L'ambition de cet ouvrage est de fournir un nouvel éclairage sur l'oeuvre immense de l'architecte Fernand Pouillon, en France et en Algérie, en la réinterrogeant en fonction des problématiques contemporaines : intérêt pour l'architecture vernaculaire et durable, pour les matériaux naturels ou locaux, pour la façon d'habiter les logements.
Il est temps de convoquer un nouvel imaginaire : les villes de demain n'ont plus vocation à grandir éternellement. Plus tôt nous mettrons en pratique le «zéro artificialisation », plus grande sera notre résilience face aux crises écologiques à venir. Au plus vite, la ville doit devenir stationnaire : continuer à vivre, à s'épanouir et à s'embellir en cessant de dévorer l'espace autour d'elle.
Réguler l'étalement urbain et la transformation des terres agricoles ou des sites naturels en terrains constructibles (en France, 25 à 30 000 hectares de sols sont détruits par an pour agrandir les villes) par une revitalisation des territoires ruraux et un urbanisme circulaire : privilégier la réutilisation de l'existant, la récupération de friches industrielles ou commerciales, et s'orienter toujours plus vers la réhabilitation.
L'eau est un élément déterminant dans le paysage et une ressource à préserver : ce numéro continue à explorer la place des quatre éléments dans les paysages.
"Les dix livres d'architecture" du plus célèbre des architectes latins, Vitruve, sont un classique incontournable depuis des siècles. Vitruve vécut au Ier siècle avant notre ère, dédia son livre à Auguste. Il semble avoir servi comme ingénieur militaire en Espagne et en Gaule, et serait mort en 26 av. J.-C.
"De architectura" constitue l'unique témoignage théorique qui nous soit parvenu de l'Antiquité sur l'art de composer et de bâtir les édifices.
L'auteur fait revivre dans une synthèse réactualisée tout le cycle de réalisation des constructions romaines, de l'étude des sites et matériaux, aux techniques et gestes de ceux qui bâtirent Pompéi. De très nombreux dessins de l'auteur rendent ce vaste chantier ar chéo-ethnographique accessible à un large public. Cet ouvrage est un classique.
L'air libre ! L'expérience du paysage se donne souvent d'abord comme une expérience de l'air libre. Tout autant qu'une condition naturelle essentielle du maintien de la vie sur Terre, l'air est pour les êtres humains un milieu existentiel qui est rencontré et vécu aussi comme une matière chargée de qualités variables : l'air a une odeur, une température, une sonorité, voire une couleur, une opacité visuelle (brouillards), un mouvement, une force (le vent).
Autrement dit, l'air se présente aux êtres humains chargé de propriétés paysagères. Sans y penser, notre souffle communique avec celui du paysage ; nous vivons de ces deux souffles, le nôtre et celui du paysage, l'air comme source d'énergie, vitale ou spirituelle.
Gilles Clément, paysagiste français créateur du parc Citroën, des jardins de l'Arche et du parc du musée des Arts premiers - quai Branly - à Paris, du domaine du Rayol en Provence et du jardin de l'abbaye de Valloires en Picardie, parmi beaucoup d'autres, préfère se présenter comme un simple jardinier. Car du rapport vécu et vivant avec la Terre et ses écosystèmes émerge toute une vision de bonne gestion mondiale qui passe de la notion de "Jardin en Mouvement" au "Jardin Planétaire" et au "Tiers Paysage". Et l'herbe ? Le regard - et la main - que nous portons sur elle témoigne de notre place dans une biosphère qui nous dépasse et nous submerge souvent, mais que nous avons le pouvoir de détruire.
La rencontre entre un architecte et un projet adopte parfois des voies inhabituelles. Patrick Bouchain et l'agence Construire souhaitaient depuis un certain temps s'attaquer à la question du logement. Montrer par leur façon de faire que la violence inhérente au terme loger pouvait être remplacée par la politesse du terme habiter.
Fugue aux variations infinies, le livre déploie, d'Ispahan à Grenade et à Fès, du Caire à Damas et Alep, de Telouet à Topkapi, les multiples splendeurs de l'architecture et de la décoration orientales, où règnent le rythme de la géométrie, l'entrelacs des arabesques et la calligraphie sacrée. Mais il inscrit cette beauté dans la réalité complexe et unitaire d'un monde issu du nomadisme et de la parole de Dieu. Les influences peuvent être les plus excentrées hellénistiques, persanes, ottomanes, italiennes, voire wisigothiques ; les styles régionaux différer profondément, les matériaux s'étager de la terre crue aux pierres multicolores et au marbre, en passant par le bois et la brique recouverte de céramique ou de stuc : les principes de l'urbanisme, de l'architecture domestique et du décor restent communs. L'auteur décrit « un certain ordre urbain sans urbanisme » qui fait ressembler telle vue aérienne de Damas au dédale d'un décor. Le repli des ruelles dessine l'autonomie de chaque quartier en contrepoint des voies ouvertes sur les édifices publics, la mosquée, le souk, le khan (caravansérail et entrepôt).
L'opposition fondamentale entre l'intérieur et l'extérieur, le privé et le public, préside à l'ordonnance de la demeure, et d'abord, au contraste saisissant entre la façade austère, nue, agrémentée seulement du décor de la porte, et, dès le seuil franchi, l'enchantement des façades internes, du bassin, des dallages, des îwâns surélevés, du jardin et des arbres de la cour (Damas, Bayt Khaled al-'Azm). À l'intérieur, la transparence des espaces met en valeur l'exubérance décorative (Le Caire, Bayt Suhaymi) ou la pure luminosité (palais Mousafirhané) : espace central de dégagement, la qâ'a ouvre sur plusieurs îwâns, elle est comme une cour, le « centre de légèreté » de l'ensemble, la pièce noble par excellence (Alep, maison Ghazalé). Le départ entre le lieu de l'intimité privée, l'enclos sacré du harâm, (équivalent du téménos grec et du templum romain), dont l'accès est interdit aux étrangers, et les zones d'accueil ('ataba, durqâ'a), s'il remonte à l'antique distinction de l'oikos et de l'andron, sans doute d'origine perse, est sanctifié par la référence à la demeure du prophète à Médine, à la fois lieu de prière, habitation privée, cadre des entretiens publics et du traitement des affaires.
Aussi, la description de ces riches palais et d'autres demeures plus modestes n'aurait-elle guère de sens si elle ne s'accompagnait de celle des modes de vie et de leur évolution, passée et actuelle. Nul cloisonnement, nulle spécialisation fonctionnelle, marquée par un mobilier spécifique, dans la maison orientale : tout y est fluide, labile, adaptable au fil des besoins. Ce nomadisme intérieur, plus sans doute que l'origine incertaine de la tente du nomade, caractérise un style de vie qui fit, et fait encore, rêver luxe, calme et volupté peintres, poètes et voyageurs européens.
Cet ouvrage, initialement publié en Allemagne où une septième édition vient d'être engagée, propose à la fois une vue d'ensemble sur un art de bâtir contemporain, ancré dans la tradition vernaculaire, et tous les éléments concrets d'un manuel de construction.
Patrick Bouchain est passé maître dans l'art de capter, de fédérer, de révéler les intelligences et les savoir-faire pour habiter le monde autrement. Posant un regard rétrospectif sur cinq décennies de création, cet ouvrage propose un inventaire inédit des quelque cent cinquante projets conçus par Patrick Bouchain de 1967 à 2017. Il fait suite à la donation des archives de l'architecte au FRAC Centre-Val de Loire, dont la collection est l'une des plus importantes au monde pour l'architecture. Conçu comme un atlas, l'ouvrage révèle le contenu des nombreux carnets constitués au gré de chaque projet, où s'entremêlent les circonvolutions du dessin, du collage et de l'écriture, rebonds d'une pensée orale indéfectiblement stimulée par le dialogue avec la société.
Projet réalisé par l'architecte décorateur Pierre Chareau entre 1928 et 1931, la Maison de verre - initialement habitation et cabinet médical -, est un chef-d'oeuvre de modernité, conçu comme un espace total dont la structure métallique est associée à des panneaux et pavés de verre.
Le cas de Pierre Chareau est rare dans l'histoire de l'architecture puisqu'une unique maison témoigne de son oeuvre et lui vaut d'être admiré aujourd'hui, même si sa production, couvrant aussi l'aménagement intérieur et les meubles, ne peut se ramener à cette seule réalisation.
La Maison de verre apparaît en effet comme l'oeuvre majeure de Pierre Chareau, architecte, décorateur, meublier et assemblier, réalisée entre 1928 et 1931 en collaboration avec l'architecte Bernard Bijvoet et des artisans ébénistes et ferronniers, pour le docteur Jean Dalsace et son épouse Annie Bernheim-Dalsace. Elle témoigne à la fois de sa maîtrise de la conception de l'espace et de sa connaissance précise des matériaux.
La façade sur cour est complètement vitrée : une structure métallique tramée soutient des panneaux en pavés de verre, matériau réservé auparavant aux édifices industriels. Ce traitement novateur réforme l'idée même de façade, conçue ici comme une membrane lumineuse, une enveloppe translucide. La structure, faite de poutres et poutrelles en acier, les canalisations et les conduits restent visibles, transformant ainsi les éléments utilitaires en principes décoratifs. A l'intérieur, la mobilité de nombreux éléments rend l'espace dynamique, véritable "machine à habiter". Les chambres s'isolent par des portes-placards, en bois ou en métal, qui coulissent et pivotent. L'agencement des pièces témoigne d'un esprit d'invention, d'une conception spatiale sophistiquée tout en répondant à des exigences fonctionnelles et un assemblage judicieux des espaces publics et privés. Au rez-de-chaussée, la maison comporte initialement le cabinet du docteur Jean Dalsace, commanditaire et ami. D'autres usages se mêlent : au premier étage, les espaces de réception et la bibliothèque, au second les chambres, mais aussi une aile de service héritée des demeures bourgeoises traditionnelles. L'ensemble, ultra-moderne et très lumineux, réussit ainsi à concilier ces différents usages et à pallier les contraintes du site.
En s'appuyant sur une solide armature théorique qui convoque Adlof Loos, Leberecht Migge, Ivan Illich et André Gorz, cet ouvrage part d'une critique radicale de l'architecture ordinaire et extraordinaire produite par l'industrie globale de la construction et se propose d'examiner les circonstances dans lesquelle émerge un peu partout dans le monde, une alternative qu'il voit comme une «nouvelle architecture vernaculaire».
Depuis le début des années 1990, l'architecte suisse Gion A. Caminada interroge autant les formes architecturales que les processus nécessaires à leur mise en oeuvre et se saisit de questionnements d'ordre tant symbolique qu'économique. Ses réflexions qui associent une connaissance aigüe du fonctionnement de nos sociétés avec un désir radical de transformations culturelles dépassent de loin les enjeux spécifiques liés aux territoires ruraux. Elles nous ramènent tout simplement aux fondements de l'acte de bâtir au sein d'une société.
Lucien Kroll, né en 1927, formé à l'Ecole Nationale Supérieure de La Cambre, vit et travaille à Bruxelles, au sein de l'Atelier d'Urbanisme, d'Architecture et d'Informatique Lucien Kroll, et avec sa femme Simone, jardinière, coloriste, potière. S'il se définit autant comme architecte ou urbaniste que simple citoyen, c'est que l'architecture pour lui est une affaire de relations, liant les individus entre eux et à leur environnement.
L'Atelier Lucien Kroll travaille depuis les années 1960 avec la participation des habitants, et dans le plus grand respect du contexte : la recherche du "sentiment d'habiter" étant tout simplement impossible sans la contribution de coopératives d'habitants.
Dans cet ouvrage très illustré (photos, dessins et croquis de la main de l'auteur), Marcel Bajard nous livre le résultat de ses recherches sur l'architecture et l'aménagement urbanistique de la ville d'Amsterdam. Il montre en quoi l'originalité et la beauté de cette ville ne sont pas fruit du hasard, mais bien celui d'évolutions successives raisonnées et de courants artistiques qui ont façonné au fil du temps ses canaux, ses rues et ses espaces publics.
Architecture naturelle II poursuit la recherche entreprise par Alessandro Rocca dans le premier volume (Actes Sud, 2007), en présentant une série de constructions qui dialoguent directement avec la nature par leur localisation, l'emploi de techniques artisanales, l'utilisation de matériaux naturels et la prise en compte de leurs caractéristiques propres. L'ouvrage nous plonge ainsi dans les réalisations de vingt-deux artistes et architectes ayant travaillé sur cette relation et ses possibles variations.
Au fil des pages, on côtoie des observatoires sur le paysage qui repositionnent l'homme au coeur de la nature, en lui offrant un point de vue nouveau et privilégié sur celle-ci.
On découvre en particulier des macrostructures accessibles, par exemple, pour observer la ville de Venise ou la skyline de New York à partir de Central Park, ce qui procure à l'observateur un sentiment contradictoire de fascination et d'angoisse dû à la hauteur exceptionnelle de la structure et à l'apparente fragilité des matériaux de construction utilisés. On pénètre dans des macro-architectures constituant de grands abris sous lesquels on peut se retrouver, manger, danser, échanger, ce qui permet la redéfinition, la réappropriation et parfois même la réhabilitation d'un espace public par ses habitants.
Ces architectures foncièrement éphémères visent à générer une désorientation de l'observateur ou à reconstituer les fonctions de l'espace urbain en établissant ou en consolidant les liens entre les habitants, tout en apportant un regard nouveau sur l'environnement dans lequel ils vivent et travaillent par le biais de structures implantées dans des paysages tant naturels qu'urbains.
Autre sujet de fascination : la beauté singulière de ces travaux qui se dégage avec force des dessins et des photographies. Les auteurs de ces oeuvres appartiennent à des cultures et des pays divers, de même qu'ils oscillent entre plusieurs courants d'art contemporain : architecture naturelle surtout, mais aussi Land Art, Earth Art, art environnemental, art bio, art conceptuel...
Les serres fascinent et questionnent. En tant qu'outils de production, elles font intrinsèquement partie de nos paysages agricoles au point d'être devenues si communes que nous ne les voyons plus. En ville en revanche, en tant que lieu de science, de préservation et de conservation, les serres botaniques continuent de témoigner d'une histoire scientifique, culturelle et architecturale incroyable. À ce titre, elles font partie des lieux les plus visités de nos capitales européennes. Pour autant, l'histoire de ces serres ne nous est pas familière.
Pour la première fois, un ouvrage d'art se propose de rassembler parmi les vingt-cinq serres les plus prestigieuses d'Europe, présentant chacune d'elles dans toute sa beauté et son originalité architecturale. Adrien Buchet, photographe d'architecture, nous emmène ainsi à la découverte d'un univers féerique, au service des plantes et des hommes. Reflet de quatre siècles de découvertes botaniques, agroalimentaires et scientifiques mais aussi d'innovations architecturales majeures, ce parcours en images est accompagné de quatre textes d'éminents spécialistes, explicitant le rôle des serres à travers notre histoire. Yves-Marie Alain, ingénieur horticole et ancien directeur du Jardin des plantes de Paris retrace un historique inédit des serres européennes, depuis leur apparition, au XVIe siècle jusqu'à nos jours. Lucile Allorge, botaniste de renom, met quant à elle l'accent sur le lien intrinsèque entre plantes, botanique, innovations scientifiques et création des serres. Yves Delange, Maître de Conférences honoraire au Muséum national d'histoire naturelle et ancien conservateur des Serres abritant les collections tropicales de cet établissement, explique la nécessaire diversité des types de serre et souligne l'importance d'une étroite collaboration entre architectes concepteurs de serres, scientifiques et praticiens utilisateurs. Enfin, Françoise Hélène Jourda, architecte, nous fait découvrir les rouages de la serre contemporaine en tant que ressource indispensable pour penser la ville de demain.
Ce livre de référence démontre ainsi le rôle essentiel qu'ont joué et que jouent les serres aujourd'hui dans notre relation aux plantes, au savoir et à la biodiversité.
chef-d'oeuvre de l'art gothique, la cathédrale de reims est renommée dans l'europe entière dès sa construction pour son architecture audacieuse et novatrice et la richesse de son programme sculpté.
elle acquiert au xxe siècle une dimension symbolique nouvelle à la suite de sa destruction au cours du premier conflit mondial. l'ouvrage invite à une relecture de la chronologie et des étapes de la construction de la cathédrale grâce au recours au modèle virtuel.
Retrouver le plaisir d'habiter dans la ville, favoriser la sociabilité en proposant un autre modèle éloigné des quartiers haussmanniens comme des grands ensembles des terrasses, de la lumière, des volumes, etc. , tels sont quelques principes des réalisations de l'architecte Renée Gailhoustet.
Arc en rêve, centre d'architecture à Bordeaux, a imaginé ce projet qui explore les nouvelles manières d'habiter le monde. Face aux mutations planétaires qui bouleversent les conditions de vie, constellation.s repère des initiatives individuelles et collectives qui dessinent des perspectives pour la fabrication de la cité, au regard des défis de demain. Le livre constellation.s invite à la découverte de la création architecturales et convoque les sciences sociales, la philisophie, l'architecture, l'économie pour rendre intelligible le monde que nous habitons.
«Regards dessinés sur le monde» est plus qu'un simple recueil de ses dessins, c'est un voyage. Bernard Gachet nous emmène au travers des siècles, des cultures et des continents. Le dessin se fait ici éloge de la lenteur et du passé, en plus d'être un fascinant moyen de connaissance et de découverte.
Si l'on en croit sa définition classique, le paysage appartient à l'ordre du visible : il "s'étend sous la vue", à l'intérieur ou à l'extérieur d'un cadre. Parler de paysage du dessous, c'est s'interroger sur les conditions non seulement de visibilité mais aussi d'existence du paysage. Pour le voir, il nous faut les imaginer et c'est ce que vont nous permettre les photographies, les dessins, les peintures, les gravures - dont ce numéro est richement pourvu - mais aussi les récits littéraires et les cartes géologiques. Même les représentations les plus fantaisistes sont à considérer pour nous faire comprendre comment nous habitons la Terre. Cet imaginaire-là est constitutif de notre façon d'habiter. Il en va ainsi de certains mythes, comme celui du Grand Silure au Japon qui a longtemps expliqué les tsunamis et les tremblements de terre. Mais on habite aussi véritablement sous terre : les troglodytes, les SDF dans les métros de New York ou de Paris, ou encore dans les sous-sols de Las Vegas.
Fondée le 25 mars 421, jour de l'Annonciation, Venise entretient, dès son origine légendaire, un lien fondamental au sacré. Les innombrables églises, près d'une centaine, qui scandent les six sestieri et les îles, et autour desquelles s'organise le tissu urbain, dessinent son profil et forment une féerie changeante d'architectures, tantôt sobre (Sant'Alvise), tantôt d'un classicisme épuré (les palladiennes San Giorgio Maggiore et Redentore), tantôt démesurément baroque (San Moisè ou Santa Maria del Giglio).
Centre de la vie religieuse et point de rencontre entre Orient et Occident, la basilique byzantine San Marco, qui abrite les reliques du saint parvenues à Venise en 829, est placée sous le patronat du doge, princeps in ecclesia, princeps in re publica. Et, tout autour, essaiment les églises paroissiales, les églises des ordres monastiques (les Frari, les Carmini), celles, encore, érigées par des fidèles (Santa Maria dei Miracoli), pour la plupart dédiées à la Vierge mais aussi à des saints vétéro-testamentaires (San Zaccaria, San Geremia ou San Giobbe). Vivant témoignage des strates infinies de styles et d'époques mêlés, formant un ensemble artistique unique au monde, d'un foisonnement inégalé, toutes sont une leçon de beauté. Cisèlement des architectures, richesse des ornements, pavements en opus sectile et opus tessellatum, revêtements pariétaux de marbre ou de mosaïque, fresques, tableaux, sculptures, monuments funéraires : chaque édifice est un musée, chacun est le lieu d'expression et de création d'artistes venus de Vénétie ou de maints ailleurs. Architectes (Codussi, Sansovino, Palladio, Longhena), sculpteurs (Donatello, Lombardo, Vittoria, Le Court, Morlaiter), peintres célèbres (Vivarini, Carpaccio, Bellini, Lotto, Cima da Conegliano, Titien, Schiavone, Palma, Véronèse, Tintoret, Piazzetta, Tiepolo.), tous ont cherché à sceller la rencontre entre la tradition antique, l'héritage d'un passé plus immédiat et l'exigeante idée de modernité.
Par-delà les édifices les plus majestueux, telles la basilique ducale et son chatoiement de mosaïques d'or, la Salute, couronne votive élevée à la gloire de Marie, ou encore la basilique Santi Giovanni e Paolo, panthéon majestueux de la ville, ce livre s'attache à révéler d'autres églises, moins connues, parfois oubliées, mais d'égale richesse. La Madonna dell'Orto, pour laquelle Tintoret peignit nombre de chefs-d'oeuvre et où il est enseveli, San Sebastiano et le cycle pictural de Véronèse, San Polo et la première Via Crucis de la ville réalisée par Giandomenico Tiepolo, Santa Maria Assunta à Torcello avec la mosaïque du Jugement dernier et la Vierge Hodeghétria («Celle qui indique la voie») d'héritage byzantin en sont de vibrants exemples.
Venise, telle une admirable Conversation sacrée, est, parmi toutes, «le divin reposoir sis sur le chemin de la beauté, pour la joie des pèlerins passionnés qui y cheminent» (Morand).