Cet ouvrage s'inscrit dans une suite de travaux consacrés aux populations forestières d'Afrique centrale et, parmi elles, plus particulièrement aux Pygmées Aka. L'intérêt de l'étude de cette population réside dans le caractère très particulier de sa situation linguistique, sociale et politique. Cette ethnie parle une langue qui aujourd'hui lui est propre, bien que manifestement empruntée à un moment de son histoire à un groupe de Grands Noirs (bantu C 10), mais les conditions de relations avec son voisinage modifient constamment sa situation linguistique. Chasseurs-collecteurs, ils ont une parfaite connaissance de leur milieu forestier auquel ils présentent, de toutes les populations forestières locales, la plus harmonieuse adaptation. Cependant, ces «maîtres de la forêt», reconnus comme tels par tous, n'auraient pas de vocabulaire propre de leur domaine, si l'on en croit leur appartenance linguistique. L'origine non forestière des populations environnantes, auxquelles ils devraient leur nomenclature, rend cette hypothèse inconcevable. L'examen comparatif de leur vocabulaire éclaire la question d'un jour différent. De nos jours leur forêt, de plus en plus dévastée par une exploitation abusive, ne leur offre plus qu'un aléatoire et précaire refuge. Engagés malgré eux dans un processus socio-économique contraignant, ils s'acheminent vers un statut de sous-prolétariat exploité et déconsidéré. Ils restent pourtant les ultimes témoins d'une des dernières civilisations où l'homme sait exploiter la nature pour en vivre, sans la détruire.
Le présent volume, fruit d'une opération de recherche collective du laboratoire Langage, langues et cultures d'Afrique noire (UMR 8135, CNRS-INALCO), rassemble onze contributions portant sur les propriétés du pronom logophorique et du discours rapporté dans plusieurs langues d'Afrique centrale. Les différentes sections, illustrées de nombreux exemples de discours spontané, accordent une attention particulière à la dimension discursive des références aux « personnes » et des types de discours rapporté. L'introduction esquisse une typologie des traits les plus remarquables que révèle la comparaison des langues sous cet aspect.
Avec les contributions de S. Bornand, R. Boyd, P. Boyeldieu, F. Cloarec-Heiss, Y. Monino, P. Nougayrol et P. Roulon-Doko.
La conception aristotélicienne des principes divins est parcourue de tensions épistémologiques, archéologiques et proprement théologiques, qui constituent à la fois un défi pour Aristote lui-même et un ensemble de problèmes qu'il lègue à la tradition, qu'elle se revendique de lui, ou se fasse critique à son égard. Restituée au mouvement de la tradition, aux vicissitudes de ses relectures, la théologie aristotélicienne voit s'actualiser les potentialités qu'elle portait en son sein, et qu'Aristote lui-même, déjà, commençait d'explorer. Ce volume, sans prétendre à l'exhaustivité, souhaite, par la diversité de ses contributions, donner à lire quelques-unes de ces actualisations, qu'elles soient exégétiques ou polémiques, et tracer quelques linéaments de leurs effets historiques.
Ce volume est le fruit du programme de recherche « Guerre et paix en monde iranien. Revisiter les lieux de rencontre » (2015-2017) de l'Unité Mixte de Recherche « Mondes iranien et indien » et de conférences données dans le cadre d'un atelier lors du deuxième congrès du Groupement d'Intérêt Scientifique « Moyen-Orient et Mondes musulmans » (juillet 2017). Florence Jullien (dir.)
Charles-Martin Kieffer s'est éteint le 4 février 2015. Homme de terrain hors pair, sa contribution essentielle aux études iraniennes dans le domaine de linguistique fut la description de deux langues en voie de disparition : l'ormuri de Baraki-Barak et le paraci. Dialectologue - sa participation à l'Atlas Linguistique de l'Afghanistan fut primordiale - mais avant tout ethnologiste, il a toujours été soucieux tant des faits linguistiques que des réalités sociologiques. En témoignent tout particulièrement les données recueillies pendant plus de vingt ans (1957-1980) sur les tabous et obligations de langage tels qu'ils existaient en milieu villageois. Après avoir quitté - mais pas abandonné - le terrain afghan, sa curiosité demeura la même à l'égard de la situation linguistique (langues résiduelles) en Alsace.
Les 16 articles ici réunis en son hommage portent sur des recherches tant linguistiques qu'anthropologiques, et concernent la sphère (indo-)iranienne - élargie, pour l'un d'eux, au voisinage turcophone.