Les Contes de Grimm illustrés par Arthur Rackham viennent explorer les replis secrets de l'enfance à travers des récits de princes et de princesses, d'ogres et de fées, d'animaux qui parlent, ou encore de petits personnages intrépides et malins aux prises avec leur destin. Ils nous entraînent avec eux dans les délices de nos émotions anciennes, envies et frayeurs confondues, mais aussi dans des rêves de quêtes illimitées où se mêlent tabous, transgressions et interdits... Mais ce que nous disent en filigrane les contes de Grimm, c'est notre soif de légendes, de récits, de sagas et de mythes ? en bref, notre besoin insatiable d'histoires merveilleuses. Le récit des frères Grimm, eux-mêmes linguistes et philologues, est servi dans cette édition par la langue magistrale d'un traducteur, Armel Guerne, amoureux éperdu de la langue, écrivain discret mais reconnu par ses pairs, et, avant tout, poète. Il l'est aussi par l'oeuvre d'un artiste et d'un illustrateur de livres, Arthur Rackham, talentueux dessinateur et coloriste. Ses illustrations enrichies de couleurs estompées puisent ici dans la veine fantastique avec un mélange subtil de charme, d'humour, de grâce et d'étrangeté.
Médée ou Circé, à califourchon sur un capricorne ou sur leur balai, les sorcières nous fascinent.
Elles ont inspiré des artistes majeurs tels que Bruegel l'Ancien, Dürer, Goya, Delacroix ou Ensor...
Sorciers et sorcières existent depuis l'aube des temps, mais la sorcellerie présente un caractère particulier dans l'Europe chrétienne, où elle est étudiée et théorisée à la fois par l'Église et par les pouvoirs temporels. En témoignent un grand nombre de livres, de procès, de condamnations et d'exécutions au cours de la Renaissance.
Se détournant de Dieu et de son Église, sorciers et sorcières se laissent séduire par les ruses du démon, auquel ils vouent un culte idolâtre dont la manifestation suprême est l'hommage rituel qu'ils lui rendent lors de certaines cérémonies nocturnes qu'on appelle leur sabbat.
Pour les artistes, le thème de la sorcellerie constitue une inépuisable source d'inspiration. Bruegel l'Ancien ou Frans II Francken font étalage d'érudition maléfique. D'autres, comme Dürer, sont plus intéressés par l'opposition entre le corps potelé d'une jeune sorcière débutante et celui boucané d'une vieille opiniâtre. Tandis que Hans Baldung Grien (c'est-à-dire vert comme le diable) montre des sorcières nues en train de se couvrir d'onguent pour se rendre au sabbat par la voie des airs.
L'océan comme métaphore de l'immensité du génie hugolien.
Une quarantaine de marines choisies au sein de l'oeuvre de Victor Hugo conservé au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France.
Cet opus de l'oeil curieux présente une quarantaine de marines choisies au sein de l'oeuvre de Victor Hugo conservé au département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France.
Poète, dramaturge, romancier, homme politique, humaniste, Victor Hugo fut aussi un immense artiste. En témoignent les encres issues de ses années d'exil à Guernesey, seul face à l'océan ? miroir et métaphore de l'immensité de l'oeuvre en cours ?, ou celles de son retour.
À travers ces marines, c'est ainsi tout à tour le désir de gloire et de postérité du poète qui s'exprime, son invincible courage, sa foi en la géniale démesure de son oeuvre et de son esprit. En bref, sa destinée.
En outre ? intuition magistrale du poète ou légitime évidence ?, l'entrée des manuscrits et des dessins de Victor Hugo à la Bibliothèque, explicitement appelée de ses voeux et couchée en 1881 par testament, fit date et sut infléchir la politique d'enrichissement des collections du département, qui, dès lors, fut ouverte à la littérature moderne et contemporaine.
Créature reptilienne et volante dotée de pouvoirs redoutables, le dragon est inscrit dans l'imaginaire depuis des millénaires. Emblématique du bestiaire fantastique, il peuple les récits fabuleux et constitue une source de représentations exubérantes.
La plupart des mythologies, mésopotamienne, égyptienne ou grecque, déclinent l'image du dragon sous d'innombrables appellations, à la fois dieux des ténèbres, déesses des océans ou serpents à plusieurs têtes, gardiens d'un trésor...
Ces représentations ont souvent été confortées par les témoignages de voyageurs ou d'érudits européens découvrant des sauriens inconnus. Marco Polo parle lui-même de serpents terrifiants au large du Yunnan...
Au Japon, le dragon veille sur les richesses et les demeures tandis qu'en Chine, il véhicule une symbolique fédératrice qui fait de lui l'emblème sacré du pouvoir impérial.
Les peuples occidentaux, à l'inverse, voient dans le dragon une figure du chaos, Le livre de l'Apocalypse décrit par exemple un immense dragon rouge feu, doté de sept têtes et de dix cornes, qui menace l'Église et égare les hommes.
Mais le dragon peut aussi se libérer d'une représentation univoquement maléfique. Mélusine, parée de sa queue de serpent, ne se révèle-t-elle pas épouse vertueuse et mère protectrice ?
En décembre 1861, Doré n'a pas 30 ans quand paraît l'édition des Contes qu'il illustre pour l'éditeur Pierre-Jules Hetzel, un livre d'étrennes destiné aux enfants sages, mais dont les images débordent le style traditionnel propre à l'illustration enfantine.
Empreinte d'une imagination toute romantique, servie par une technique nouvelle maîtrisée avec brio, permettant des teintes d'une grande finesse, chaque planche est une scène fourmillant de détails faisant du récit un théâtre de caractères et d'affects, aux effets spectaculaires.
On se retrouve ainsi perdu dans la forêt avec le Petit Poucet, retenu dans le château de la Belle au bois dormant, mais aussi amusé quand la vieille fée-marraine de Cendrillon fabrique son carrosse avec une citrouille ou que cette dernière enfile sa pantoufle de vair devant une assemblée de personnages ébahis, aux traits caricaturaux.
Une illustration magistrale servie par un talent incommensurable.
Sculpté aux chapiteaux des églises, brodé sur les tentures des châteaux, l'animal peuple au Moyen Âge les manuscrits enluminés : il dit les merveilles de la Création et les mystères de la foi, il enseigne la morale et le savoir hérité des Anciens, il est porteur des rêves de pouvoir et de conquête.
Cet ouvrage, à travers quatre-vingts trésors manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, donne à voir l'animal dans les livres au Moyen Âge, ses représentations et ses croyances. Défilent alors sous nos yeux les pages enluminées de l'histoire sainte : l'arche de Noé, la bête de l'Apocalypse, saint Gilles et sa biche, saint Antoine et son cochon. Des histoires extraordinaires charment notre regard, celles du lion qui efface de sa queue ses traces, de la licorne dont la corne purifie l'eau des rivières, de l'araignée qui fut autrefois une belle jeune fille... Tel Gaston Phébus, on se prend à rêver de chasse à courre ou de chasse au vol, faucon au poing ; avec Lancelot, on poursuit le cerf blanc ; sur les traces d'Hercule, on part à la conquête du monde. Dans les marges des livres d'heures, des oiseaux au plumage multicolore chantent l'amour de Dieu et la beauté du monde.
L'histoire de l'animal est si étroitement liée à celle de l'homme que l'on ne peut regarder l'un sans penser l'autre : le bestiaire dévoile une certaine conception médiévale du monde.
De cent quatre-vingts pièces, de retracer l'histoire des supports de l'écriture, improvisés ou choisis, neutres ou magiques, éphémères ou éternels, humbles ou glorieux, dont les relations avec le texte présentent des variations infinies, du texte-roi au support souverain.
Si toute matière se prête à devenir support d'écriture, c'est la présence du texte qui l'élève à ce statut, inscrivant dans une histoire continue la foisonnante diversité de formes et de matériaux que nous livrent l'archéologie et l'ethnologie : argile fraîche ou terre cuite, bois, métaux, papyrus, soie, parchemin, feuilles de palmier, papiers d'amate, de chiffon et de pâte à bois, ont fourni, au fil du temps et selon les régions du globe, tablettes, rouleaux, puis codex.
Juxtaposées, reliées par une cordelette de cuir, les tablettes de bois s'empilent comme les feuillets du codex ou comme les pages du livre imprimé ; sur l'écran de l'ordinateur, le texte à nouveau semble se dérouler sur son support à l'instar du manuscrit sur papyrus... pourtant, au-delà de cette parenté superficielle, les supports numériques introduisent une nouvelle révolution dans l'histoire des supports de l'écrit.
Partie prenante dans le bouleversement apporté par l'informatique et héritière d'un patrimoine remontant à la plus haute antiquité, la Bibliothèque nationale de France se devait de contribuer par une approche historique aux débats que suscite cette mutation.
« Je crois que les mots ne sont pas sans importance. Je crois qu'ils sont notre cirque et notre dignité. » Cette épigraphe, tirée du livre Croquis de Jean-Pierre Cescosse, ouvre l'introduction du catalogue de l'exposition « Manuscrits de l'extrême ».
L'usage des mots dans une situation extrême - détention, mission périlleuse, tournant critique, amour passionnel, deuil, aliénation mentale - prend souvent la forme d'un acte nécessaire, mais se heurte aussi à l'impasse du langage, à la difficulté à exprimer et à transmettre les émotions ou les tourments les plus vifs qui nous animent, sans les dévoyer, les amplifier ou au contraire les subvertir.
Cet ouvrage présente une centaine de manuscrits touchants, bouleversants et parfois glaçants : les lettres de Sade écrite lors de son emprisonnement à la Bastille, le Livre d'heures de Marie-Antoinette annoté avant son exécution, les notes prises par Victor Hugo sous la dictée des esprits lors de séances de spiritisme, les fragments du Journal de Marie Curie à la mort de Pierre, les dessins des enfants d'Izieu, un billet d'Alice Mangin, arrêtée en 1942, écrit avec son sang, les derniers mots de Pierre Guyotat alors qu'il sombre dans le coma,...
Il s'organise en quatre sections.
- « Prison » : ce sont les manuscrits écrits dans des conditions de détention (prisons, camps, interrogatoire, isolement, déportation).
- « Passion » : les manuscrits écrits dans des états émotionnels extrêmes (transport amoureux, délire mystique, deuil).
- « Péril » : les manuscrits écrits dans des situations particulièrement périlleuses ou face à un danger de mort imminent (expédition, veille d'exécution, évasion, aventure incertaine).
- « Possession » : les manuscrits écrits sous emprise, qu'elle soit liée à la prise de psychotropes ou à un état psychique particulier (folie, drogue, délire, transe).
Approcher les mystères de l'invention littéraire, donner à voir le travail de l'écriture, telle est l'ambition de ces Brouillons d'écrivains...
De Charles d'Orléans à Georges Perec en passant par Pascal, Rousseau, Chateaubriand, Flaubert, Apollinaire, Sartre et beaucoup d'autres, ne sont-ils pas des dizaines d'auteurs à revivre par la magie de leurs manuscrits, saisis, la plume à la main, en pleine activité créatrice ou dans les affres de l'incertitude et du repentir ?
Les collections de la Bibliothèque nationale de France ont fourni l'essentiel des documents présentés ici.
Et ce parcours à travers les richesses du patrimoine littéraire est une réflexion sur la création, les traces qui nous en ont été conservées et l'image que nous nous en faisons. Une réflexion qui, dans une première partie, historique, retrace du Moyen Age à l'époque moderne l'émergence du manuscrit d'auteur, jusqu'à la consécration qui est la sienne depuis deux siècles ; une deuxième partie, intimiste, invite à pénétrer dans l' " atelier " de quelques grands auteurs : Hugo, Flaubert, Proust, Valéry, etc.
; les étapes de la " fabrique du texte " servent de fil conducteur à la troisième partie, ménageant des gros plans sur des moments particuliers, comme la préparation de l'oeuvre chez Zola, ou la correction des épreuves chez Balzac... Cette exploration de l'univers des manuscrits s'achevant sans se conclure du côté de la littérature d'aujourd'hui, et sur les possibles métamorphoses du brouillon à l'heure de la " révolution électronique ".
De nombreux chercheurs - critiques, historiens, généticiens des textes - ont participé à l'élaboration de cet ouvrage, des écrivains aussi qui nous parlent de leurs " brouillons " et de leur rapport passionné avec l'écriture : leur témoignage est essentiel, comme la confiance qu'ils manifestent à l'égard de la Bibliothèque pour qu'elle demeure un lieu vivant de mémoire et de création.
L'Iliade et l'Odyssée, les plus anciennes oeuvres littéraires de l'Europe, rencontrent le succès depuis
plus de vingt-huit siècles et ont le pouvoir aujourd'hui encore de toucher un public diversifié.
Homère, c'est un monde certes imaginaire de héros et de dieux, mais aussi un monde réel, fait de
lieux, d'objets archéologiques et d'oeuvres artistiques.
Adoptant un point de vue littéraire, ce volume fait entrer le lecteur dans le texte d'Homère, cherche
à toucher son imaginaire et à lui faire découvrir le personnage d'Ulysse dans sa complexité et, si le
propos se centre sur le personnage de l'«homme aux mille tours », c'est en évoquant à la fois
l'Iliade et l'Odyssée.
Une illustration très variée propose papyrus, manuscrits, premières éditions, marbres, vases
peints, monnaies, intailles, bronzes antiques, cartes, estampes, images de films... Tous ces objets
entraînent le lecteur dans un voyage homérique organisé en trois parties - « Homère et les Muses
», «Ulysse le destructeur de Troie » et «Retour à Ithaque» , chacune d'elles rythmée par un
portrait d'Ulysse. Par son souci pédagogique, le volume s'adresse à tous, notamment à un jeune
public.
La collection de Pierre Leroy témoigne de sa double fidélité aux auteurs déclassés, rebelles, maudits et aux figures tutélaires de son adolescence : Sade et Camus ainsi que quelques coups de coeur choisis. Collectionnés avec ferveur, ils évoquent ainsi sa passion de la littérature, au corps à corps avec ses marges ou ses revers. Manuscrits, imprimés, envois autographes et autres paperolles relatent aussi une histoire singulière de la bibliophilie lorsqu'elle n'est ni le condensé d'un catalogue convenu, ni l'apanage d'un savoir conformiste, mais, au contraire, l'expression d'une quête vagabonde et érudite.