Née d'un père kabyle issu d'une famille de marabouts et d'une mère française d'origines juive et catholique, Kahina Bahloul a grandi en Algérie où elle a vécu au plus près la montée de l'intégrisme. Spécialiste de la mystique musulmane, elle décide de s'engager plus activement à la suite des attentats de 2015. Revendiquant, sur la base de sources classiques, la légitimité pour une femme d'être imame, de diriger les prières et d'enseigner, elle fonde en 2019 la mosquée Fatima, d'inspiration soufie, ouverte aux femmes voilées ou non, mais aussi aux non-musulmans. À l'image de la reine berbère résistante dont elle a hérité le prénom et le caractère, Kahina Bahloul, première femme imame en France, est aujourd'hui présente sur tous les fronts pour évoquer la possibilité d'un islam moderne et libéral.Un plaidoyer stimulant pour un islam affranchi du littéralisme qui le sclérose. La Croix.Le récit lumineux d'un chemin hors norme. Elle.Prix Mare Nostrum 2021.
Au coeur de l'islam, comme des autres religions de l'humanité, il existe une voie d'éveil, un chemin conduisant à une conscience toujours plus subtile du secret de l'existence. Ainsi l'islam n'est pas que « loi de Dieu », il est aussi ouverture du coeur à la vision d'Allh, la Réalité une et infinie. Mais cette dimension intérieure reste largement méconnue, y compris des musulmans eux-mêmes, et ce malgré l'écho qu'en donne le soufisme, qui est historiquement la voie initiatique par excellence de l'islam.Abdennour Bidar nous présente cette voie de libération du regard à travers les cinq piliers fondamentaux de l'islam auquel tout musulman dans le monde se réfère : le témoignage de foi, la prière, l'aumône, le jeûne et le pèlerinage. Pour chacun de ces piliers, il nous invite à découvrir, à méditer et à vivre sa signification symbolique et initiatique.
Pour les croyants musulmans, le Coran est la Parole de Dieu. Selon certains d'entre eux, cette Parole doit être prise à la lettre ; selon les autres, elle peut faire l'objet d'interprétations plus ou moins subtiles. Mais pour la plupart d'entre eux, elle est imprescriptible, elle a valeur absolue, en tous temps et en tous lieux. Cette approche a été transmise depuis des siècles, de génération en génération, comme une évidence indiscutée. Mais elle pose désormais un insidieux dilemme à tous les croyants qui portent une vision sécularisée du monde et se réclament de valeurs humanistes universelles. Assumant le principe de l'égalité en droit des individus, quels que soient leur religion, leur sexe, ou leur appartenance ethnique, ces croyants se trouvent en porte à faux avec nombre de versets coraniques qui vont à l'encontre de ces valeurs. Ils ne peuvent que récuser, par exemple, l'inégalité de statut social entre l'homme et la femme, la pratique de l'esclavage, la violence contre les Infidèles, les châtiments corporels. Le dilemme de ces croyants n'est pas imputable au Coran, mais au dogme selon lequel la Parole de Dieu serait globalement imprescriptible. Dogme qui repose sur un postulat implicite, tout à fait discutable : que la Parole de Dieu est nécessairement consubstantielle à Dieu. Ce postulat a été théologiquement réfuté par certains des plus grands penseurs musulmans. C'est une thèse, qui a lentement pris corps en se confrontant à une thèse adverse, et qui n'a définitivement prévalu, à l'échelle du monde musulman, que plusieurs siècles après la mort du Prophète. Le présent essai rappelle brièvement le contexte historique dans lequel cette thèse s'est imposée, avant de démontrer qu'elle peut faire, au XXIe siècle, l'objet d'une réfutation nouvelle, dotée d'une cohérence, et d'une force d'évidence, qu'elle ne pouvait avoir il y a mille ans.
Les Califes maudits est un cycle de cinq récits historiques qui reconstituent les règnes des quatre successeurs du Prophète Muhammad. Qualifiés de califes « bien guidés » par la tradition apologétique, ils n'ont cessé en réalité de s'entredéchirer, et ont tous connu une mort violente. Le premier volume, La Déchirure, publié au printemps dernier, nous faisait revivre comme une tragédie grecque la confrontation acharnée des prétendants au califat, et la malédiction proférée contre eux par Fatima, la fille du Prophète, dépossédée de son héritage. Ce deuxième volume nous entraîne, après le coup d'Etat d'Abou Bakr, dans ce que l'on a appelé les « guerres d'apostasie », la religion étant alors instrumentalisée dans les luttes meurtrières pour le pouvoir. C'est un baptême de sang que va connaître le Califat : les musulmans vont s'entretuer par milliers, dans une violence fondatrice dont les répliques se ressentent jusqu'à aujourd'hui...
Seize années de travail, et une vie tout entière consacrée à l'étude de l'islam, avaient été nécessaires au professeur Jacques Berque pour proposer un « essai de traduction » du Coran (expression à laquelle il tenait, pour marquer le caractère toujours inachevé de ce travail). À la fois savante et littéraire, cette oeuvre monumentale, témoignant d'une intime familiarité avec le monde arabe et la tradition de l'islam, fut saluée comme un événement pour l'approche de cette culture par le public francophone.Après quatre ans de travail supplémentaires, Jacques Berque améliora son texte en y apportant des centaines de retouches d'après les remarques de lecteurs érudits, et particulièrement celles de cheikhs de l'Islam. Cette édition définitive publiée quelques mois avant sa disparition nous fait redécouvrir le Coran dans le souffle de ses origines, ouvrant les perspectives d'un islam éclairé où foi et raison auraient toutes deux leur place.L'originalité de cette oeuvre est aussi signifiée par l'essai qui suit le texte sacré, que Jacques Berque considérait comme indissociable de la traduction elle-même, et qui nous dit ce que doit être l'acte de lecture d'un tel texte Jacques Berque (1910-1995), titulaire de la chaire d histoire sociale de l Islam contemporain au Collège de France de 1956 à 1981, a été l un des plus grands islamologues français. Il a notamment publié chez Albin Michel Musiques sur le fleuve (1996), Une cause jamais perdue (écrits politiques, 1998) et Relire le Coran (1993).
Sur quels critères se fonde l'affirmation que l'islam est la deuxième religion en France aujourd'hui ? Comptabilise-t-on de la même manière un musulman pratiquant et un athée « d'origine » ou de « culture » musulmane ? Marie-Claire Willems, sociologue, a enquêté auprès des premiers concernés et se livre à une sociohistoire de ce mot pour en éclairer les pièges.
En interrogeant les frontières de l'identité musulmane (vécue ou attribuée), l'autrice analyse les enjeux de cette catégorisation et des représentations qui lui sont associées. Musulman réfléchit aux différentes définitions du terme et à la manière dont les musulmans s'identifient, avec pour question centrale :
Qu'est-ce qu'être musulmane et musulman aujourd'hui en France ?
Un essai qui va au devant des idées reçues, avec rigueur et humanité.
« Est-ce qu'une femme peut diriger un État musulman ? » demanda un jour Fatema Mernissi dans son épicerie de quartier. On lui rétorqua ce célèbre hadith : « Ne connaîtra jamais la prospérité le peuple qui confie ses affaires à une femme. »Comment en est-on arrivé là ? Lorsque naît l'islam en 622, l'intention du Prophète est d'instaurer une communauté religieuse et démocratique au sein de laquelle hommes et femmes discuteront les lois de la cité. Quels méandres ont mené jusqu'à la femme voilée, mise à l'écart de la vie politique, confinée dans l'espace privé au nom de la foi religieuse ?La sociologue a mené une véritable enquête policière à travers l'énorme masse de la littérature religieuse. Elle dresse l'état des lieux dans la Médine du viie siècle, lorsque les épouses du Prophète discutaient politique et allaient à la guerre... Fatema Mernissi (1940-2015) a été professeure de sociologie à l'université de Rabat et militante des Droits de l'Homme. Parmi ses publications, sont notamment parus, aux éditions Albin Michel, Sultanes oubliées et Islam et Démocratie.
La Conférence des oiseaux est un des plus célèbres contes soufi, qui a beaucoup influencé le grand Rûmî, et dont le Persan Farid al-Din Attar (1142-1220) fit l'un des plus beaux récits poétiques de tous les temps. Il raconte comment les oiseaux se mirent en quête du mythique Simorgh, afin de le prendre comme roi. Au terme d'une épopée mystique et existentielle, ils découvrent que le Simorgh n'est autre qu'eux-mêmes : Le soleil de ma majesté est un miroir. Celui qui se voit dans ce miroir, y voit son âme et son corps.De cette allégorie de la rencontre entre l'âme et son vrai roi, Jean-Claude Carrière a extrait une oeuvre théâtrale, mise en scène par Peter Brook en Avignon en 1979. Longtemps épuisé, ce classique contemporain par lequel un trésor du patrimoine spirituel mondial retrouve son oralité première, est enfin rendu à son public.
« Dans 20 ans une bonne partie des églises seront des mosquées. » « L'islam opprime les femmes », « est inadapté au mode de vie moderne », « incompatible avec les valeurs de la République française ». « Les salafistes sont tous des terroristes. ».
Les clichés et les idées reçues sur l'islam et les musulmans foisonnent et infusent de façon croissante dans notre société, plus particulièrement encore en contexte de campagne électorale, Sur fond d'ignorance et de confusion on mélange indistinctement le Coran, la Charia, les cultures et les civilisations dont l'islam a été le vecteur. Or, l'islam ne se résume pas à une pratique rigoriste ; à des groupes intégristes prônant l'instauration d'une société régie par la Charia, ou qui adoptent une lecture figée du Coran et de la Tradition prophétique. L'islam est divers, traversé de tensions. La pratique religieuse des musulmans est très variée, leur lecture du Coran très personnelle. Et les nombreux préjugés masquent la réalité de ce que vit l'immense majorité des musulmans qui participent à la société.
Statut du Coran, relations avec les pays occidentaux, rapports hommes/femmes, vie quotidienne, place de la religion dans la laïcité, géopolitique, violence...
Aucune question n'est éludée.
Articulant le Coran, en tant que source primordiale de l'islam, avec l'histoire des idées dans le champ islamique, mais également une analyse des pratiques religieuses et de la réalité de ce que sont les musulmans aujourd'hui, ce livre se veut un outil indispensable pour construire une société apaisée.
Le débat « femme et islam » crée plus de crispations que de soulever de véritables questions. Comment traiter la question de la femme en i/Islam quand celui-ci est complètement diabolisé ? On entend souvent - discours médiatique, et parfois académique, à l'appui -, que l'islam dédaigne et déshumanise la femme sans pour autant préciser de quel islam s'agit-il ? L'amalgame entre le Texte coranique et les pratiques socioculturelles est préjudiciable à la femme. Le Texte n'encourage nulle part à rendre « invisible » ou déshumaniser la femme. Ce sont les pratiques sociales et culturelles qui ont perverti le statut et la place de la femme dans l'organisation de la société.
Ces pratiques gagnent, avec la complicité de certains élus - notre République et certains partis politiques pervertissent ses valeurs. Le faux débat sur le burkini en est un exemple criant. Ce vêtement, comme le voile d'ailleurs, n'a rien d'islamique. Ce qui est en jeu, c'est le corps de la femme. « Le diable se cache dans le détail », dit-on. À quoi bon alors ajouter l'amalgame à la confusion ? Le féminisme n'a pas d'identité et n'a pas de territoire non plus. Il est universel. C'est un combat pour l'émancipation des femmes du joug du patriarcat qui les a déshumanisées, voici des milliers d'années. « Voile/burkini et féministe » est un oxymore. Le voile - et le burkini comme sous produit de la burqa - est la marque de fabrique du patriarcat alors que le féminisme est un combat contre ce régime qui a asservi les femmes. Un combat pour l'égalité, l'équité et surtout pour la dignité de la femme et la comprendre en tant qu'être différent, en tant qu'Autre soi-même.
Grand oublié des études islamologiques, l'islam au sud du Sahara n'en reste pas moins un lieu où se reformulent les doctrines islamiques. Loin de la caricature héritée de travaux orientalistes ou des préjugés de certains auteurs arabo-musulmans, l'islam de l'Afrique subsaharienne offre des textes, des figures et des doctrines religieuses qui s'inscrivent pleinement dans les questions les plus actuelles : l'interprétation du Coran, islam et violence, la place de Muhammad et de sa famille dans la spiritualité musulmane, celle des femmes, le rapport entre théologie et politique, l'altérité... Autant de questions présentes chez le prédicateur malien Chérif Ousmane Madani Haïdara, figure majeure de l'islam ouest-africain d'aujourd'hui. Voici un nouvel éclairage sur les débats actuels au sein de l'islam.
- Un champ inexploré et largement marginalisé dans les études en islamologie par les tenants occidentaux de l'école orientaliste et par les chercheurs arabo-musulmans ;
- Un jeune intellectuel africain, maître de conférence de l'Université de Clermont-Auvergne ;
- Une spiritualité riche analysée au travers du prédicateur malien Chérif Ousmane Madani Haïdara qui prône la paix et la tolérance ;
- Un préfacier préstigieux en la personne de Souleymane Bachir Diagne de l'Université de Columbia ;
- Le 21e titre de la collection Pépites de poche emblématique.
Comment fut élaboré le Coran ? Quels en sont les thèmes majeurs ? Qu'est-ce qui unit et sépare chrétiens et musulmans ? Quel est le statut de la femme dans l'islam ? Que lui doit- on sur le plan scientifique ? Pourquoi fait-il peur en France ? Quand fut lancé le premier djihad ?
Souvent l'islam inquiète. Comme tout sujet mal connu, il suscite l'anxiété. Voilà pourquoi il était si important de demander au grand spécialiste Malek Chebel de revisiter son domaine de prédilection et de répondre avec clarté aux grandes questions que l'on est amené à se poser.
Tous les aspects sont abordés : l'histoire, le prophète, le Coran, les rituels, les relations avec la France, l'Occident, l'amour et la sexualité, les autres religions, les arts, la littérature et la science, les réformesà venir...
D'une plume vive, Malek Chebel nous livre en cent questions des dizaines d'années de recherche et de réflexion.
Prix littéraire de la Grande Mosquée de Paris« Les femmes sont les gardiennes du secret de ce que Dieu garde secret », dit le Coran dans l'un de ses versets énigmatiques. À l'heure où l'injonction de la « vertu » ou celle de la « libération » tentent de s'imposer aux femmes musulmanes, Karima Berger déploie ici sa pensée du féminin, une pensée politique, spirituelle et poétique. En soulevant le voile des apparences, elle découvre l'intelligence des femmes qui est à l'oeuvre et qui irradie tout le corps de l'islam. Les héroïnes de la tradition (Layla, Hagar, Aïcha, Khadîdja, Fâtima, Marie...) donnent chair à la pensée, à la parole, à la beauté. Elles déploient ainsi tous les degrés de ce « secret » dont les femmes sont les Gardiennes.Mêlant sa vie et sa culture de femme d'Orient et d'Occident, l'auteure prolonge dans ces Gardiennes du secret la recherche qu'elle avait engagée avec Etty Hillesum dans Les Attentives (Albin Michel, 2019).
Le pèlerinage à La Mecque est un des cinq piliers de l'islam obligatoires pour ceux qui sont en mesure de l'accomplir. Il doit être réalisé au moins une fois dans la vie de tout croyant. Durant sa durée, le pèlerin se met en état de sacralisation, se consacre tout entier à Dieu et doit se livrer à une véritable ascèse avec un ensemble d'interdits allant de l'abstinence sexuelle à l'interdiction de tuer y compris le moindre insecte.
Ibn 'Arabî en présente ici la signification intérieure. Entièrement basé sur le Coran et les paroles du Prophète, d'une extrême richesse et d'une grande clarté, ce texte éclairera aussi bien le savant que le simple croyant et accompagnera chacun sa vie durant.
Il montre à tous que chaque pratique a un fondement intérieur souvent bien différent de ce qui en est présenté.
Le présent recueil reprend la traduction du chapitre contenu dans Les Cinq piliers de l'islam augmentée d'autres chapitres extraits eux aussi du chef-d'oeuvre d'Ibn 'Arabî, Les Révélations de La Mecque, véritable « Bible de l'ésotérisme en Islam » et somme d'enseignements sans équivalent aussi bien dans le soufisme que dans l'histoire de l'humanité.
Le présent volume présente la signification intérieure et les fondements de la religion musulmane résumés en 101 citations tirées des textes essentiels de l'islam organisés thématiquement.
Une première partie résume ce que sont l'islam et ses cinq piliers fondamentaux (attestation de foi, prière, impôt rituel, pèlerinage et jeûne du mois de Ramadan).
Les parties suivantes articulent d'autres citations venant compléter cette introduction et se rapportant à la révélation coranique, la prédication et les fondements de la communauté musulmane avec les principaux interdits ou des sujets prêtant désormais à confusion comme ce qu'il faut entendre par guerre sainte (une guerre plus contre son propre ego que contre un ennemi extérieur).
Enfin, les indications de sacralisation du quotidien (importance de l'intention, rôle de la famille et du mariage, pudeur et respect, ce qui permet de sacraliser la vie quotidienne et ce qui est à éviter).
L'ensemble constitue un opuscule de poche et de lecture aisée accessible à quiconque souhaite comprendre ce qu'est l'islam.
La signification intérieure et les fondements du pèlerinage du mois sacré de Ramadan expliqués par le disciple du plus grand des Maîtres du soufisme. Le commentaire simplifié du traité d'Ibn Arabi réédité ce mois-ci.
Lui aussi un texte pour les savants accessible à tout simple musulman comme à toute personne qui souhaite comprendre ce qu'est le pèlerinage pour les musulmans, quelles en sont les règles et leur portée spirituelles doublée d'une lecture ésotérique des secrets.
Pour rappel : selon la tradition, fondée sur une parole du Prophète, l'islam repose sur cinq piliers obligatoire pour tout fidèle et le pèlerinage est un de ceux-ci. Sharani passe en revue les étapes et les règles de ce dernier et montre leur sens intérieur et ésotérique.
Comme avec Ibn Arabi, le lecteur qui croit connaître la question, en lisant ce texte, réalisera sans doute que le pèlerinage musulman n'est pas forcément ce qu'il avait cru jusqu'ici. Sharani, en y livrant une partie de sa compréhension du sujet, conduit le lecteur à reconsidérer un rite que tout musulman se doit d'accomplir au moins une fois dans sa vie.
Du même auteur sont parus aux éditions i : « Les secrets des cinq piliers de l'islam » (traduit par Gouraud) dont ce volume est une réédition partielle revue et corrigée.
Alors que les courants salafistes et dhjihadistes imposent une lecture atemporelle du Coran, ce livre passionnant analyse le discours du Prophète à la lumière du contexte historique et anthropologique où vivait Mahomet : l'Arabie tribale et désertique du début du viie siècle. Jacqueline Chabbi montre ainsi que les trois caractéristiques du divin correspondent aux trois piliers de la société tribale : Dieu est représenté avant tout comme celui dont l'alliance, la guidance et le don répondent aux nécessités vitales imposées par l'environnement.
Cet éclairage inédit permet d'élucider un grand nombre de notions et renouvelle le sens de celles qui ont été figées par une certaine doctrine musulmane (djihâd, charia, etc.), tout en faisant apparaître combien elles ont pu évoluer au fil du temps et des transformations sociales.
La signification intérieure et les fondements du jeûne musulman du mois de Ramadan ainsi que de l'impôt rituel obligatoire (zakat) dont beaucoup de croyants s'acquittent justement à la fin du mois sacré, tous deux expliqués par le plus grand des Maîtres du soufisme traduit par un des spécialistes mondiaux de son oeuvre. Une réédition partielle de l'anthologie, Les Piliers de l'islam, revue et corrigée; les chapitres sont tirés de son chef-d'oeuvre, Les Révélations de La Mecque. Comme les autres chapitres de ces rééditions, ce volume constitue un texte pour les savants qui ouvre à chacun des perspectives d'une permanente actualité.
Ibn Arabi examine ici encore la lettre des textes de base sur ces deux piliers(le Coran et les paroles du Prophète) et montre comment leur littéralité même est aussi le parfait réceptacle de l'esprit de l'islam.
Le lecteur qui s'intéresse au jeûne, en lisant ce texte, réalisera sans doute que ce rite n'est pas forcément ce qu'il avait cru jusqu'ici. Ibn Arabi, en y livrant une partie de sa compréhension de ces deux piliers, conduit le lecteur à reconsidérer l'ensemble de la tradition musulmane.
Ce volume est un extrait du Commentaire du Coran par le grand soufi marocain, Ibn 'Ajîba. Il porte précisément sur la signification spirituelle de la plus célèbre sourate du Coran, la Fâtiha, celle qui ouvre le Livre sacré et qui est récitée quotidiennement à plusieurs reprises lors de chaque prière par tous les croyants dans le monde entier mais souvent sans en comprendre le sens. C'est cette lacune que vient combler ce petit traité.
Ce texte est à la fois d'un contenu intemporel et d'une actualité brûlante puisqu'il est constitué par les enseignements d'un sage musulman sur le sens du Destin en période d'épidémie.
Les principes qu'ils contiennent sont ceux que son auteur appliqua à sa propre existence alors que le Maroc connut une épidémie de peste. Il s'agit d'accepter le Destin qui module la vie du musulman sans négliger les précautions nécessaires. Ces principes ne mettent d'ailleurs pas à l'abri de la maladie et de la mort mais aident à y faire face et sont un message d'espoir quelle que soit l'issue. Ils se réfèrent essentiellement à l'attitude intérieure à adopter et qui est celle au principe de l'islam : soumission.
Comme le dit un maître : « Toute crise représente le rappel à une fin qui ne laisse pas le temps de désespérer ou de se perdre en pensées futiles, mais qui concède toujours le temps d'une invocation, d'une prière où l'on redécouvre notre propre incapacité face au mystère de la Toute-Puissance divine, et où l'on découvre la participation à la protection de Dieu qui prend soin et sauve. » Plus qu'un exposé doctrinal sur la question épineuse du Décret divin et de la Prédestination, ce texte se présente avant tout comme un enseignement spirituel, une initiation à la sagesse dans la plus pure tradition du soufisme, suivant la voie contemplative de la confrérie soufie, la Shâdhiliyya. Mais c'est aussi un témoignage de foi vivant, un appel à la vigilance intérieure et à l'ascension du coeur, un message d'espoir nourri par la certitude de la Vie éternelle de l'Au-delà.
Le maître y affirme la prééminence de la Toute-Puissance de Dieu, inséparable de Sa Sagesse, qui se manifestent toutes deux sous le voile des apparences, y compris celui de la maladie et de la mort. Il dispense ses enseignements et ses conseils, partage son expérience vécue, face à l'épidémie de la grande peste au Maroc, pour aider le croyant à se plier pleinement aux décrets de Dieu. Car Ibn Ajiba s'inquiète des maladies de l'âme, confusions et déficiences qui peuvent surgir chez le croyant dans ces moments d'épreuves, concernant en particulier l'Unicité absolue de Dieu, la foi dans le Destin, l'acceptation de la mort, la confiance en la Providence.
Pour y remédier, Ibn Ajiba préconise « l'éducation à la certitude », grâce à laquelle le croyant sera élevé progressivement de la connaissance à la contemplation, et jusqu'à la réalisation spirituelle en Dieu.
Ce texte d'Ibn Ajiba a bien entendu un écho tout à fait particulier dans le contexte qui est le nôtre, encore marqué par la pandémie du coronavirus apparu à la fin de l'année 2019. Toutefois, l'actualité du texte d'Ibn Ajiba et son principal intérêt ne tiennent pas seulement aux circonstances communes entre son époque et la nôtre, c'est-à-dire celles de l'épidémie, mais dans le fait que les enseignements qu'il véhicule, dans le langage propre à la tradition islamique, sont universels, dans le double sens du terme : parce qu'ils s'adressent au coeur de chacun, et parce qu'ils visent à les orienter justement vers le Dieu Un et Unique.
Il en résulte un volume succinct susceptible d'aider les croyants du monde entier et qui donnera à réfléchir et à espérer à tous...
Le tout est précédé d'une petite introduction à la vie d'Ibn 'Ajîba lui-même et à ce traité.
Il est difficile, ces temps-ci, de penser librement et encore plus de penser en athée. Affirmer que les idéaux de la philosophie des Lumières sont toujours d'actualité fait paradoxalement passer pour un réactionnaire, un islamophobe, voire un compagnon de route du Front national assimilé au fascisme. Dans ce livre, je me propose de réactiver la pensée des Lumières. Non pas en faveur ou en défaveur, mais en philosophe. Je lis le Coran, j'examine les hadîths et croise le tout avec des biographies du Prophète pour montrer qu'il existe dans ce corpus matière au pire et au meilleur : le pire, ce que des minorités agissantes activent par la violence ; le meilleur, ce que des majorités silencieuses pratiquent de manière privée. Comment la République doit-elle considérer ces deux façons d'être musulman ? Nous nommons barbarie ce que nous ne voulons pas comprendre. L'islam terroriste a été partiellement créé par l'Occident belliqueux. D'où la nécessité de se remettre à penser.
M. O.
De Java au Maroc, l'art de faire politique a longtemps été en tension avec le religieux, et non en fusion. L'irruption de l'Europe dans les mondes musulmans, au XIXe siècle, a déclenché des modernisations défensives qui, mettant le religieux entre parenthèses, se sont aliéné les peuples. Après la suppression du califat ottoman par Mustapha Kemal en 1924, des expériences de démocratisation se sont déroulées de l'Égypte à l'Indonésie. Hormis dans la Turquie post kémaliste, elles ont été étouffées par l'installation de républiques césariennes et populistes. Et la recherche d'un équilibre entre croyants et citoyens a été suspendue.
L'islam politique est monté en puissance au cours des années 1970-1980, mais il a échoué à prendre le pouvoir, sauf en Iran et au Soudan. Lui a succédé la vague du salafisme, qui oscillait entre l'imposition à la société d'un ordre moral islamique et un régime de terreur, dont Daech a été le paroxysme. Mais, si la fin du XXe siècle a été marquée par le retour de Dieu, notre époque pourrait bien être celle de la résurgence des peuples, depuis les Printemps arabes de 2011.
La renommée de Nasr Eddin s'étend du monde arabe aux pays balkaniques, en passant par l'Asie mineure et centrale.
Tous les peuples qui connaissent ses aventures se sont approprié le mythique ouléma. Ukrainien, mongol, albanais, ou algérien, ce personnage est d'origine turque, et aurait vécu entre 1209 et 1284 à Ashkéhir, où il a sa tombe, vide.
Voici rassemblées des centaines d'anecdotes, facéties, histoires drôles et/ou acides du Hodja.
Ce volume d'inédits, qui fait suite aux précédents recueils publiés notamment chez Phébus où ils sont devenus des classiques instantanés, réjouit toujours autant par son irrévérence et sa sagesse paradoxale et joyeuse.
Du grand califat shi'ite ismaélien qui régna autour de l'an mil de l'Égypte à la Sicile, nous ignorons l'essentiel, à savoir son étonnante actualité et son importance pour le renouveau du dialogue des civilisations.
À la fois imam ismaélien, calife fatimide, divinité druze sur terre, la personnalité singulière d'al-Hakim bi-amr Allah (985-1021), véritable personnage de roman, déroule le fil rouge qui relie ismaéliens, Fatimides et Druzes.
Hétérodoxes, situés aux marges de l'islam, prônant la discipline de l'arcane (la taqiyya), forts de leurs rites, ces trois courants ont nourri l'imaginaire, engendré bien des mythes et suscité bien des légendes, dont celle des Assassins, introduite en Occident par les croisés.
Dans cette première grande synthèse en langue française, Daniel De Smet, spécialiste de l'ismaélisme, tente de démêler la réalité historique du merveilleux.
Un grand livre d'histoire passée et pourtant contemporaine.
Une critique prémonitoire de la récupération du soufisme par ceux qui s'en servent pour ne pas se regarder en face tels qu'ils sont et au passage la signification intérieure et les fondements de la religion musulmane expliqués par un grand maître soufi, dans la lignée d'Ibn Arabi dont ce livre explicite l'enseignement et le rend accessible à tous. Ecrit au Xème siècle ce texte retrouve aujourd'hui une étonnate actualité. Un livre inédit d'un grand auteur du soufisme qui mérite d'être relu aujourd'hui.