Ce livre explore les racines inconscientes de l'obstination humaine à produire le désastre écologique et climatique en cours et à créer les conditions de sa propre disparition ainsi que, plus largement, de toute vie sur terre.
Pourquoi la connaissance du désastre nous laisse-t-elle si apathiques, si incapables de réagir et encore moins de nous révolter ? Cette absence de réaction pourrait-elle manifester notre obscur désir que cette catastrophe survienne ? Notre accord intime avec ce qui la produit ? Peut-on considérer que la destructivité environnementale serait inscrite non seulement au plus profond des dispositifs économiques, sociaux, administratifs et technologiques de nos sociétés, mais aussi au plus profond de nos inconscients ? L'auteur réfléchit, à partir de la psychanalyse, à notre lien à la nature et à l'environnement, à la trajectoire qui a conduit notre culture à un tel désastre, aux ressorts de notre attachement à cette culture et à ses modes de vie malgré la course suicidaire dans laquelle ils nous entraînent individuellement et collectivement, à notre incapacité à prendre véritablement acte de ce qui est advenu.
Examinant les origines de l'idéologie américaine au fond de son berceau natif - l'Angleterre victorienne -, l'auteur combine les ressources de l'histoire politique, de l'analyse textuelle, de la psychologie sociale et de la psychanalyse, pour une réévaluation critique rigoureuse des usages contemporains de la notion de « totalitarisme ». En combinant propagande politique, publicité commerciale, psychologie des foules et technologies de l'influence, les États-Unis ont fabriqué un nouveau totalitarisme euphorisant et « consensuel » dont l'effort permanent consiste à occulter sa propre violence sous le vêtement de la « liberté ».
Patrick Tort montre comment les États-Unis ont construit leur puissance sur l'intégration des composantes de l'Angleterre victorienne (le « darwinisme social », l'individualisme libéral, l'impérialisme et ses justifications raciales et l'eugénisme auto-protecteur des dominants) au sein desquelles Hitler, dès la rédaction de Mein Kampf, put largement effectuer ses choix. À travers la planification eugéniste, son arsenal médico-législatif (Laughlin) et ses croisades racistes, antisémites et conspirationnistes (Ford), l'Amérique blanche a fourni à Hitler les pièces détachées de sa doctrine pour un montage « externalisé » dont les élaborations concrètes apparaîtront dès son accession au pouvoir. Ce passage à l'acte, rendu possible dans une Allemagne unifiée par la « mise au pas » des Länder, fut encouragé et salué par les voix les plus puissantes de l'eugénisme américain, reconnaissant volontiers sur un mode sincèrement admiratif que, dans cette réalisation, l'élève germanique avait dépassé le maître anglo-saxon, handicapé à cet égard par la disparité juridico-législative des États et le perpétuel souci de la constitutionnalité.
Le « je préférerais pas » de Bartleby n'est-il pas en train de se généraliser dans notre société ? Depuis une quarantaine d'années, les parents sont délégitimés pour mettre une limite à la toute-puissance infantile. Cela entraîne de nombreuses difficultés individuelles et collectives sur lesquelles Jean-Pierre Lebrun nous alerte et ouvre des voies à de nouvelles perspectives.
Jean-Pierre Lebrun lance une alerte : il existe un lien étroit entre la construction psychique individuelle et la dimension sociétale aujourd'hui largement tributaire de l'idéologie néolibérale. Il montre à quel point notre société en mutation n'a pas pris la mesure de la nécessité de mettre fin au fantasme de toute-puissance de l'enfant pour produire des citoyens responsables et non pas uniquement des consommateurs avides, pris toujours davantage dans des addictions. Le vivre ensemble dans nos démocraties s'en trouve ainsi mis en grande difficulté. Les impasses actuelles de la vie collective sont interrogées et illustrées par cette légitimité donnée à l'enfant comme à l'adulte d'énoncer, à l'instar du Bartleby de Melville, un « Je préfèrerais ne pas » par lequel celui qui l'énonce peut se soustraire à toute contrainte ou obligation, sans même avoir à la contester.
Ce livre contribue à la « bataille culturelle » contre le dogme néolibéral du « There is no alternative ». En portant la parole de celles et ceux qui font, il propose des perspectives constructives face au néolibéralisme autoritaire, aux nationalismes, ou à la fuite en avant transhumaniste.
Les basculements historiques en cours, qu'ils soient environnementaux, sociaux, économiques, politiques, géopolitiques nous invitent à transformer nos paradigmes et nos imaginaires. La Fondation Danielle Mitterrand appelle de ses voeux une « métamorphose radicale » de nos sociétés. Ce concept, emprunté notamment à Edgar Morin, « porte à la fois la rupture et la continuité ». Cette « métamorphose radicale » nous interpelle partout où nous sommes : dans nos associations, collectifs, fondations, institutions, mais aussi nos réseaux d'interdépendances, nos amitiés, nos familles, les territoires où nous habitons. Mais comment faire ? Quelles prises pour agir, alors qu'« il est plus facile d'imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme », comme l'affirme une célèbre citation ?
Ce livre est construit en deux grandes parties complémentaires. D'abord, deux chapitres permettent d'approfondir l'horizon de métamorphose radicale que porte la Fondation :
Promouvoir une société écologique, basée sur une écologie relationnelle, sociale, populaire et décoloniale ;
Promouvoir une démocratie réelle et radicale, ancrée dans nos vies et nos territoires, basée sur les principes d'autonomie et d'autodétermination ;
Construire partout des sociétés basées sur le(s) commun(s) et l'entraide plutôt que la concurrence et la propriété privée.
Ces positionnements ne sont bien sûr pas exhaustifs : ils proposent une vision pour transformer, avec humilité, nos imaginaires et nos pratiques.
Ensuite, douze entretiens nous emmènent à la rencontre de bâtisseuses et bâtisseurs d'utopies concrètes, de réseaux et de penseurs.euses de la transformation : des lisières de Dijon au Liban, de Nantes jusqu'à Santiago au Chili, du Marais Poitevin jusqu'au fleuve Maroni en Guyane, de la Seine-Saint-Denis jusqu'au Nord-Est de la Syrie... Entre utopies concrètes, luttes radicales, transformations institutionnelles : les chemins ouverts par toutes ces expériences sont profonds, passionnants. Ils sont la démonstration en actes que « d'autres mondes sont encore possibles ».
Le travail occupe une part centrale dans nos vies modernes. Or bien que capitale, sa dimension esthétique est souvent négligée. Pourtant nous avons besoin de pouvoir faire du beau travail, du travail bien fait, d'avoir de bonnes relations de travail, de travailler dans un cadre acceptable, etc.
La simple rationalité dans le monde du travail, la course éperdue aux réductions de coûts, la seule prise en compte des dimensions économiques a fait voler en éclat les anciennes relations du travail. Il n'est plus question de livrer au client un travail « bien fait », il faut au contraire faire si possible un travail assez bon pour qu'il paraisse acceptable tout en coûtant moins cher à l'entreprise. L'oubli du beau, voire son interdiction, nous rend tous complices d'une trahison généralisée, où les produits ne sont pas ce qu'ils prétendent être, où les services s'avèrent moins efficaces qu'annoncés. A côté de la « souffrance éthique », il y a une véritable « souffrance esthétique » dans l'empêchement de ce beau travail. Celle-ci est très souvent une souffrance par rapport au temps, temps manquant, temps pressé, temps laminé ou haché et dans lequel l'individu a le sentiment que son action est à la fois fatigante et insatisfaisante car inaboutie. La préoccupation esthétique doit être un impératif éthique, une catégorie morale pleinement reconnue car elle concerne chacun dans l'univers du travail. Le beau travail est un droit moral.
A partir de leur clinique, les auteurs montrent en quoi les apports de ces deux psychanalystes majeurs du XXe siècle que sont Bion et Lacan leur permettent de rêver et d'inventer avec leurs patients, petits et grands, même si le rapprochement entre ces deux pensées complexes ne va pas sans difficultés.
Bion et Lacan ont ouvert des voies à la psychanalyse qui lui permettent d'atteindre des lieux et des situations qui étaient à peine envisageables du temps de Freud. Grâce à eux, les analystes du XXIe siècle s'autorisent à transposer le modèle du conflit intrapsychique freudien vers le vaste monde humain de la culture et de la civilisation. La psychanalyse vivante aujourd'hui est celle qui se déploie sur les scènes très contemporaines du soin psychique que sont les hôpitaux, les lieux d'accompagnement du handicap, de naissance et de mort, d'éducation et de rééducation, les lieux d'accueil de l'exil et de la migration. Elle nécessite de la part du thérapeute une dose d'inventivité et de courage pour accueillir une parole en dehors du dispositif divan-fauteuil.
L'ouvrage contient un témoignage inédit du fils de Wilfred Bion.
Le discours analytique peut éclairer nombre de discours féministes et, à l'inverse, bien qu'opposés dans leurs nécessités, ces derniers rendent fécondes certaines zones de la logique analytique. L'auteur soutient que la psychanalyse a en réserve, à son insu, une pensée encore à déchiffrer, dont la portée féministe est vaste.
Un débat n'a pas vraiment eu lieu entre les féminismes et les grandes étapes de la pensée du féminin en psychanalyse. Les oppositions formulées donnèrent souvent lieu à rupture, sans compromis, et elles furent, de ce fait, fondatrices de mouvements distincts sans possibilité de dialogue. Gisèle Chaboudez explique ce hiatus par les logiques contradictoires dont l'un et l'autre relèvent :
- l'une pense dans les termes que sa pratique exige, selon un « pas tout » laissant ouvertes la singularité, l'altérité, la pluralité des sens, la discontinuité d'un hors discours ;
- l'autre se resserre progressivement autour d'un « tout », de l'Un et du toutes, d'un pourtout que l'efficacité politique semble appeler.
L'auteur en déchiffre quelques éléments et quelques concepts en termes de logique. Elle montre que le discours analytique peut éclairer nombre de discours féministes et, à l'inverse, bien qu'opposés dans leurs nécessités, ces derniers rendent fécondes certaines zones de la logique analytique. Elle soutient que la psychanalyse a en réserve, à son insu, une pensée encore à déchiffrer, dont la portée féministe est vaste.
Ce livre expose de manière simple et très illustrée le chemin par lequel le bébé passe pour arriver à la marche et tous les bienfaits qu'il peut en tirer. Cette nouvelle édition augmentée tient compte des très nombreux échanges que l'auteur a eus, depuis la première parution, avec les parents, les kinésithérapeutes, les personnels de la petite enfance et les médecins.
Kinésithérapeute expérimentée, l'auteur a observé et analysé avec précision les étapes qui mènent le bébé vers la marche. Par son côté pratique - des illustrations qui montrent le quotidien du bébé, un texte clair, mis en page de manière très simple et colorée - l'ouvrage a déjà séduit de nombreux parents et personnels de la petite enfance.
On y « voit » les mouvements du bébé, on comprend facilement le chemin naturel qui conduit le nourrisson de la position « couché sur le dos » à la marche autonome et tout le bénéfice qu'un bon développement moteur peut lui apporter. L'auteur propose des conseils pour la vie quotidienne, pour le choix du matériel et des objets à mettre à disposition, mais aussi des jeux moteurs simples, faciles à partager, afin de donner au tout-petit toutes les chances d'être à l'aise dans son corps avant de savoir marcher.
Stimulés ou pas, tous les bébés en bonne santé parviennent à marcher, sans que l'on ait besoin de leur apprendre. Toutefois, l'attitude des personnes qui les entourent peut favoriser ou freiner l'installation d'une bonne motricité.
Forte de son expérience de kinésithérapeute, l'auteur répond aux nombreuses questions que se posent les parents et les professionnels de la petite enfance : le passage par le quatre pattes est-il important ? Faut-il aider le bébé à se mettre debout ou à marcher ? Doit-on s'inquiéter d'un petit retard d'installation de la marche ? Comment faire face à un bébé en difficulté ?
Les nombreux dessins et photos rendent l'ouvrage dynamique, vivant et pédagogique : au service de tous les enfants, qu'ils soient en bonne santé ou qu'ils présentent une pathologie, il a pour objectif d'inciter l'entourage familial et professionnel à mieux observer les tout-petits, à s'émerveiller devant leurs exploits moteurs et mais aussi à agir au bon moment en cas d'inquiétude.
Laura Pigozzi montre comment l'échec de la famille est la racine d'une tragédie sociale plus vaste et férocement destructrice, comment la dépendance maternelle crée des adultes infantiles, de très mauvais citoyens voire d'authentiques dictateurs.
La pandémie a mis en exergue un nouveau genre de citoyenneté, jusque-là moins visible : le « citoyen-enfant », celui qui a peu de lien avec le collectif, aucun respect pour l'autre, ne connaît pas les règles de la négociation sinon la superbe disparité entre lui et les autres. Les parents ont renoncé au rôle de guide pour devenir des protecteurs inconditionnels de leurs enfants : c'est le plusmaternel qui suspend le moment de la responsabilité. Ainsi la famille, à l'origine de la civilisation, semble aujourd'hui ne plus assurer l'humanisation des enfants élevés en son sein. C'est une crise qui touche l'ensemble de la société car le social se construit déjà au sein de la famille. La génération qui a contesté élève des enfants et petits-enfants dociles, prêts à l'assujettissement. Que s'est-il passé ? Laura Pigozzi offre un plaidoyer pour l'avenir de nos enfants, pour que nous ne les angoissions pas avec nos propres peurs. Laissons-les partir hors de la sphère utérine. Car la subjectivité n'est pas qu'une affaire intime, elle ne peut exister qu'à travers le lien collectif : le reconnaître est déjà une révolution.
Pourquoi avons-nous autant besoin d'histoires ? Malgré le côté « commercial » de certaines oeuvres à succès, les adolescent·e·s les investissent de façon personnelle (et collective) et en font le support d'une initiation qui les aide à entrer dans la vie. Les récits de fiction sont pour eux des points de repère cruciaux. Harry Potter (toujours aussi populaire), Naruto, One Piece... dessinent les contours d'une culture adolescente dont ils constituent les nouveaux mythes.
Loin de ne faire que consommer, les jeunes se réapproprient, réinventent, échangent, écrivent, mais surtout vivent, à travers les fictions, une expérience en première personne. Les « fanfictions », récits écrits ou filmés par des fans pour prolonger leur expérience de spectateur-lecteur, en témoignent !
« Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort » est la devise qu'illustrent les combats, la souffrance des héros ou anti-héros, la violence omniprésente ; une violence cependant qui pourrait venir de l'intérieur...
Entre bien et mal, narcissisme et charisme, les personnages les plus « populaires » sont également les plus troubles. Aux limites de l'humain, les pouvoirs des héros sont sans doute un imaginaire nécessaire, nourricier, pour affronter les risques et « sauver sa peau ».
À partir des conceptions freudienne et lacanienne de la réalité, Pierre Bruno considère ce qui peut apporter au sujet, dans une cure analytique conclue de façon satisfaisante, une réponse aux questions métaphysiques jusque-là réservées à la magie et aux religions.
La réalité est divisée chez Freud entre réalité matérielle et réalité psychique, et chez Lacan entre réalité et réel. Le réel, tout en restant inaccessible, commande les symptômes du sujet, à son insu. Quelles en sont les conséquences sur l'enjeu d'une cure ?
À partir de là, Pierre Bruno pose les contours de ce qui, dans une cure analytique conclue de façon satisfaisante, peut apporter au sujet une réponse aux questions existentielles, dont l'abord aura été auparavant réservé à la magie et aux religions. Il en vient ainsi à revisiter les moments qui conditionnent un tel parcours, démontage du fantasme d'une part, repositionnement du Nom-du-Père d'autre part.
La vérification de cette issue implique que l'analysé soit délesté du surmoi, qu'il ait déjoué les artefacts magiques et religieux, et qu'il se soit départi du « je n'en veux rien savoir » dont la science voudrait faire son credo. En effet, celui-ci n'a rien à voir avec le « je n'en veux rien savoir » qui se décline à la fin d'une analyse, et dans le dénouement du transfert, et dans le consentement à une division, non suturable, entre savoir et vérité.
Une visite guidée, avec gaîté, du pays des livres et des lectures partagées avec les tout-petits pour découvrir ce qu'autrices et auteurs, illustratrices et illustrateurs, y ont semé et ce que nous, parents, professionnel·le·s de la petite enfance, de la culture, de l'éducation... y récoltons.
Les livres et les enfants d'abord ! Une boutade ? Non, une invitation. Mais un défi aussi, voire une provocation. Alors que la lecture a été déclarée grande cause nationale par le président Macron, la littérature au berceau se trouve convoquée pour que les plus jeunes deviennent demain de vrais lecteurs. Voilà donc un projet bien ambitieux ! Mais pour remettre la lecture au coeur de la vie des petites Français·e·s, encore faudrait-il clairement saisir ce que signifie lire avec un bébé, un tout-petit... Corps-à-corps, regards mutuels, attention soutenue, la voix du lecteur et le babil rassasié du tout-petit, celui qui n'a pas vécu les enchantements communs autour d'un album ne connaît pas ces petits bonheurs qui soutiennent notre quotidien de parents ou de professionnels ! Patrick Ben Soussan rappelle ce qui fait la richesse de cette rencontre, qui n'a aucun autre objectif (pédagogique, développemental, utilitaire) que de vivre ces moments d'intimité, de plaisir et de douceur partagés, avec l'aide de tous ces autres membres de l'humanité convoqués autour du livre. Il faut raconter des histoires aux enfants, lire avec eux des livres d'histoire, des albums. Pour faire du monde que nous avons habité, de celui qu'ils habiteront demain, une histoire racontable.
A l'heure de la « grande démission », ce livre s'attache à apporter une réponse solide à la question : dans quelles conditions les fonctions de management peuvent-elles s'exercer en ayant un effet humanisant sur les personnes au travail ?
Dans la suite de Éthique et philosophie du management (Erès, 2016), où il explorait les grandes lignes d'un management recherchant le consentement des collaborateurs, au-delà de la simple obéissance hiérarchique, l'auteur s'intéresse à présent à l'influence que le management exerce en tant que processus de socialisation des collaborateurs. Il se demande comment cette influence peut humaniser et émanciper, au lieu de déshumaniser et d'infantiliser, et contribuer à former des citoyens responsables et participatifs. Mettant à profit sa longue pratique, il s'attache à repenser le management pour qu'il contribue efficacement aux trois grandes fonctions d'une organisation de travail : produire, coopérer, innover. Ces trois grands axes qui constituent un enjeu politique à l'échelle de l'entreprise comme de la société, structurent l'ouvrage dans un dialogue constant entre sciences humaines et philosophie.
Rencontrer un adolescent c'est d'abord rencontrer un corps, une chair à la fois champ d'expression et champ d'expérience. Le corps est-il trop présent, trop envahissant durant ce passage développemental de l'adolescence qui peut bousculer l'adulte, le provoquer ? Ou ne faut-il pas considérer cette primauté du corps dans le développement humain, ou plutôt des corps comme nous le rappelle Dejours, corps biologique mais aussi corps érotique émergeant d'une subversion libidinale par laquelle l'être humain s'émancipe des contraintes physiologiques, conquérant ainsi une des libertés les plus essentielles ? C'est dans le lien à l'autre, dans la rencontre des corps, que se déploie cette découverte et cette émancipation.
Mais face aux enjeux de la construction identitaire et de la découverte d'une sexualité qui bouleversent le rapport à soi-même et aux autres, cette conquête n'est pas sans écueil ni sans risque pour l'adolescent.
Attaques diverses, scarifications, anorexie, dysphorie de genre... la psychopathologie témoigne des butées et impasses. Alors la thérapeutique, lorsqu'elle ne se détourne pas du corps, le considère ou se centre sur lui, peut ouvrir des voies précieuses et relancer cette ontogenèse des corps du côté de la créativité. C'est que nous vous proposons d'explorer dans cet ouvrage, en croisant les perspectives anthropologique et sociale, psychanalytique, clinique, psychopathologique, développementale et thérapeutique.
La pandémie du coronavirus doublée d'une épidémie informationnelle met les psychanalystes à l'épreuve, une épreuve de vérité de leur pratique et de leur rapport à ce qui se transmet de la psychanalyse.
Les psychanalystes ont eu à connaître les effets symptomatiques des discours politico-sanitaires de la période pandémique, tant au niveau individuel (symptômes psychosomatiques par exemple) que collectif (désagrégations sociales). Ils ont eu aussi l'occasion d'en subir eux-mêmes les effets dans les conditions de leur exercice et dans leur rapport au public, y compris celui des autres analystes. Cette épreuve de vérité a poussé Erik Porge à revisiter les fondements de l'acte analytique : l'importance de la psychanalyse en présence par rapport à la télé-analyse, le soin en psychanalyse et la guérison par surcroît, l'action du surmoi et l'incorporation du signifiant, les définitions structurales des symptômes dits psychosomatiques et l'opposition entre la perversion et la sublimation, la formation des analystes et la transmission de la psychanalyse...
Grace à cet ouvrage d'entretiens, Solal Rabinovitch trouve une nouvelle façon de transmettre ses idées sur la psychanalyse et sa conception de la folie, dans un jeu entre paroles et écritures.
Dans un retour sur son itinéraire de psychanalyste, l'auteur aborde, avec ses deux interlocuteurs, l'histoire des institutions psychanalytiques en France depuis la fondation par Jacques Lacan de l'École freudienne de Paris, la formation du psychanalyste et la passe, ainsi que la clinique et la pratique psychanalytiques, particulièrement dans le champ de la psychose. Sont questionnés le sens et la portée de ses ouvrages déjà publiés. Ces questions d'écritures, qui tissent la trame du livre, aident à comprendre un peu mieux les thèses difficiles que soutient l'auteur, telles que celles de l'« essence aphonique de la voix » et de la « matérialité de la pensée », mais aussi la façon dont se fabrique collectivement une école de psychanalyse (encore une affaire de paroles et de lettres), ou le rapport du corps et de la pensée. Si l'inconscient est une machine d'écritures, ces écritures sont la trace des paroles qui, ainsi, restent. Parce que ces paroles qui restent dans l'inconscient, qui restent dans la cure, ne s'envolent pas, elles sont le coeur de la transmission.
Les règles d'usage des écrans ne peuvent pas être les mêmes à chaque âge. La règle « 3-6-9-12 » - « Pas de télévision avant 3 ans, pas de console de jeux personnelle avant 6 ans, pas d'Internet avant 9 ans et Internet accompagné jusqu'à l'entrée en collège, vers 11-12 ans » - constitue une feuille de route pour un usage raisonné des écrans, de la naissance à la majorité, et au-delà.
Cette nouvelle édition se présente enrichie de trois façons par rapport à la précédente, même si le message principal reste évidemment le même : l'apprentissage du bon usage des écrans commence dès la naissance, et il se fait en famille.
1. De nombreux exemples nouveaux.
2. La référence à des travaux parus depuis 2013 renforce l'idée que les troubles liés à la surconsommation d'écrans sont corrélés au temps passé devant un écran avant l'âge de trois ans.
Du coup, l'accent de la prévention est déplacé. La responsabilisation se porte encore plus sur les parents qui doivent comprendre l'importance de tenir l'enfant de moins de trois ans à l'abri des écrans.
3. L'énoncé d'un mode d'emploi pour aider les parents à tenir leurs décisions concernant les limitations du temps d'écran face à leurs enfants. Les enfants ont beaucoup plus de plasticité psychique et comportementale que tous ne le croient : profiter des changements, comme la rentrée scolaire, pour modifier les habitudes...
À partir d'enquêtes qualitatives, ce livre apporte un éclairage inédit sur le vécu des enfants et des jeunes dans ces « petits coins » de l'école et ce qu'il s'y joue, notamment en termes de relation adultes/enfants, de construction d'un rapport à soi, aux autres et de genre.
Selon qu'ils sont « filles » ou « garçons », « grands » ou « petits », comment les enfants se représentent-ils les toilettes scolaires et quels usages en ont-ils ? Comment investissent-ils (ou pas) ces lieux ? À mesure qu'ils grandissent, que les portes se ferment, que des murs s'élèvent et que la possibilité leur est offert de se retrouver seuls à l'abri du regard des autres, comment les enfants occupent-ils ces espaces collectifs et individuels, clos et ouverts ? Comment ceux-ci contribuent-ils à construire des corps, dans leur rapport à l'intimité et à l'autre, en tant que fille ou garçon ? Comment les enfants et les jeunes s'y rencontrent-ils et quelles sociabilités peuvent-ils y développer à l'abri du regard des adultes ? La question du genre se révèle bien évidement centrale, dans ce lieu qui, à partir de l'école élémentaire, devient le seul espace « non mixte » dans la plupart des établissements scolaires mixtes.
Le dialogue entre les deux auteurs de L'homme sans gravité se perpétue vingt ans après à travers l'actualité plutôt brûlante où les implicites de la question du transgenre résonnent avec la vie politique elle-même.
Dans un échange cordial et accessible qui ne masque pas certaines différences, Charles Melman et Jean-Pierre Lebrun s'attaquent à la question cruciale de savoir si l'évolution de notre société nous entraîne vers davantage de civilisation ou si au contraire, elle contribue à nous déciviliser. À partir du film « Petite fille » exemplaire de la problématique du transgenre dont la progression est aujourd'hui évidente, ils interrogent ce que d'aucuns estiment être une avancée sous couvert d'une possible et nécessaire autodétermination de l'enfant. Le point central consiste à devoir se demander si la réalité de ce sujet capable de se penser sexué à partir de lui-même est autre chose qu'un voeu pieux basé sur un déni, en l'occurrence, de son anatomie. Comment penser une société qui se construirait sur de telles prémisses ?
L'essentiel du travail de l'éducateur réside dans le caractère anecdotique de sa présence à l'Autre. Ce n'est pas pour autant que tout le monde peut se dire éducateur ! L'apparente simplicité d'un " être avec " masque la réelle complexité du " faire avec ". Et ce serait maintenir une illusion que de penser trouver les ressorts du métier d'éducateur en quelques savoirs disciplinaires : ceux-ci ne peuvent l'expliquer que dans l'après-coup. Le sens du métier d'éducateur est à puiser dans une lecture appliquée des actes posés au jour le jour ; encore faut-il pour cela disposer d'un langage approprié. D'où le choix de cent mots simples et pourtant illustratifs de la difficulté de ce métier. Cent mots pour une profession longtemps restée sans mots ! Tel est le pari de ce dictionnaire qui, par le biais de chacune des notions explorées, tisse des liens entre l'apparente banalité des gestes quotidiens de l'éducateur et leur fondamentale répercussion sur le développement de la personne accompagnée dans une relation d'aide éducative ou de soin. Au final, ce dictionnaire ne conceptualise pas une pratique professionnelle ; il la rend visible et lisible par tous ceux qui sont appelés à l'exercer. Il est une trousse à outils que tout éducateur devra savoir garder à portée de main, tant pour l'aider dans ses écrits que pour penser sa pratique.
Daniel Welzer-Lang, sociologue engagé, revisite 35 années de militantisme et de recherches sur le genre et les sexualités à travers son regard de « mec ». Critique acerbe de la domination masculine et de la virilité obligatoire homophobe, il plaide pour s'intéresser aussi aux hommes et au masculin, l'autre versant du genre si souvent oublié ou caricaturé.
Étudier les rapports hommes/femmes, comprendre les changements actuels, ceux favorables à l'égalité ou ceux montrant les « résistances masculines aux changements », passe par le fait d'étudier aussi les hommes et le masculin. Or, peu de travaux s'y sont attelés. Daniel Welzer-Lang le fait depuis plus de trente-cinq années en essayant d'en tirer des exemples pour un mieux vivre collectif et égalitaire. Parmi les thèmes abordés on trouve la contraception masculine, dont il a été un des expérimentateurs, et les hommes violents qui furent le sujet de sa thèse. Puis, partie prenante de la lutte contre le sida, il explore et décrit les backrooms gaies, les bisexualités, les lieux échangistes et libertins. Pour finir, il nous invite à réfléchir aux nouvelles hétérosexualités qui mettent en scène des personnes au genre fluide. Volontiers provocateur, il explique aussi ses déboires avec les féministes traditionnalistes.
La principale préoccupation de l'auteur est de faire partager au plus grand nombre sa conviction que le phénomène climatique responsable du réchauffement est irréversible. Il faut dès à présent se préparer à des conséquences qui remettront très vite en cause nos modes et nos lieux de vie.
Le réchauffement planétaire n'est pas seulement imputable à l'effet de serre mais aussi à l'irresponsabilité des décideurs et au déni de certains chefs d'État par inculture scientifique, méfiance paranoïaque ou intérêt politique. Ils sont à l'origine de l'irréversibilité du changement climatique en raison du temps perdu. Pour envisager les conséquences de ce phénomène et passer à l'action, il est urgent de décloisonner les savoirs - en y intégrant les sciences de l'homme : socio, psycho, politique, philo... C'est ce que tente de faire l'auteur. En tant que physicien du climat, il ne prétend pas apporter une réponse complète mais il souhaite mobiliser la société civile pour participer à des actions de proximité efficaces et mesurables à tous les niveaux des territoires afin de contenir l'emballement des processus activateurs et accompagner le nécessaire changement de mode de vie.
Entre Winnicott et Pikler, les convergences sont remarquables, dans leurs représentations du développement de l'enfant comme dans celles du rôle de son environnement humain et matériel. Elles ouvrent de nombreuses perspectives pour ceux qui ont à prendre soin des tout-petits.
Tous deux pédiatres et contemporains, Donald Winnicott et Emmi Pikler sont cependant très différents. L'un, anglais, connu pour sa fantaisie, son humour et son absence de dogmatisme, est devenu une figure emblématique de la psychanalyse ; l'autre, issue de la Mitteleuropa, a dirigé avec rigueur, sérieux et exigence, la pouponnière de la rue Lóczy à Budapest. Et pourtant de nombreux points de convergence existent et sont analysés par Patrick Mauvais comme autant de ressources à explorer par les professionnels de l'enfance : les soins corporels, l'attention à l'environnement humain et matériel, l'activité libre et la capacité à être seul, la qualité de présence des adultes auprès du bébé, la formation des professionnels, l'observation de l'enfant, attentive, individualisée, continue et partagée en équipe...