Un polar contemporain qu'il faut lire pour ne pas en être la victime.Avec la montée en puissance des réseaux sociaux, une lame de fond s'abat sur les démocraties : le tissu social se déchire, les opinions sont manipulées, les élections sont déstabilisées. Si les outils numériques ont représenté une innovation majeure dans la production et la diffusion de savoirs, ils ont également leurs côtés obscurs : ils donnent les clés de l'influence sociale à tout acteur, politique ou étatique, qui souhaiterait asseoir ses idées auprès d'un grand nombre de nos concitoyens.Comment se prémunir des intoxications et sauver notre démocratie de l'overdose numérique ?La science révèle notre dangereuse inadaptation à la nouvelle donne numérique mais nous aide également à en combattre les ravages. Livrant une analyse stupéfiante des effets de l'action des GAFAM dans notre quotidien, David Chavalarias propose des pistes concrètes, tant individuelles que collectives, pour nous en protéger.
La rhétorique est partout. Dans les discours politiques comme dans les spots publicitaires. Dans les réunions professionnelles comme dans les dîners de famille. Dans les entretiens d'embauche comme dans les rendez-vous galants. Pas un jour ne passe sans que nous ayons à défendre une idée, un projet, un produit ; et à nous protéger contre d'éventuelles fourberies. Que cela nous plaise ou non, convaincre est un pouvoir. À nous d'apprendre à le maîtriser.
Et de savoir y résister.
Car la rhétorique n'est ni innée, ni inexplicable. Elle repose sur une technique, obéit à des règles, mobilise des procédés, des stratagèmes, des outils. Dans ce traité accessible et concret, ponctué d'exemples et de cas pratiques, Clément Viktorovitch nous en révèle tous les secrets. Au fil des pages, il nous montre comment produire et décrypter les discours, mener les débats et les discussions, déjouer les manipulations.
L'art de convaincre est un pouvoir trop grand pour ne pas être partagé !
La sélection que nous proposons des pensées de Dostoïevski doit permettre au lecteur français de mieux comprendre quelle était sa vision du monde, sans dissimuler sa complexité ni son caractère profondément dérangeant, d'un point de vue philosophique et d'un point de vue politique.
Un livre qui puise dans 3000 ans d'art oratoire et dans les coulisses des grands orateurs pour livrer des secrets d'éloquence.
Les écrits restent, dit-on, et les mots s'envolent. C'est oublier trop vite l'immense pouvoir de la parole quand elle est maîtrisée. Car l'éloquence est une arme, aussi bien qu'un art - un art qui s'apprend, se cultive, se perfectionne... Comment convaincre sans ennuyer ? Comment oser, séduire, monter à la tribune, tout en restant soi-même ? Justesse, simplicité, répartie, posture du corps... l'éloquence a ses secrets de fabrication.
Beaucoup sont réunis ici, avec clarté et gourmandise, à destination des timides et des enroués. N'attendez plus qu'on vous la donne : prenez la parole !
«La parole est au coeur de toutes les attentions:multiplication des concours d'éloquence, création du Grand Oral du baccalauréat, institution de la lecture comme grande cause nationale, succès inédit des films, émissions, livres, podcasts et formations qui lui sont consacrés.Pourtant le débat, lui, se porte mal. Soumis à la culture du buzz et du clash, parcouru d'anathèmes, crispé par les conflits identitaires, il est le symptôme de notre difficulté à nous comprendre, à nous écouter et finalement à faire société. C'est que parler est une chose, mais savoir de quoi parler, avec qui, où et dans quel cadre en est une autre.Malgré tout, nous croyons à la possibilité de réenchanter le débat public.Parce que nous sommes persuadés que la discussion et la controverse sur lesquelles se sont construites nos démocraties demeurent fécondes pour lutter contre les embrigadements et les séparatismes.Parce que défendre des valeurs différentes n'interdit pas de nous parler.Parce que c'est du choc des pierres que naît l'étincelle.»
La profusion des canaux d'information a bouleversé la manière de s'informer. Les réseaux sociaux constamment nourris par les internautes côtoient le JT du soir. Chaque évènement est bousculé par un autre dans les minutes qui suivent, ne laissant ainsi plus le temps de s'en imprégner. L'attention des personnes en permanence stimulée par cette masse de nouvelles les expose à des réactions de rejet et de déprime grandissantes. Des stratégies d'évitement sont mises en place et conduisent parfois à une mise en retrait du champ informationnel, stratégie évidemment dangereuse pour la vie démocratique.
Comment se prémunir de ce nouveau syndrome de fatigue informationnelle ? Au-delà de l'analyse précise du syndrome et de son ampleur, les auteurs esquissent des solutions.
« Le monde de l'éducation est une espèce d'île où les individus, déracinés du monde, se préparent à la vie en y restant étrangers. » Cette critique, radicale, que Maria Montessori adressait à l'école, l'a conduite à penser et à expérimenter une autre pédagogie.L'esprit absorbant de l'enfant est son dernier ouvrage. Elle le présentait elle-même comme « un chaînon dans le développement de notre pensée et de notre oeuvre pour la défense des forces de l'enfance ».
Une des premières femmes médecins d'Italie, Maria Montessori (1870-1952) est mondialement connue pour la pédagogie qui porte son nom.
Mémona Hintermann porte avec une rare liberté de ton, un double regard sur son métier de journaliste. Grand Reporter pendant une trentaine d'années dans les principales zones de conflits de la planète, elle livre depuis le terrain, «embarquée» ou au plus près des civils, un regard lucide. Puis, comme membre du CSA (2013-2019), elle parti- cipe aux nominations des dirigeants de l'audiovisuel public mènant une action sur l'ensemble du paysage audiovisuel - sanctions ou attributions de fréquences notamment, pendant son mandat de 6 ans.
Connaissant les défauts du système médiatique au coeur de la société française, elle livre à travers des témoignages de premières mains, et avec une parole libre, ses réflexions pour une réforme de l'audiovisuel public annoncé par le PR.
Mémona Hintermann n'a jamais baissé la tête. Elle ne mâche pas ses mots non plus : la réussite, la laïcité, les femmes. À travers l'exemplarité de son parcours, unique par sa diversité et sa longévité - 50 ans de carte de presse- celle qui fait partie de la génération des Grands Reporter pionnières, aborde sans tabou ni langue de bois, les questions politiques et sociales qui bousculent la France contemporaine.
Connue surtout pour sa méthode pédagogique touchant aux premières années de la scolarisation - à travers les « Maisons des enfants » dont la première a été créée en 1907 à Rome -, Maria Montessori s'est également intéressée aux premières relations de l'enfant dans sa famille. Une réalité très sensible aujourd'hui où bon nombre de parents ne savent plus se situer dans une juste relation avec leurs enfants, qui puisse concilier respect et autorité.Ce livre rassemble les textes d'une série de conférences données en 1923 à Bruxelles sur ce thème. Maria Montessori propose ainsi, à sa manière, un guide à l'intention des parents et éducateurs, pour éviter toute incompréhension ou tentation d'autoritarisme.
Une des premières femmes médecins d'Italie, Maria Montessori (1870-1952) est mondialement connue pour la pédagogie qui porte son nom.
Et si on mettait de côté les clichés, les idées reçues, tout le " bullshit " qu'on entend régulièrement sur la communication non verbale et le comportement humain de manière générale ?
C'est l'ambition de cet ouvrage, qui éclaire de manière scientifique et ludique la signification des gestes et le pouvoir des mots de votre entourage - et de vous-même. L'auteure, Élodie Mielczareck, réputée pour ses analyses fines et sans concession de la sphère politique et des célébrités, y livre avec force détails, profondeur et humour toutes les clés de la communication au quotidien.
Vous découvrirez ainsi ce qui façonne les interactions humaines, dans le monde réel comme digital : les attitudes de séduction, de domination, de rejet, mais aussi le mensonge, la dissimulation et d'autres aspects de votre vie sociale.
Ces comportements nous concernent tous, nous sommes tous amenés à les adopter à un moment donné, en fonction du contexte et de notre personnalité. S'ils sont généralement temporaires, il peut arriver qu'ils s'inscrivent dans la durée et qu'ils soient vécus à l'extrême : cela, c'est la connerie... Alors imaginez tout le temps et l'énergie que vous allez économiser en repérant les cons de loin !
Tout enseignant connaît ce moment où les élèves sont si attentifs que leurs yeux s'illuminent. Un moment où le contact entre esprits devient palpable. À l'inverse, il connaît aussi le sentiment de parler dans le vide. Ses efforts restent sans écho, rien ne répond. Enseignement et apprentissage ne sont en effet possibles que lorsque l'école devient un espace de résonance. Inversement, ils échouent là où les interactions restent muettes. Mais comment l'école peut-elle devenir cet espace ? Hartmut Rosa, le penseur de la résonance - concept qu'il a introduit pour répondre à l'accélération contemporaine -, s'interroge ici sur ce qui se passe quand, selon son expression, « la classe crépite ». En répondant aux questions de Wolfgang Endres, un pédagogue de profession, il expose concrètement en quoi pourrait consister une pédagogie de la résonance. Compétence, performance et résonance, relation de confiance, humour, retours d'expérience réciproque, « emmétamorphose »... Autant de pistes qui nourriront la réflexion des enseignants désireux de repenser les processus d'apprentissage, mais aussi de toute personne dans la situation d'apprendre quelque chose à quelqu'un - donc tous les parents !
L'intérêt de l'histoire de la langue hébraïque dépasse de loin le cadre purement linguistique. Langue de la Bible, l'hébreu fut longtemps considéré par les théologiens comme la mère de toutes les langues. Son histoire suit celle du peuple hébreu puis celle des juifs dans leurs diverses pérégrinations. Après des siècles de somnolence pendant lesquels l'hébreu ne fut qu'une langue liturgique et une langue écrite, il connaît depuis près de cent ans une véritable résurrection sur la terre qui l'a vu naître.
Pour Henriette Walter l'aventure des mots se confond avec celle des hommes dont elle nous fournit quelques clés essentielles. Suivant une méthode d'investigation qui la conduit à avancer pas à pas et mot à mot dans cette histoire parallèle, la grande linguiste offre ici au lecteur des incursions inédites dans son univers de chercheur et les coulisses de l'analyse lexicale. Elle montre, avec cette érudition sérieuse et ludique à la fois qui la caractérise, par quels « traits de sens » particuliers les différents noms imposent leur spécificité : tel le sabot distinct des autres chaussures par sa semelle de bois ; ou l'interrogatoire, forme de dialogue caractéristique, comme la chaise ne saurait se confondre avec le fauteuil.
Au fil des pages, on apprend que dans les toponymes se cachent les plus vieux mots de la langue (caillou, calanque, chalet...), que le vocabulaire du corps humain et celui des soins qui y sont apportés se partagent entre origine latine (anatomie) et grecque (physiologie et médecine), que les noms des vêtements, de la monnaie ou de la parenté sont des produits de l'histoire, quand ceux du mouchoir ou du pain renvoient plutôt à la géographie.
On sera surpris de découvrir pourquoi les sièges ont des noms imagés vraiment énigmatiques (bergère, marquise ou duchesse brisée, ou encore crapaud), tandis qu'on trouvera tout naturel que les mots d'amour occupent une place de choix dans les chansons et la littérature.
Dans sa préface, où il évoque le travail de sa mère pour la première fois, Hector Obalk souligne tout ce qu'il doit, comme chaque lecteur d'Henriette Walter, à cet apprentissage savant des mots, manière passionnante et savoureuse de mieux saisir la richesse du réel.
La première grande grammaire de la langue écrite et parlée contemporaine, mettant à l'honneur la diversité de tous les usages écrits et oraux, y compris quand ils s'écartent des normes enseignées. L'outil indispensable pour les étudiants et les enseignants, et tous les amoureux de la langue.
En dialoguant avec le jeune philosophe espagnol Javier Bassas, Jacques Rancière explicite et illustre une idée qui est au coeur de tout son travail : les mots ne sont pas, comme on le dit souvent, les ombres auxquelles s'oppose la réalité solide des choses. Les mots sont eux-mêmes des réalités dont l'action construit ou subvertit un ordre du monde. En politique, le combat des opprimés a constamment emprunté aux maîtres leurs mots et détourné le sens de ces mots pour briser le consensus, c'est-à-dire le rapport établi entre les choses et les mots qui compose le paysage sensible de la domination. Cette puissance des mots qui défait un ordre établi en subvertissant le paysage normal du visible, Jacques Rancière la montre encore à l'oeuvre dans les mouvements démocratiques récents depuis la révolution de jasmin tunisienne jusqu'aux mouvements d'occupation des places.
Édité pour la première en français en 1968, épuisé depuis la fin des années 1970, ce classique oublié rappelle la relégation toujours d'actualité des enfants pauvres. Mais ici la critique de l'école reproductrice d'un ordre social injuste est formulée par ceux qui le subissent.
« Chère Madame, Vous ne vous rappellerez même pas mon nom. Il est vrai que vous en avez tellement recalés. Moi, par contre, j'ai souvent repensé à vous, à vos collègues, à cette institution que vous appelez l'«école», à tous les jeunes que vous «rejetez». Vous nous rejetez dans les champs et à l'usine, et puis vous nous oubliez.
Il y a deux ans, en première année à la Normale, vous m'intimidiez. J'ai d'abord pensé que c'était une maladie que j'avais, ou que peut-être ça tenait de ma famille. Plus tard j'ai cru que la timidité était un mal des pauvres, que les ouvriers laissent aux fils à papa tous les postes de commande dans les partis et tous les sièges au parlement. La timidité des pauvres est un mystère qui remonte à loin... » Extrait de l'avant-propos de Pier Paolo Pasolini.
C'est un livre qui m'a immensément plu parce qu'il m'a tenu constamment en haleine, entre éclats de rire, véritables, physiques, et noeuds à répétition dans la gorge. C'est ce qu'on ressent devant des livres qui redécouvrent quelque chose de manière inédite et neuve, et qui offrent comme un sens de vertige, de liberté, par leur jugement du monde qui nous entoure. Avec ce livre, je me suis retrouvé plongé dans l'un des plus beaux que j'ai lu ces dernières années : un texte extraordinaire, pour des raisons littéraires aussi. On y trouve d'ailleurs l'une des plus belles définitions de la littérature que j'ai jamais lues : la poésie serait une haine qui, une fois examinée en profondeur et clarifiée, devient de l'amour.
Dans son court avant-propos ( inédit en français), Pier Paolo Pasolini présente la singularité de l'école de Barbiana, fondée sur une culture rurale, pour en montrer les vertus et les limites.
Dans sa préface, Laurence De Cock revient sur l'histoire de ce livre, son contexte de production, sa réception en Italie et en France, analysant ce point de vue « de classe » sur le système scolaire, sa singularité et son universalité.
Marc Crépon propose une lecture des travaux de Derrida portant sur la relation entre l'identité et l'héritage des langues. Il entend déconstruire les idéologies nationalistes qui font de la langue un enjeu politique et social d'identité, oubliant que celle-ci n'est jamais fixe, qu'elle évolue et se métisse au gré des apports. Elle ne peut ainsi être la propriété de personne, ni être utilisée comme facteur de domination.
Dans ce séminaire qui s'adresse à tous et ne suppose rien,Marc Crépon lit et nous fait lire Monolinguisme de l'autre un texte bref, paradoxal et terriblement actuel de Jacques Derrida.
Il s'agit, tout compte fait, de « l'enjeu politique de ce temps » : comment défendre la différence linguistique, celle du français comme celle du moldave ou de l'ukrainien, sans céder au nationalisme ? Je n'ai qu'une langue, écrit Jacques Derrida, et ce n'est pas la mienne. Il faut comprendre comment et pourquoi « une langue, ça n'appartient pas ». À partir de ce constat : l'identité, telle que fantasmée et revendiquée par certains discours nationalistes, est une fiction, Marc Crépon propose une éthique et une politique du dire, de l'écrire, du traduire.
31 août 2018. J-3 avant la rentrée des classes. Au lycée Joliot-Curie de Nanterre, en banlieue parisienne, la colère gronde en salle des professeurs. À peine nommée à la tête d'un établissement qui a la réputation d'essorer ses proviseurs, Barbara Martin affronte une fronde des enseignants et une flambée de violence des élèves. Pourtant, la plus jeune lauréate du concours de chef d'établissement s'impose avec son style iconoclaste.
Sa méthode - bienveillance, écoute et dialogue - s'envisage comme une révolution de l'éducation, de l'apprentissage et de l'enseignement. Face à la mauvaise image du lycée, au défi de la réforme décriée du baccalauréat, à l'onde de choc causée par l'assassinat de Samuel Paty et à l'épidémie de Covid-19, Barbara Martin innove: elle tente l'arrêt des notes, conteste sa hiérarchie quand elle estime ne pas servir les élèves, et s'affranchit des convenances pour venir en aide aux plus fragiles.
En trois ans, la proviseure affine sa recette sur le terrain, jusqu'à sortir Joliot-Curie de l'impasse et faire de la direction scolaire une alliée pour tous les élèves. Celle qui métamorphose le lycée jour après jour raconte de l'intérieur l'école d'aujourd'hui et brosse un portrait résolument optimiste de la jeunesse.
Barbara Martin est aujourd'hui cheffe d'établissement du lycée français de Toronto (Canada).
Un avertissement implacable sur les dérives de notre système éducatif, qui questionne aussi bien les valeurs que les rôles imposés par l'institution.
Un cri d'alarme, mais aussi une promesse de réenchanter l'école, lieu fondateur de nos démocraties et de notre épanouissement.
« Il n'y a pas d'enfants stupides, il n'y a que des éducations imbéciles. ».
Ennui des élèves, découragement des enseignants... l'avertissement de Raoul Vaneigem détonne, questionnant les valeurs et le rôle majeur de l'école dans la société. Il appelle à réenchanter la salle de classe, refuser la soumission, et remettre l'humanité au coeur de l'éducation. À retrouver un lieu d'autonomie, de savoir heureux et de création épanouissante, c'est-à-dire « ouvrir l'école sur une société ouverte ».
« J'ai tenu ce journal au début des années 2020, quand on pouvait encore faire la différence entre la parole et la communication. Mais déjà, dans beaucoup de situations, on n'y voyait plus très clair. » Psychanalyste de métier, Yann Diener pioche dans le langage courant des mots et des expressions venus du jargon informatique, tels que « Pendant toute mon enfance j'ai fait l'interface entre mes parents » ; « Je suis déconnecté de ma famille » ; « Je dois me connecter mais je n'ai pas le code pour ouvrir ma session ». Autant de formules utilisées uniquement par des informaticiens il y a quelques années. Yann Diener tente de mesurer les conséquences individuelles et collectives de ce glissement de la parole vers le langage machine, lequel est fondé sur un codage binaire.
Digicodes, codes de messageries, mots de passe, cryptogrammes : nous passons beaucoup de temps à « saisir » des codes. Et quand nous utilisons nos ordinateurs et nos téléphones, nous ne remarquons plus que nous faisons « tourner » des lignes de code.
Cette enquête nous conduit au cas du mathématicien Alan Turing et à la machine utilisée par les nazis pour coder leurs communications militaires. L'auteur propose une hypothèse originale : nous vivons sous le régime d'un trauma nommé Enigma. Nous passons notre temps à répéter une opération de codage et de décodage que la lutte entre Turing et les cryptologistes allemands avait inaugurée - Turing en était sorti vainqueur en inventant l'ordinateur. Le fantôme d'Enigma vient ainsi hanter notre monde numérisé.
En philologue de notre modernité, l'auteur montre les racines communes entre le vocabulaire théologique et la LQI, la langue quotidienne informatisée : au XVe siècle, il était question de « Dieu ordinateur du monde », au sens de Dieu mettant de l'ordre dans le monde. Dans LTI - La langue du IIIe Reich, Victor Klemperer montrait comment la mécanisation de la langue allemande avait permis de mécaniser la pensée et de banaliser des actes déshumanisés ; Yann Diener dévoile dans ce livre comment l'informatisation du langage rend notre pensée toujours plus binaire, ce qui participe de l'actuelle surenchère identitaire.
« C'est le point de vue qui crée l'objet. » (Ferdinand de Saussure).
Monument des sciences humaines, le Cours de linguistique générale a bouleversé dès sa parution en 1916 les sciences du langage, mais aussi l'anthropologie, la préhistoire, l'ethnologie, la sociologie, la psychologie ou la psychanalyse, et jusqu'à notre vision de l'être humain. Mettant l'accent sur la dimension relationnelle du langage, conçu fondamentalement comme un instrument de communication, Ferdinand de Saussure (1857-1913) y proposait une façon révolutionnaire de penser la langue, une théorie du signe, et annonçait l'avènement d'une discipline nouvelle : la sémiologie, cette « science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale » et dont la linguistique fait partie.
Spécialiste du développement de l'enfant, Édouard Gentaz dresse le bilan des connaissances sur les mécanismes cognitifs et affectifs de l'apprentissage et propose des pistes concrètes pour favoriser l'acquisition de connaissances et compétences, dès le plus jeune âge.
Cet ouvrage donne des repères pour évaluer les recherches en éducation. Définir le geste pédagogique efficace pour chaque contexte, c'est un défi à relever grâce à une collaboration main dans la main entre chercheurs et praticiens.
Les neurosciences sont bien souvent brandies comme des preuves pour légitimer une méthode pédagogique. L'auteur met en garde contre les dérives d'une neuro-illusion collective qui fait perdre de vue le véritable apport de ces recherches.
Pour tous les acteurs du monde de l'éducation, ce livre fait la synthèse des données de la recherche pour interroger les pratiques pédagogiques et la formation des enseignants.
La pluralité des langues est le plus souvent considérée comme un mal : elle entraverait l'intercompréhension et attiserait toutes sortes de conflictualités. De fait, l'histoire montre comment les langues peuvent se trouver à la fois instruments et parties prenantes dans des relations d'inégalité et de domination entre individus et entre groupes sociaux. Cet ouvrage propose de renoncer à investir les langues d'enjeux symboliques ou identitaires, et de les aborder d'un point de vue proprement linguistique : en les concevant comme autant de constructions intellectuelles sophistiquées, issues d'élaborations collectives presque toujours inconscientes, et qui produisent le sens. Il analyse les dérives politiques et idéologiques qui, par ignorance, contresens ou pulsion nationaliste, ont dénaturé les avancées les plus sérieuses en sciences du langage, faussé les représentations des langues, et empoisonné les relations entre leurs locuteurs. Il s'attache particulièrement à l'histoire linguistique de la France, avec les idées et les mesures qui s'y sont développées vis-à-vis de la langue nationale, des autres langues parlées par ses ressortissants métropolitains et ultramarins, et des langues étrangères, présentes ou non dans l'immigration. Il montre comment le français, élément d'un patriotisme émancipateur à la Renaissance, est devenu au Grand Siècle l'instrument d'un suprémacisme autoritaire et intimidateur, puis, à partir de la Révolution, le symbole presque sacré de l'unité nationale, avec comme principales victimes les langues dites aujourd'hui régionales. Il examine le développement parallèle d'une normativité intolérante à toute variation interne d'ordre dialectal ou sociolectal, et d'une prétention à l'excellence, reposant sur un ensemble de critères confus, erronés ou irrationnels, qui commence avec Malherbe, culmine avec Rivarol, et est reprise de nos jours par plusieurs auteurs. Les stéréotypes positifs ou négatifs qui font de la pluralité des langues un domaine inégalitaire et conflictuel, avec des locuteurs forcément gagnants ou perdants, peuvent être décrédibilisés par une connaissance rationnelle des langues, de leur histoire et de leur fonctionnement grammatical, qui permet une appréciation raisonnée et non passionnelle aussi bien des spécificités de chacune que des propriétés partagées par toutes ou par certaines parties d'entre elles. Faisant appel aux acquis consensuels des sciences du langage, à diverses approches contemporaines du plurilinguisme, et à son expérience de formateur d'enseignants en contexte plurilingue, l'auteur plaide pour dépouiller l'ensemble des langues de toute position emblématique ou incantatoire, et propose des pistes pour une exploitation des potentialités liées au bi- et plurilinguisme : curiosité intellectuelle, goût de l'observation, conception plus riche du langage, développement des capacités d'abstraction, ouverture à l'autre, convivialité, humour et, en prime, des raisons de bon aloi d'aimer la langue française.