Simone Veil accepte de se raconter à la première personne. Personnage au destin exceptionnel, elle est la femme politique dont la légitimité est la moins contestée, en France et à l'étranger ; son autobiographie est attendue depuis longtemps.
Elle s'y montre telle qu'elle est : libre, véhémente, sereine.
«Poutine est un homme qui au XXI? siècle mène une guerre du XX? pour atteindre des objectifs du XIX?.»La polémique est un genre dont je me méfie vivement, et que je pratique avec parcimonie. Je n'ai jamais pensé que le fait d'avoir écrit des livres, d'être considéré, d'une certaine manière, comme une personne publique, donnait le droit d'exprimer ses opinions à tout vent. Mais parfois l'on n'a pas le choix ; parfois, le silence équivaut à la complicité. Lorsqu'un pays en agresse un autre, comme la Russie a agressé l'Ukraine ce 24 février 2022, se taire serait faire le jeu de l'agresseur, serait trahir l'agressé. Cela vaut d'autant plus lorsqu'on a passé des années dans les deux pays, lorsqu'on y a des amis, des deux côtés. Pour les uns, comme pour les autres, il importe de choisir son camp.J.L.
Que savons-nous des plans échafaudés par nos partenaires et adversaires ? La guerre en Ukraine nous a brutalement rappelé qu'une décision prise par un chef d'État a un impact sur le sort de millions de personnes. Pour rompre avec une vision du monde souvent nombriliste, la France doit mieux comprendre les ambitions des autres grandes puissances. C'est l'objectif de cet essai inédit et stimulant.
Quelle importance accorder à la foi religieuse dans les stratégies conduites par la Turquie d'Erdogan, l'Iran de Khamenei et l'Arabie saoudite de MBS ? De quelle manière les orientations prises par l'Allemagne de Scholz, la Russie de Poutine et la Chine de Xi Jinping reconfigurent-elles l'Eurasie ? Le Royaume-Uni et les États-Unis se définissent désormais comme des «démocraties maritimes ». Qu'en est-il de l'Inde ?
Combinant temps long et ruptures récentes, Thomas Gomart nous invite à regarder «d'en haut» neuf grandes stratégies. Pour concevoir sa propre vision, Paris doit intégrer celle des pays avec lesquels elle entretient des relations cruciales tout en considérant le contexte global : réchauffement climatique, crise énergétique, conflits, innovations technologiques ou encore flux économiques et numériques. Au regard des transformations à l'oeuvre, il y a urgence pour la France à repenser sa stratégie pour les décennies à venir si elle veut encore compter dans le monde.
«Jamais la puissance publique n'aura à ce point démissionné devant des enjeux vitaux, pour aujourd'hui et pour demain.»On n'a sans doute jamais eu autant besoin de puissance publique, face aux bouleversements en cours et aux catastrophes qui s'annoncent. C'est la direction opposée qui est choisie : baisses d'impôts pour les privilégiés et les entreprises, poursuite insensée de la croissance infinie et laisser-faire irresponsable. Cinquante ans après le rapport Meadows (1972), alors que 60% du vivant a disparu et que des milliers de scientifiques appellent désormais à la désobéissance civile, il est vital de prendre les décisions auxquels les forcenés du profit s'opposent. Ils nous font perdre du temps. Et la vie.
La crise de régime que nous vivons en France n'est pas qu'une affaire de droit constitutionnel. Elle touche les institutions, mais aussi les compromis sociaux et l'horizon de sens donné au pays. Sur ces trois dimensions, la Ve République accumule désormais les contradictions et les archaïsmes. Sa vulnérabilité augmente face aux tentations autoritaires. Un nouveau partage des pouvoirs serait salvateur, pour une République enfin sociale et écologique.
Il y a vingt-cinq siècles, dans la Chine des «Royaumes Combattants», était rédigé le premier traité sur «l'art de la guerre».
Christophe Nobili est journaliste au Canard Enchaîné. Il y a trois ans, il découvre l'existence de la carte de presse d'Edith Vandendaele, salariée de la rédaction pendant vingt-cinq ans.
Problème : il ne l'a jamais vue. Il tique. Enquête. Et s'aperçoit que, de 1996 à 2020, le salaire mensuel d'Edith a oscillé entre 4 et 6 000 euros brut. Augmentée chaque année, bénéficiaire de primes, la dame a touché, en tout, un peu plus de 1,5 million d'euros. Avec les charges, ce montant s'élève à 3 millions pour l'entreprise.
Cette affaire ressemble un peu trop à l'emploi fictif de Pénélope Fillon, que Christophe Nobili avait lui-même révélé en 2017... Elle le plonge dans une cruelle désillusion.
Le récit d'un dilemme, d'une investigation secrète et d'un séisme qui secoue un temple de la presse française.
Dans un monde néolibéral où tous les coups sont permis, la France n'a plus d'alliés, seulement des concurrents ; sur tous les terrains, ses positions sont contestées. Nos élites se sont progressivement vendues aux plus offrants, au point qu'elles sont sous l'emprise d'intérêts étrangers, parfois contradictoires. Airbus, Alstom, Areva, EDF : les industries stratégiques françaises sont au coeur d'une guerre économique brutale face aux États-Unis, à la Chine et à la Russie, où les batailles se gagnent à coups d'interventions de barbouzes, d'avocats et de banquiers d'affaires. Une enquête édifiante sur les scandales diplomatiques récents et sur cette France prise au piège de la nouvelle Guerre froide.
Dans l'opacité du plus grand système totalitaire de la planète, sacré pour la troisième fois à la tête du Parti ?communiste, de l'armée et de l'État, Xi Jinping est le maître absolu de la Chine, aujourd'hui deuxième économie mondiale. Un développement extraordinaire qui, en deux générations à peine, a sorti de la misère des centaines de millions de personnes, et assuré leur immense fortune à des entrepreneurs hors pair. Comme aux États-Unis, 1 % des Chinois les plus fortunés contrôlent plus du tiers de la richesse nationale. On les connaît à peine, les Jack Ma d'Alibaba, Pony Ma de Tencent, Ren Zhengfei de Huawei, Zhang Yiming qui a créé TikTok, Yang Huiyan, la patronne de Country Gardens, ou la reine du botox Zhao Yang... Trop d'influence, trop d'arrogance - au risque de casser les ressorts de l'économie, Xi Jinping les a mis sous tutelle et a maintenu pendant près de trois ans 1,4 milliard de personnes dans le carcan du zéro Covid. La croissance fléchit, le chômage grimpe, des manifestations surgissent. Début 2023, changement radical, priorité à l'économie. Ukraine, Taïwan, haute technologie?: la confrontation avec les États-Unis durcit. Xi Jinping peut-il réussir son pari sans les milliardaires rouges, et imposer au monde la suprématie chinoise??
682, c'est le nombre de jours que Roselyne Bachelot a passés au ministère de la Culture sous la présidence d'Emmanuel Macron. Dans ce journal d'une ministre, Roselyne Bachelot fustige le bal des hypocrites, ceux qui n'ont pas voulu reconnaître la culture comme «bien essentiel», ceux qui lui ont mis des bâtons dans les roues alors qu'elle luttait pour garder en vie les salles de spectacles, le cinéma, les troupes de théâtre. Elle n'oublie pas les technos de tout poil et les obsédés de l'ordre sanitaire, qui laissaient circuler les rames de métro bondées mais interdisaient l'ouverture des théâtres et des cinémas. Elle égratigne certains artistes qui ont joué les victimes sacrifiées alors que l'argent public coulait à flot et décrit sans complaisance les complots misérables de politiciens en perdition. Roselyne tire à vue.
Un récit explosif s'appuyant sur des archives et des témoignages inédits. Le Figaro MagazineRarement une bande d'amis n'avait joué un tel rôle dans l'Histoire. D'une discrète pension religieuse aux fastes de l'Elysée, Sébastien Le Fol nous raconte comment un clan, après mai 1981, a tiré les ficelles de la politique et des affaires pendant quinze ans, héritage qui reste largement d'actualité. François Mitterrand ; Pierre de Bénouville, éminence grise de Marcel Dassault, André Bettencourt, ministre et deuxième fortune française par sa femme et François Dalle, longtemps P-DG de L'Oréal : l'ambition toute balzacienne de cette bande, soudée par la guerre, le passage à Vichy, puis la Résistance, a quelque chose de fascinant. Ces quatre mousquetaires n'ont cessé de se faire la courte échelle. Et ils ont tout partagé : l'argent, l'amour, le pouvoir. Les secrets aussi. Au terme d'une exceptionnelle enquête, l'auteur décrypte l'itinéraire invraisemblable de l'ancien président - de l'extrême droite à l'union de la gauche - dévoilant ainsi la face cachée d'un système sur lequel on croyait tout savoir.Ex-directeur de la rédaction du Point et ex-directeur adjoint de celle du Figaro, Sébastien Le Fol est journaliste et auteur. Il a publié Reste à ta place... (Albin Michel, 2021) et dirigé un ouvrage collectif, La Fabrique du chef-d'oeuvre (Perrin, 2022). Une incroyable et méticuleuse enquête. Le Figaro Magazine
" Le Bureau des Légendes ", John Le Carré, Kim Philby, Vladimir Poutine... De la guerre froide à aujourd'hui, l'espionnage et les espions occupent une place majeure dans l'imaginaire et la réalité des sociétés modernes.
Plus que jamais, les affaires de renseignement nous fascinent parce qu'elles conjuguent trahison, manipulation et secrets d'Etat - intime et politique.
Pour mon plus grand bonheur, j'enquête, depuis trente ans, sur les grands dossiers d'espionnage contemporains. J'ai eu le privilège de rencontrer, un peu partout dans le monde, maîtres-espions, taupes et officiers traitants.
Ce dictionnaire amoureux est donc une visite guidée et personnelle dans l'univers mystérieux du renseignement - un monde à la fois très codifié et chaotique.
J'entrouvre les portes de la Loubianka, siège de l'ex-KGB, à Moscou, et raconte mon entretien dans une prison de Pennsylvanie avec Aldrich Ames, le plus grand traître de l'histoire américaine.
Je raconte aussi comment la CIA a espionné De Gaulle à l'Elysée ; pourquoi Ian Fleming, le créateur de James Bond, a été un officier de l'Intelligence Service bien plus intéressant que son héros ; l'héroïsme de ce colonel de l'armée polonaise qui a empêché l'apocalypse nucléaire ; l'incroyable manipulation qui a justifié l'invasion de l'Irak ; la vraie carrière d'espion de Poutine ...
...et des dizaines d'autres histoires qui constituent le coeur de ce dictionnaire amoureux.
« J'ai vu ce qu'un journaliste ne pourra jamais voir et je vous dis ce qu'un politique ne pourra jamais dire.
Je pensais bien connaître le milieu politique. Puis je suis entré dans l'arène et j'ai été surpris chaque jour. Les pièges, les coups bas, les coups de théâtre, les faux-semblants, les faux amis, tous les arcanes de cet univers : les médias qui l'animent, le conditionnent, le détournent, le retournent ; les sondeurs qui le façonnent et les politiciens qui en vivent.
Ces rouages bien huilés d'un milieu que j'ai dérangé.
Vous allez vivre à mes côtés cette campagne hors normes, belle, risquée, haletante, comme on ne vous l'a jamais montrée, et tout savoir de mes fiertés, de mes regrets, mes angoisses et mes plus belles rencontres.
Je vous livre ce que j'ai appris de notre pays, de notre peuple, ses fractures, ses espoirs, ses paradoxes et ses combats à venir, tout ce que cette élection va enfanter dans les mois, les années à venir.
Vous l'aurez compris : je n'ai pas dit mon dernier mot. »
L'attaque de l'Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, a sonné le retour de la guerre de haute intensité en Europe. Les défis qu'elle soulève dépassent largement ce cadre et la volonté de toute puissance régionale de Vladimir Poutine. Nous assistons au choc de deux visions du monde.
D'un côté, les totalitarismes russe et chinois entendent désoccidentaliser la planète et proposer à tous un modèle qui fait primer la force sur le droit et la purification des esprits sur la libre conscience.
De l'autre, les démocraties solidaires des Ukrainiens ont décidé de sanctionner la Russie, d'armer et de former l'armée de reconquête du président Volodymyr Zelensky.
Le conflit en Ukraine n'est pas encore mondial, mais il est déjà « mondialisé ». Il va immanquablement rebattre les cartes de l'échiquier géopolitique, idéologique et économique international.
Dans cet essai, Pierre Servent, spécialiste des guerres d'hier et d'aujourd'hui, répond aux questions essentielles posées par le cataclysme ukrainien : comment revoir sans attendre notre grammaire géopolitique ? A-t-on raison d'avoir peur des régimes dictatoriaux ? Comment nous réarmer militairement, mentalement et industriellement ? Quelle physionomie aura le monde de demain ?
« Il ne s'agit plus de commenter ou de comprendre le réel : il s'agit de produire du réel. Ce qui tue aujourd'hui et avant tout, c'est notre manque d'imagination. L'art, la littérature, la poésie sont des armes de précision. Il va falloir les dégainer. Et n'avoir pas peur de ceux qui crieront au scandale et à la trahison. » En répondant aux questions brûlantes d'actualité de Carole Guilbaud, Aurélien Barrau remet le politique et le social au coeur de l'écologie.
Il nous aiguillonne vers un renouveau démocratique où la liberté la plus fondamentale est d'abord celle du pouvoir vivre.
Le livre : Pour Stéphane Hessel, le " motif de base de la Résistance, c'était l'indignation. " Certes, les raisons de s'indigner dans le monde complexe d'aujourd'hui peuvent paraître moins nettes qu'au temps du nazisme. Mais " cherchez et vous trouverez " : l'écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, l'état de la planète, le traitement fait aux sans-papiers, aux immigrés, aux Roms, la course au " toujours plus ", à la compétition, la dictature des marchés financiers, jusqu'aux acquis bradés de la Résistance - retraites, Sécurité sociale. Pour être efficace, il faut, comme hier, agir en réseau : Attac, Amnesty, la Fédération internationale des Droits de l'homme. en sont la démonstration. Alors, on peut croire Stéphane Hessel, et lui emboîter le pas, lorsqu'il appelle à une " insurrection pacifique ".
Elles sont pilote d'hélicoptère, parachutiste, démineuse, commandant de base ou officier spécialiste des renseignements...Mais qui sont-elles vraiment ? Comment sont-elles arrivées là ? Comment se sont-elles imposées dans un monde d'hommes ? Dorothée Olliéric, grand reporter, est allée à la rencontre de ces femmes qui se livrent ici sur leur vocation et la raison de leur engagement.
Leur parcours est souvent bluffant, elles n'ont peur de rien et risquent leur vie pour la France. Encore trop peu nombreuses aux premières loges, elles ont toutefois gagné leur place. Célia raconte la traque d'une planque de djihadistes au Mali et la perte d'un de ses coéquipiers Élodie, ses difficultés à revenir à la « vraie » vie au retour d'Afghanistan;Léa nous bouleverse en nous confiant la perte de son compagnon lors d'une attaque terroriste au Burkina Faso;Juliette, pilote de chasse en Opex au Niger, nous fascine par sa détermination.
Leur parole franche, libre, témoigne de leur expérience exaltante sur le terrain, sans oublier leur vie de femmes, la difficulté de laisser un compagnon ou des enfants, mais aussi du syndrome post-traumatique lorsqu'un drame surgit. Ces discrètes héroïnes mènent, tête haute, aux côtés de leurs frères d'armes, des combats pour leur pays et nous font vibrer dans ce livre plein de courage et de passion.
En juillet 1846, Henry David Thoreau est emprisonné pour avoir refusé de payer un impôt à l'État américain, en signe d'opposition à l'esclavage et à la guerre contre le Mexique. Cette expérience sera à l'origine de cet essai paru en 1849 et qui fonde le concept de désobéissance civile. Ce texte influença Gandhi, Martin Luther King ou Nelson Mandela et il ne cesse d'inspirer philosophes et politiciens depuis plus de 150 ans.
Voici le livre des révolutions possibles. Il part d'un principe : si l'on veut lancer rapidement un mouvement de masse à l'ère d'Internet, l'humour (et un peu de stratégie) est une « arme » de choix. Il s'appuie sur une expérience acquise dans près de cinquante pays aussi bien que sur les enseignements de Gandhi et du stratège Gene Sharp. Il prend la voix exceptionnelle de Srdja Popovic, apôtre de la lutte non violente, qui fit tomber Milosevic, fut de toutes les « révolutions fleuries » (Géorgie, Liban, Ukraine, etc.), et est considéré comme « l'architecte secret » du printemps arabe.
Popovic nous fait entrer dans les coulisses des événements historiques du XXIe siècle. Il raconte ce qui marche et comment ça marche. Il explique aussi pourquoi cela échoue parfois, comme en Ukraine ou en Chine. Son livre réconcilie avec l'action politique et montre combien il est crucial, non seulement d'aller au bout des choses, mais aussi d'avoir une vision claire de ce qu'on fera de la liberté.
Les régimes autoritaires restent une réalité douloureuse pour des milliards de gens. Ceux dont les libertés et les droits sont bafoués. Quelle est la nature de la dictature ? Comment s'implante-t-elle ? Et comment les dictateurs conservent-ils le pouvoir, même lorsqu'ils sont méprisés et moqués par ceux qu'ils gouvernent ? Dans ce bref texte, Alaa El Aswany examine la dictature comme une véritable maladie et s'attache à démontrer que, pour comprendre le syndrome de la dictature, nous devons d'abord examiner les circonstances de son émergence, ainsi que ses symptômes, tant chez le peuple que chez le dictateur.
Un texte mordant sur la genèse de tout totalitarisme. Concret, précis, volontiers provocateur, toujours libre, Alaa El Aswany, qui s'attaque aux racines du mal, et rappelle ce faisant que la dictature est loin d'être l'apanage des pays arabes, délivre également un message d'espoir, professant sa confiance en l'humanité. Et fait, en filigrane, une nouvelle déclaration d'amour à son pays, l'Égypte, et à ses compatriotes.
Jacques Chirac, condamné pour atteintes à la probité. Son Premier ministre, Alain Juppé, condamné. Nicolas Sarkozy, deux fois condamné et multi-mis en examen pour avoir été financé par une dictature étrangère. Son Premier ministre, François Fillon, condamné. Un ministre responsable de la lutte contre la fraude fiscale, Jérôme Cahuzac, condamné pour... fraude fiscale. L'actuel ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, mis en examen pour avoir fait pression sur des magistrats anti-corruption. On peut chercher longtemps, aucune autre grande démocratie occidentale contemporaine n'est lestée d'un tel CV.
« L'idée de ce livre trouve sa source dans l'effondrement des tendresses pendant la période du confinement : les décès et abandons dans les Ehpad, la mort de nos anciens dans une effroyable solitude, avec pour les vivants l'impossibilité de faire leur deuil ; et à l'autre bout des âges, le profond traumatisme des enfants et adolescents subissant le masque, les tests, les angoisses, l'isolement, la privation d'école et l'absurde interdiction des espaces verts et des plages. L'action politique prenait alors le visage cruel d'un appareil de décision sans pitié, restreignant les libertés et réprimant la culture considérée comme bien non essentiel, sans débat et en multipliant les abus de pouvoir. Ma génération politique, au-delà des clivages partisans, n'aurait jamais pensé connaître un tel effondrement des repères et des méthodes de gouvernance. Cruauté de l'inaction climatique planétaire aussi, qui fait tous les ans des millions de déplacés et de morts, principalement sur le continent africain, victime principale et certainement la moins coupable. Cette crise climatique fait dire à des jeunes ici et ailleurs : à quoi bon mettre au monde des enfants ? Je n'ai pas donné plus de trente ans à la vie politique pour rester, bras ballants, devant cette triste faillite de la transmission de vie.Cet ouvrage est aussi une promesse faite, il y a une dizaine d'années, à Stéphane Hessel. Il nous redirait aujourd'hui, c'est certain : Indignez-vous ! Je m'inscris dans sa continuité, humblement face à son vécu de résistance et de captivité. La répétition de l'histoire, en version aggravée, est évidente : la mondialisation libérale et la loi sans pitié du profit spéculatif détruisent tous les efforts collectifs de protection, ici et dans tous les pays du monde.La cruauté ne cesse de faire reculer la civilisation et j'ai le devoir de témoigner, en incluant la parole de ceux qui se sentent happés par ce déclin. Car écrire, c'est déjà agir. La politique doit emprunter à l'amour comme barrage à la cruauté. J'ai cherché à réfléchir à voix haute, à tout ce que la politique doit à l'amour, et à tout ce qu'elle pourrait lui apporter en retour, en force de réparation et en élévation des consciences. J'ai écrit ce livre comme on aime, librement et à coeur ouvert. » Ségolène Royal
À l'heure où le monde semble fragilisé par des bouleversements profonds, quel regard porter sur les premières décennies de notre siècle ? Le «premier XXI? siècle», comme la première version d'un logiciel insuffisamment testé, révèle chaque jour de nouvelles failles. L'individu, qui croyait pouvoir changer le monde, est de plus en plus écrasé par lui. Il a perdu confiance dans la démocratie, et l'utopie identitaire remplace l'utopie politique. Comment en est-on arrivé là dans des sociétés aussi différentes que l'Amérique de Trump, le Brésil de Bolsonaro, l'Inde de Modi ou le Royaume-Uni de Boris Johnson ?Avec la hauteur de vue que lui confère son expérience dans la haute diplomatie, Jean-Marie Guéhenno va au-delà des explications économiques : la crise des démocraties - à laquelle l'élection de Biden et l'éviction de Bolsonaro et de Johnson n'ont pas mis fin - est une crise des sociétés.Analysant avec finesse un monde où l'émiettement de la puissance efface les repères et effraie, l'essayiste dresse un constat sombre mais non désespéré. Un autre avenir est possible : une écologie repensée, une nouvelle séparation des pouvoirs, une Europe qui ne cherche pas à être un super-État, sont quelques-unes des voies proposées par ce livre ambitieux et novateur.
On a souvent quali?é la disparition de l'URSS de divorce à l'amiable, étonnamment paci?que. L'agression décidée par Vladimir Poutine en Ukraine en février 2022 vient contredire cet optimisme. En réalité, dès 1988, une série de con?its ont surgi autour de la Russie, avant même que l'URSS n'éclate, en 1991. D'abord au Caucase, puis en Asie centrale et en Moldavie, ces tensions re?ètent l'acuité des questions que le régime soviétique avait mises sous le boisseau en interdisant toute ré?exion ouverte sur des enjeux brûlants qui couvaient à petit feu.
La ?n de l'URSS a consacré la naissance de quinze États indépendants qui ont aussitôt suscité interrogations et convoitises. Ils devaient non seulement dé?nir de nouveaux rapports entre eux et en premier lieu avec l'ancienne puissance tutélaire, la Russie, mais aussi établir des relations avec des voisins devenus de potentiels partenaires. Très tôt, la Russie a perdu le monopole d'in?uence qu'elle exerçait sur tout cet espace depuis plus d'un siècle alors que des acteurs extérieurs (États-Unis, Union européenne, Turquie, Chine) pro?taient de son affaiblissement. L'arrivée en 2000 à la tête de l'État russe de Vladimir Poutine marque un tournant majeur, ce dernier s'étant ?xé pour objectif de redonner à son pays sa puissance d'antan.
En partant de la situation actuelle, l'agression de la Russie en Ukraine, ce livre se propose de revenir aux sources des enchaînements qui ont conduit à cette série de con?its tragiques. Il repose sur la juxtaposition de textes synthétiques exposant les positions des différents acteurs et de documents cartographiques qui permettent, souvent plus clairement que de longs développements, de comprendre les enjeux réels et leur évolution.