Tenu entre le 18 octobre 1944 et le 5 août 1945, ce Journal a pour toile de fond la fin de la guerre à Trieste et l'occupation yougoslave, les bombardements et les retraits précipités dans les abris. Mais son objet est tout autre, il est tendu vers la création, la liberté d'être et d'écrire. Il tient tout entier dans l'exploration de l'angoisse de la persévérance d'une vie intérieure riche et de la disponibilité de temps et d'esprit pour réfléchir. Sa liberté de jugement étonne et son don pour l'introspection séduit.
Ce Journal explore aussi le rapport d'Anita Pittoni à la sensualité, au corps, aux lignées de femmes de sa famille et surtout expose ses sentiments amoureux pleins de craintes et de fulgurances.
On y croise l'entourage d'Anita Pittoni, les intellectuels de Trieste, son compagnon Giani Stuparich, le poète Umberto Saba qu'elle publie... Si elle s'attarde longuement sur les relations humaines et les angoisses qu'elles génèrent, elle décrit aussi minutieusement le réseau de créateurs essentiel dans ces heures dures et sur lequel elle s'appuie pour avancer.
De l'effervescence
Les Choses et Les Gens sont deux séries de proses brèves qui font suite à Les Bêtes publiés en français dans la collection Biophilia chez José Corti en 2011.
Les Choses se composent de 167 courtes proses ; des observations du poète qui se définit en évoquant les habitations de Sienne et de Florence, quelques objets et surtout la nature environnante. Ces fragments explorent l'immédiateté de la relation du narrateur entre l'extérieur et l'intérieur et sa lutte contre l'évocation de souvenirs.
Souvent en affrontement avec lui-même dans une nature qui le pousse à la rêverie ou à la nostalgie qu'il combat férocement, le poète ne trouve de répis que de très courts instants et toujours dans un équilibre précaire.
Le narrateur est complexe et torturé, porté par les errements «jusqu'à penser que mon âme était restée collée sous le sable mou, que la mer l'emportait parfois avec elle pour ensuite la rapporter.» Une des grandes originalités de ce texte réside dans le déroutant va-et-vient entre une nature personnifiée qui sonde le poète et la minutieuse exploration de celle-ci par celui-ci.
Les Gens ne contiennent que 70 fragments mais les textes sont légèrement plus longs. Il s'agit principalement de portraits psychologiques de femmes très différentes, de tout âge et de diverses formes de parenté avec le narrateur.
Quatorze récits autobiographiques qui mettent en scène des conversations avec le monde naturel. L'auteure évoque les fous de Bassan, les icebergs de l'Arctique, le musée de Bergen ou encore le ciel et l'univers.
La notion de poètes maudits revient à Verlaine qui, dans un livre éponyme, publié en 1886, n'a pas hésité à rejoindre le cercle fictif qu'il avait ainsi formé en regroupant Corbière, Mallarmé et Rimbaud. Le présent ouvrage donne à cette dénomination une extension particulière en considérant à leurs côtés des écrivains comme Baudelaire et Nerval, mais aussi Aloysius Bertrand, Lautréamont et Jules Laforgue. Tous s'imposent par leur personnalité en déséquilibre, leur façon anomique de faire oeuvre, leurs pouvoirs oniriques, l'hybridité de leur démarche, le caractère unique de leur marginalité.
Les études rassemblées dans ce livre les montrent sous ces divers angles et posent quelques repères dans leurs oeuvres insaisissables.