).
- Un ouvrage qui, en sondant l'histoire, permet de mieux comprendre l'Amérique contemporaine, la violence nationale et le thème du « suprématisme blanc ».
- Un ouvrage très abordable, pour tous les lecteurs, dans une édition adaptée pour le lectorat français - une entreprise de salubrité publique.
Contre la doctrine dominante, Sarah Vanuxem démontre dans cet ouvrage que la propriété ne peut pas être conçue comme ce « pouvoir souverain d'un individu sur les choses ». Même dans le droit moderne, dans le code civil lui-même, dans ses racines romaines et médiévales, la propriété est prise dans la communauté - les choses sont enracinées dans le commun.
En montrant qu'il est possible d'accorder des droits aux lieux, Sarah Vanuxem permet de sortir, de l'intérieur même de notre droit, de la conception occidentale moderne - et de faire converger nos héritages juridiques avec les perspectives écoféministes et indigènes les plus radicales.
Depuis une décennie environ, une scène des pensées de l'écologie a émergé en langue française. Comment décrire et nommer ce nouveau continent à la croisée des luttes, des arts et des sciences ? À quelles oeuvres collectives ses acteurs sont-ils en train de donner vie ? Quelles sont les grandes dynamiques en cours ? Comment l'écologie transforme-t-elle nos façons de penser et d'agir ? Une sélection d'auteurs, mais aussi de journalistes, éditeurs, traducteurs, libraires, militants... répond à ces questions.
Dans un monde régi par la domestication, le loup et le musulman apparaissent comme deux grandes figures fantasmatiques menaçant la « civilisation ». Ils ne respectent pas les frontières nationales, qui garantissent le maintien de l'ordre colonial.
Pour Hage, le crime écologique et le crime racial reposent sur la même volonté de « gouverner l'ingouvernable ». Parce qu'on ne gouverne ni les âmes, ni le climat, islamophobie et géoingénierie sont deux avatars de la même illusion domesticatrice - aux conséquences également funestes.
« Dans l'imaginaire collectif occidental, les figures du loup et du musulman, ou plus généralement de l'Arabe ou du migrant, ont en commun de représenter une menace pour l'ordre établi : ils sont vus comme des éléments ingouvernables. »
Tout commence par une question simple :
Pourquoi le dérèglement climatique est-il absent de notre littérature contemporaine ?
Le réchauffement climatique est un nouveau type d'événement, difficile à se représenter, car incompatible avec les récits et l'imaginaire qui ont structuré notre monde.
Ce phénomène constitue la réfutation de nos récits, de nos histoires et de nos mythes modernes. Ghosh nous invite donc à un remaniement de nos cadres narratifs.
D'abord en inventant une nouvelle littérature, qui en finisse avec le réalisme bourgeois d'une Nature immuable, située à l'arrière-plan des actions humaines.
Ensuite en réécrivant l'histoire de la modernité, pour en finir avec le mythe d'une industrialisation uniquement menée par les pays du Nord.
Enfin en interrogeant les États-nations, dont la structure impériale est indissociable de la débauche énergétique et du réchauffement climatique.
À travers une exploration des parcs nationaux d'Afrique australe, Estienne Rodary analyse l'érosion des formes de ségrégation typiques de la modernité. Il invite ainsi à considérer la coprésence comme phénomène majeur de notre monde globalisé.
En suivant la façon dont la conservation de la nature tente de surmonter les contradictions qu'elle génère, E. Rodary met au jour un processus de dissolution de la modernité.
En Afrique du Sud, la tentative coloniale de ségrégation spatiale a très tôt été menacée par la coprésence, ce qui justifia historiquement les politiques d'apartheid (contrôle des déplacements plus que des frontières).
Aujourd'hui, les politiques »connectives«, de la nature qui marquent le paroxysme de la modernité, signent aussi sa dissolution en brouillant les distinctions modernes entre sujet et objet, nature et culture, civilisé et sauvage.
Ces connexions font voler en éclat les frontières de la modernité et obligent à réinventer de nouvelles façons de se distancier. Ce faisant, elles créent de nouvelles formes de ségrégation.
«J'examine ici la façon dont le racisme est relié à la crise écologique. Mon espoir est que cela nous aide à mieux comprendre les deux phénomènes. J'en suis venu à penser qu'on ne peut plus être antiraciste sans être écologiste, et inversement.» Cet essai explore les racines communes à la domination écologique et raciale, et propose d'autres façons d'aborder l'altérité, qu'elle soit animale ou humaine.
Dans un monde « régi par la domestication », le loup et le musulman apparaissent comme les deux grands figures fantasmatiques dont l'existence même remet en cause l'ordre de la « civilisation » :
Car ils ne respectent pas les frontières nationales qui garantissent le maintien d'un ordre colonial toujours présent.
Pour Hage, le crime écologique et le crime racial reposent sur la même volonté de « gouverner l'ingouvernable ». Islamophobie et géoingénierie sont deux avatars d'une même passion domesticatrice.