Le musée des Beaux-Arts de Bordeaux est, après le musée du Louvre, l'un des rares musées français à posséder d'importantes collections d'art britannique. Cet élément constitue un axe fort du projet scientifique et culturel du musée. Il est à l'origine de certains enrichissements récents, et d'une programmation spécifique, telles les deux expositions « British Stories. Conversations entre le musée du Louvre et le musée des Beaux-Arts de Bordeaux » et « Absolutely Bizarre ! les drôles d'histoire de l'école de Bristol (1810-1840) » , liées au sein d'une « Année britannique au musée ! ». C'est dans ce contexte qu'intervient l'étude scientifique de la collection britannique du musée et sa publication au sein d'un catalogue raisonné.
On l'a souvent écrit, le XIXe siècle est le premier siècle à s'être pensé comme radicalement neuf. A partir des années 1830, l'essor de la production industrielle et la transformation des villes les plus importantes du pays sont indissociables d'un bouleversement en profondeur de toutes les couches de la société, du développement d'un mode de vie bourgeois urbain jusqu'à la misère des faubourgs ouvriers, en passant par la lente transformation des campagnes. Les peintres que nous associons à l'histoire de l'impressionnisme, ou à son périmètre naissent alors, au début des années 1830 et 1840, et assisteront à ces métamorphoses. Paul Cézanne, Edgar Degas, Claude Monet, Berthe Morisot, Camille Pissarro, Pierre-Auguste Renoir et Alfred Sisley font leur début sur la scène artistique parisienne au cours des années 1860. Ils apparaissent comme un groupe à part entière en 1874, une « avant-garde » tout à la fois célébrée et conspuée, lorsqu'ils exposent pour la première fois ensemble à Paris. Ils développent tout au long des années 1870 une peinture claire, à la facture délibérément rapide et esquissée. Rejoints par des artistes comme Gustave Caillebotte en 1876, ils font entrer dans leurs tableaux, de façon positive (Caillebotte) ou critique (Renoir) ce qu'on désigne à la suite du poète Charles Baudelaire, « la vie moderne ». Plus largement, ce que le critique Edmond Duranty appellera la « Nouvelle Peinture » en 1876 rejoint et amplifie la tendance qui poussa certains artistes, dès les années 1790, à privilégier les thèmes issus du monde moderne, sans lesquels il n'était pas d'art approprié à la nouveauté des temps et de réponse adéquate à la société contemporaine.
Les impressionnistes agissent d'autant plus ainsi qu'ils doivent vite s'adapter aux nouveaux modes d'exposition, de consommation et de production de l'image. On ne saurait oublier la façon dont peinture, gravure de presse et photographie interagissent dans la seconde moitié du XIXe siècle. La modernité de l'impressionnisme, multiple, est donc travaillée par les forces contradictoires auxquelles la société est exposée en son entier : attention renouvelée au monde actuel, fidélité variable à la France des terroirs, souci des attentes d'un public transformé lui-aussi et qu'il faut atteindre en dehors des circuits traditionnels d'exposition et de diffusion, redéfinition de l'acte pictural au regard des autres médiums, en particulier la photographie.
L'exposition examinera la ligne de partage, l'oscillation plutôt, qui se dessine très tôt au sein de l'impressionnisme entre l'attrait du moderne et la volonté d'exalter la nature seule, ou l'univers rustique et ses solidarités anciennes. Elle montrera comment ces oeuvres dominées par « la nouvelle vision », couleur, facture et perspective sont repensées de façon à nous donner l'impression que l'artiste a capté un moment transitoire sans le fixer.
Avec l'impressionnisme, disparaît l'idée que le réel est stable, indépendant de la perception humaine.
A l'arrière de la nature apparemment enfantine et innocente de l'oeuvre de Joan Miró se cache un lien profond avec la tradition catalane et l'art du passé. De sa formation artistique avec ses premiers travaux en Catalogne en 1910 à l'influence du primitivisme, des arts roman et oriental, le visiteur voyagera dans une large sélection d'oeuvres de Miró (peintures, oeuvres sur papier et sculptures) qui couvrent l'ensem- ble de sa carrière. Cette exposition est organisée avec la participation de la Fundació Pilar i Joan Miró (Palma de Majorque) et de la Fundació Joan Miró (Barcelone), grâce à des prêts de nombreuses et prestigieuses collections internationales publiques et privées.
L'apogée de l'année de festivités du MSK à Gand seraincontestablement la première exposition monographique jamais consacrée au peintre baroque Theodoor Rombouts (1597-1637). Pour l'occasion, des tableaux du monde entier feront le voyage jusqu'à Gand, où les scènes joyeuses et les représentations monumentales du maître s'animeront dans un parcours qui ne manquera pas de créer la surprise. Le jeune Anversois émigre en Italie au début du XVIIe siècle. Il s'y laisse fasciner par l'artiste révolutionnaire qu'est Michelangelo Merisi da Caravaggio (1571-1610) et par son suiveur Bartolomeo Manfredi (1582-1622). De retour à Anvers, Rombouts développe une identité artistique bien à lui. Il arrive à créer une parfaite harmonie entre le Nord et le Sud et devient une valeur sûre dans le milieu artistique anversois. Les oeuvres qui se détachent le plus parmi la diversité de sa production sont les tableaux de genre monumentaux, animés et parfois moralisateurs, peuplés de joyeuses et élégantes compagnies et de musiciens. Les scènes, construites de façon limpide, baignent dans un clair-obscur méridional qui se fond avec la palette caractéristique de Rombouts. Le raffinement extrême avec lequel il peint les objets et les tissus rend son oeuvre encore davantage reconnaissable. L'exposition et le catalogue qui l'accompagne retracent la carrière florissante de Rombouts, dévoilant à quel point il fut l'un des principaux caravagistes flamands ainsi qu'une figure-clé de la peinture de genre.
Accompagnant la première exposition belge de Fernando Botero, ce catalogue invite à parcourir l'ensemble de la carrière de l'artiste colombien et à explorer les sources de son style original, voué à exalter, dans tous les sujets, les qualités formelles des volumes. Cinq essais inédits de spécialistes internationaux, abordant l'oeuvre de Botero d'autant de points de vue différents, éclairent d'une lumière nouvelle un répertoire foisonnant d'images qui fait déjà partie de notre imaginaire collectif, mais qui, à première vue, semble échapper aux codes conventionnels de la peinture moderne. « Au-delà des formes », et loin de toute idée reçue, on découvre une oeuvre où la grande liberté formelle ne déroge jamais à la maîtrise rigoureuse des techniques traditionnelles; où la simplicité apparente est le résultat d'une étude approfondie de l'histoire de l'art et des cultures populaires ; où le parti pris de la figuration et la volonté de créer une oeuvre accessible à tout un chacun naissent d'une réflexion constante sur les acquis de l'art de son époque et sur son rôle dans la société. Autant de clés de lecture pour mieux apprécier, à travers ce livre, cette caresse de couleurs et de formes unique dans son genre, qu'on ne se lasse jamais d'admirer.
L'exposition vise à mettre en valeur la figure de François Boucher (1703-1770), peintre majeur au service de Louis XV et de la marquise de Pompadour, représenté dans les collections du musée par quatre tableaux en lien avec le théâtre et l'Opéra. Trois d'entre eux furent certainement commandés par Madame de Pompadour pour commémorer ses représentations théâtrales à Versailles dans les rôles d'Issé et de Sylvie (d'après les Métamorphoses d'Ovide et l'Aminta du Tasse). Le dernier tableau est sans doute un projet de décor de scène. L'exposition s'attache à explorer un aspect méconnu de la carrière de François Boucher : sa contribution active et continue à l'Opéra et au théâtre de cour, institutionnel et de foire.
L'exposition rassemble une soixantaine d'oeuvres (tableaux, estampes, dessins, livrets, partitions, tapisseries, objets d'art, photographie et costumes) du XVIIIe siècle à nos jours. L'on souhaite ainsi mettre en lumière la déclinaison des tableaux de Boucher, devenus iconiques, en objets dérivés, de la tapisserie aux arts décoratifs par l'entremise de la gravure. Seront également présentées des oeuvres d'artistes contemporains, notamment des costumes, afin de souligner la manière dont Boucher continue à inspirer les artistes.
En collaboration avec l'Universiteit Gent, MSK Gand met à l'honneur le peintre, dessinateur et graveur Albert Baertsoen (1866-1922) : rejeton d'une famille industrielle gantoise, cet artiste pratiquement autodidacte est un des protagonistes de la scène artistique belge et internationale de la Fin de siècle. Bartsoen était surnommé « le peintre de Gand » par les gens de son époque, un titre honorifique qui reflétait non seulement son importance artistique, mais aussi son amour singulier pour Gand. Son regard était surtout axé sur les coins délabrés, pollués, abandon- nés d'une ville qu'il a représentée d'innombrables fois à partir du début des années 1890. Cette fascination pour les cités médiévales condamnées à changer définitivement d'aspect sous l'effet de la modernisation explique aussi pourquoi Baertsoen a éveillé l'intérêt d'écrivains symbolistes comme Georges Rodenbach. Mais Baertsoen ne s'est pas limité à Gand. Il est devenu rapidement un paysagiste apprécié, peignant la région de l'Escaut, la mer du Nord et l'arrière-pays, mais aussi, en fils de fabricant textile qu'il était, les paysages industriels liégeois. Le succès international, Bartsoen le devait en partie à son vaste réseau de relations, à sa voix qu'il n'hésitait jamais à faire entendre et à son style impressionniste. À l'instar de certains confrères faisant partie de son cercle international d'amis - Henri Le Sidaner et Frits Thaulow -, il observait le monde avec un regard intimiste et mélancolique, dans un cadrage presque photographique. Il a d'ailleurs très souvent représenté ses paysages et ses villes par temps de pluie ou de neige. Plus que tout, il était un artiste attaché de ma- nière obsessionnelle à ses thèmes, qu'il a abordés dans différentes disciplines - non seulement la peinture, mais aussi le dessin, le pastel et l'eau-forte.
C'est cette histoire d'une Pologne sans nation mais en quête de liberté qu'entend raconter le Louvre-Lens à travers une exposition de peintures des artistes les plus illustres de l'époque. Est mis à l'honneur l'oeuvre de ceux qui ont cherché à maintenir éveillée la conscience nationale, à faire vivre le souvenir d'un passé glorieux et à affirmer l'identité culturelle polonaise en s'inspirant notamment d'une historiographie nationale nouvelle et des écrits romantiques défenseurs sans concession du patriotisme polonais, alors exilés à Paris. Un art au caractère « patriotique »... Par le biais de ce récit, l'exposition est l'occasion de révéler la spécificité de cette peinture « nationale » à un moment où la nation est elle-même en question. La variété des sujets abordés par les artistes de l'époque va donner naissance à une grande peinture polonaise d'histoire, de paysage et de scènes de genre. ... sur un vaste territoire multiculturel aux traditions séculaires Comment donner sens à cette idée de « nation polonaise » alors même que les populations locales sont de traditions culturelles, sociales et religieuses si variées ? Alors même que le territoire par son immensité tente de maintenir une unité géographique. C'est le parti pris des artistes de l'époque : unir par la diversité, créer une synergie par la peinture. Un lien particulier avec la France Revenir sur la peinture polonaise du XIXe siècle, c'est également rappeler au public du Louvre-Lens les liens historiques entre la Pologne et la France qui remontent d'ailleurs à une époque bien antérieure. Aussi la période romantique polonaise est comme hantée par la figure napoléonienne largement représentée dans l'oeuvre de Piotr Michalowski. De même, il convient de rappeler l'importance de la peinture d'histoire du peintre français Paul Delaroche pour ses homologues polonais les plus illustres, à commencer par Jan Matejko et Józef Simmler.
Fils aîné d'une famille de quatre enfants, son père, Alexandre Émile Auburtin (1838-1899), architecte de la ville de Paris, est originaire de la Lorraine. Formé dans sa jeunesse par le peintre Louis-Théodore Devilly, il est admis à l'École des beaux-arts de Paris, qu'il quitte sans se présenter au concours du prix de Rome. En 1897, Auburtin étudie la faune et la flore sous-marine aux aquariums de Roscoff et de Banyuls d'où il rapporte de nombreux croquis qui lui permettront de réaliser en 1898 Le Fond de la mer, grand décor destiné à l'amphithéâtre de zoologie de la SorbonneNotes 1. Il séjourne dans les îles d'Or et longtemps à Porquerolles, puis en Bretagne où il réalise des oeuvres conservées au musée de Pont-Aven. Puis il découvre la Corse, les sommets des Pyrénées, les nombreux lacs des Landes et Talloires sur les bords du lac d'Annecy chez ses amis, le peintre Albert Besnard (1849-1934), et sa femme la sculptrice Charlotte Besnard (1854-1931)celle réalisée pour Dans son atelier du quai Carnot à Saint-Cloud, il reçoit son ami Auguste Rodin avec lequel il partageait quelques modèles. Il réalise également de 1909 à 1920 des gouaches avec l'école de danse d'Isadora Duncan. Jean Francis Auburtin est promu officier de la Légion d'honneur
Dans le cadre de l'étude des collections du musée Bonnat- Helleu, cet ouvrage offre une vision exhaustive et actualisée d'un fonds majeur de la Renaissance italienne, riche de dix dessins de Raphaël et neuf feuilles de ses plus illustres élèves, en s'appuyant sur les recherches documentaires les plus complètes comme sur l'examen matériel approfondi des dessins. La vie et l'oeuvre de Raphaël sont abordés dans un essai introductif, qui évoque également le goût de Léon Bonnat pour le maître, à travers ses copies des chefs-d'oeuvre et sa stratégie d'achats pour constituer la collection aujourd'hui à Bayonne. Chaque oeuvre fait l'objet d'une analyse détaillée, qui précise sa technique, sa provenance, son attribution, son iconographie et sa datation. Elle s'accompagne d'illustrations la replaçant au sein du processus de création propre à chaque artiste, et dans le cours général de l'histoire de l'art. L'ensemble permet ainsi d'apprécier à sa juste valeur une série de dessins remarquables du musée Bonnat-Helleu, qui conserve un fonds d'arts graphiques parmi les plus importants des collections publiques françaises.
Lauréat du grand prix de l'Académie à l'âge de vingt-deux ans, Louis Gauffier arrive à Rome en 1784 et s'établit définitivement en Italie où il meurt prématurément en 1801. Témoin de l'univers passionnant du Grand Tour, de la fin de l'Ancien Régime aux débuts de la Révolution jusqu'aux campagnes du général Bonaparte, Gauffier traverse une époque de transformations radicales influent sur sa vie et son art. D'abord peintre d'histoire à Rome, il propose des compositions marquées par le goût néoclassique où se lit sa fascination pour les découvertes archéologiques de son temps. À Florence, il devient le portraitiste des voyageurs de toute l'Europe. En inscrivant ses modèles dans des paysages mêlant les monuments de la capitale toscane et les beautés de la nature, il développe une formule qui associe intimité, charme et décontraction. Il pratique la peinture en plein air, étudie les arbres et les rochers, l'atmosphère et la lumière, qu'il transpose dans des paysages annonciateurs des inventions du xixe siècle. L'amitié de Gauffier avec François-Xavier Fabre, fondateur du musée de Montpellier, explique sa représentation dans les collections du musée depuis près de deux siècles. Ce catalogue est le premier ouvrage monographique à lui être consacré. À travers plus d'une centaine de peintures et de dessins, il propose de découvrir un artiste sensible et visionnaire, dans la lumière de l'Italie.
Une exposition consacrée à des oeuvres artistiques de Franscisco de Goya y Lucientes est organisée du 7 novembre 2019 au 10 février 2020 par le musée des Beaux Arts de la Ville d'Agen, au sein de l'ancienne église des Jacobins.
Le projet d'exposition s'appuie sur une recherche approfondie concernant l'achat à Madrid au XIXe siècle par le Comte de Chaudordy, ambassadeur de France à Madrid de 1874 à 1881, de huit oeuvres réalisées ou attribuées à Goya. Cette manifestation s'inscrit à la suite des journées d'étude organisées par le musée du Louvre et le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France en janvier 2013, suivies en avril par celles consacrées aux oeuvres de plusieurs musées de France, dont Agen :
Deux manifestations internationales qui avaient réuni conservateurs et spécialistes.
Né en 1953 à Paris, Dominique Gauthier vit et travaille à Lavérune, aux portes de Montpellier. Formé à l'école des beauxarts de Marseille, il fut défendu par le galeriste Jean Fournier dès ses premiers travaux, des Opéras au format monumental composés d'un assemblage de toiles et de matériaux mixtes.
Alors qu'une oeuvre de cette série a rejoint dès 1982 les collections du musée Fabre, suivie d'une seconde au début des années 2000, l'artiste a honoré le musée en 2020 d'une donation exceptionnelle de près d'une dizaine de toiles et d'une trentaine d'oeuvres graphiques, donnant à voir la diversité de sa pratique picturale. Celle-ci évolue entre différentes périodes, d'une matière épaisse et organique notable dans les Provisions pour Cimabue à une rigueur abstraite et géométrique dans ses Hostinato tracés au compas, et multiplie les références aux arts, à l'histoire, jusqu'à puiser dans l'univers encyclopédique. Cette oeuvre protéiforme, marqué par l'exubérance du geste, des couleurs et des formats, sera mis à l'honneur au musée Fabre du 21 mai au 28 aout 2022, à travers une exposition et la publication d'un catalogue qui dévoileront la richesse du fonds issu de ses collections.
Le musée Fabre édite un catalogue, à la charte graphique similaire aux précédents catalogues Pierrette Bloch, André Pierre Arnal, Stéphane Bordarier, une collection.
Artiste rayonnant essentiellement dans la région de Carcassonne, Laugé fascine par son parcours solitaire au sein du mouvement néoimpressionniste.
L'exposition, qui réunira près d'une centaine d'oeuvres et couvrira toute la carrière de Laugé, met en lumière l'originalité profonde de ce peintre du quotidien, mû par une sensibilité exceptionnelle.
Issu d'une famille paysanne, Laugé abandonne ses études de pharmacie et s'inscrit à l'École des beaux-arts de Toulouse où il se lie avec Antoine Bourdelle, avant de poursuivre son apprentissage à Paris et de partager l'atelier d'Aristide Maillol. Au Salon des Indépendants de 1886, Laugé découvre le tableau manifeste de Georges Seurat, Un dimanche après-midi à l'Île de la Grande-Jatte, véritable révélation. En 1890, de retour à Carcassonne, Laugé se convertit à la couleur pure divisée.
Seul devant l'éblouissante lumière méridionale, Laugé s'approprie, au gré de nombreuses expérimentations, la théorie des couleurs de Seurat et de Signac. Combinant les teintes de manière très personnelle, il réalise de somptueuses natures mortes où les bouquets de coquelicots et de marguerites voisinent avec les fruits mûrs et les branches d'amandiers en fleurs. Achille Laugé exprime cet « art de sensibilité émue » que relève son ami Bourdelle.
Tel Monet devant la cathédrale de Rouen, Laugé travaille sur des séries, représentant inlassablement la route qui mène à Cailhau, le village dans lequel il s'installe en 1895. Dans ces paysages rigoureusement construits, il s'attache à rendre les nuances de la lumière, le passage des saisons dans leurs plus infimes variations.
Sur les rives de la Seille, dans la cité même qui vit naître, grandir, s'éveiller aux oeuvres de l'esprit et aux arts l'un des maîtres les plus aimés de la peinture française, un chef-d'oeuvre absolu, Saint Joseph charpentier, est venu rappeler, durant tout l'été 2016, que Vic était bien la patrie de Georges de La Tour. Les visiteurs du musée portant son nom n'ont pas manqué de s'arrêter longuement devant l'un des plus beaux tableaux de la peinture occidentale, généreusement prêté par le musée du Louvre. Au regard intériorisé du père adoptif, à celui, tout empreint d'admirative affection que porte l'Enfant sur celui qui l'éduque dans les principes de la Loi, répondait, à plus de quatre siècles de distance, la fascination que ce dialogue muet ne manquait pas de faire naître en chacun.
Le retour temporaire du Saint Joseph charpentier sur les terres de Georges de La Tour a été rendu possible grâce à un partenariat établi entre le musée du Louvre et le Département de la Moselle. Cette collaboration s'était déjà traduite, en 2013, par une première exposition, consacrée à la figure de saint Jérôme dans l'oeuvre du peintre lorrain. Le succès remporté par cette manifestation et la contribution scientifique qu'elle a permis d'apporter invitaient à renouveler l'opération. Fleuron des collections du Louvre, Saint Joseph charpentier se trouva ainsi tout à la fois à l'origine et au coeur d'une passionnante enquête portant non seulement sur le tableau lui-même et celui qui le peignit, mais aussi sur son mystérieux itinéraire depuis la Lorraine jusque vers l'Angleterre où il finit entre les mains du marchand d'art et mécène Percy Moore Turner, lequel, dans un geste d'une extraordinaire libéralité, en fit don au plus prestigieux musée français en 1948.
Le présent ouvrage, dû pour l'essentiel à la science rigoureuse et pointilleuse de Dimitri Salmon, collaborateur scientifique de conservation au département des Peintures du Louvre, constitue un chapitre inédit de l'histoire culturelle des relations entre la France et l'Angleterre au XXème siècle. Dans les multiples panoramas qu'il brosse, le livre touche à l'histoire de l'important phénomène de la collection, il concerne le marché de l'art, les relations entre musées et marchands, l'enrichissement du patrimoine, entre autres questions abordées. Les admirateurs et les spécialistes de Georges de La Tour liront avec un intérêt tout particulier le chapitre portant sur le Saint Joseph charpentier.
Que de questions demeurent aujourd'hui encore sans réponse !
Où le tableau fût-il peint et pour qui ? Quand et comment traversa -t-il la Manche ?
À l'aube du XIXe siècle, dans un climat intellectuel et culturel particulièrement stimulant, la ville anglaise de Bristol fut le théâtre d'une association informelle et confraternelle d'artistes, d'écrivains et d'amateurs éclairés unis par une passion commune pour la nature et la pratique du plein air qui s'exerçait à travers de bucoliques études sur le motif (sketching parties) dans la verdoyante campagne environnante. Les sites remarquables des gorges spectaculaires de l'Avon, qui avaient déjà inspiré le grand William Turner dès la fin du XVIIIe siècle, ou des bois élyséens des alentours proposaient en effet à ces artistes une riche palette de motifs pour leurs aquarelles et leurs peintures.
Contemporains des romans de Jane Austen, les peintres Edward Bird, Edward Villiers Rippingille ou Rolinda Sharples produisirent de piquantes, et parfois féroces, représentations de la vie citadine en pleine effervescence sociale. Les artistes qui oeuvrèrent alors à Bristol offrirent ainsi à l'art romantique britannique et européen une contribution puissamment originale. En témoignent les poétiques panoramas périurbains, entre ville et campagne peu à peu gagnée par l'industrialisation, peints par Francis Danby, Samuel Jackson et leurs émules, et surtout les paysages fantastiques aux accents apocalyptiques, voire presque cinématographiques avant l'heure, de Francis Danby ou de Samuel Colman.
La Fondation de l'Hermitage consacre une importante rétrospective au peintre lucernois Hans Emmenegger (1866-1940) - une première en Suisse romande. Avec une centaine de tableaux, l'exposition dévoile l'oeuvre de cet artiste resté méconnu du grand public, malgré un fort engagement au sein de la communauté culturelle suisse alémanique. Fin observateur et amoureux de la nature, Emmenegger est un peintre d'une originalité frappante, dans le traitement insolite de ses paysages et natures mortes, comme dans l'audace de ses compositions. Il compte parmi les artistes suisses les plus importants de sa génération.
Formation artistique : Emmenegger commence sa formation à l'école des arts appliqués de Lucerne (1883-1884). Il la poursuit à Paris, à l'Académie Julian, puis dans l'atelier de Jean-Léon Gérôme. Dans cette effervescence artistique, il se lie d'amitié avec Cuno Amiet et Giovanni Giacometti. En hiver 1885-1886, il séjourne à Munich, où il rencontre Max Buri, avec qui il voyagera en Afrique du Nord en 1891. En 1893, Emmenegger hérite du domaine de son père à Emmen, près de Lucerne, où il vivra et travaillera jusqu'à sa mort. En 1895-1896, il passe un second hiver à Munich. Il y pratique la gravure avec Albert Welti et s'initie à la peinture de plein air avec Bernhard Buttersack. Fasciné par le travail d'Arnold Böcklin, il séjourne à plusieurs reprises au Tessin et en Italie entre 1897 et 1903.
Un artiste singulier : Au début du 20e siècle, Emmenegger s'affranchit de l'influence de Böcklin et développe son propre langage artistique, se consacrant à des thèmes récurrents - intérieurs obscurs de forêt, fonte des neiges, ombres portées ou reflets à la surface de l'eau. Son style figuratif plonge le spectateur dans des décors au cadrage serré, parfois sans horizon, et génère une atmosphère aussi étrange que mélancolique. Grâce à de subtils agencements d'aplats de couleur et à de puissants contrastes d'ombre et de lumière, une grande tension se dégage de ses compositions. Dès les années 1910, Emmenegger se passionne pour la question de la représentation du mouvement et livre des toiles inspirées de la chronophotographie, qui rappellent les expérimentations des artistes futuristes.
Engagement dans le milieu artistique : Emmenegger était notamment président de la section lucernoise de la Société des peintres, sculpteurs et architectes suisses et membre du comité de la Société des beaux-arts de Lucerne. Philatéliste et collectionneur averti, il possédait, entre autres, des oeuvres de Ferdinand Hodler, Cuno Amiet, Max Buri, Giovanni Giacometti et Albert Trachsel, ainsi qu'un ensemble de photographies, de minéraux et de fossiles.
Dialogue avec d'autres artistes / carte blanche à l'ECAL : L'époustouflante modernité de l'oeuvre d'Emmenegger est mise en évidence par le biais d'une centaine de tableaux, qui dialoguent avec des peintures de ses mentors, amis et contemporains Cuno Amiet, Arnold Böcklin, Giovanni Giacometti, Ferdinand Hodler, Félix Vallotton et Robert Zünd. Le parcours est également ponctué d'oeuvres d'artistes contemporain·e·s inspiré·e·s par son travail : Caroline Bachmann, Stefan Banz, Michel Grillet, Alois Lichtsteiner, Nicolas Party et Albrecht Schnider.
À découvrir dans les salles et dans le parc de l'Hermitage, la carte blanche confiée à l'ECAL/Ecole cantonale d'art de Lausanne, mettant en résonance l'oeuvre d'Emmenegger avec les travaux de photographes de la nouvelle génération.
Charles Belle est un peintre français d'origine franc-comtoise, dont l'oeuvre est reconnue internationalement pour son approche de la représentation des éléments de la nature dans des formats souvent monumentaux. Artiste inclassable, il suit sa propre ligne, oscillant entre réalisme tendre et profond, gestuelle intense et sensuelle, travail sombre et silencieux ou encore un certain lyrisme. En quarante ans de carrière, sa production colossale est estimée à près de 10 000 peintures et plus de 20 000 dessins.
Afin d'offrir au public la première grande exposition monographique consacrée à Charles Belle, sept structures culturelles de Bourgogne-Franche-Comté se sont s'associées, chacune adoptant un regard à la fois différent et complémentaire sur l'oeuvre de cet artiste, dont les facettes sont multiples.
Les expositions se dérouleront successivement ou parallèlement dans les différents établissements de mai 2022 à janvier 2023. Le catalogue est pensé collectivement pour restituer chacune des sept expositions.
Novatrice et pionnière, l'artiste franco-américaine Niki de Saint Phalle (1930-2002) a bâti en l'espace d'une cinquantaine d'années un corpus d'oeuvres aussi vaste que complexe. Son travail jouit d'une reconnaissance internationale dès lors qu'en 1961 elle participa à The Art and Assemblage, une exposition prestigieuse organisée au Museum of Modern Art de New York. A partir de ce moment-là, Saint Phalle a été invitée à exposer de nombreuses fois en solo aux quatre coins du monde.
Ces joyeuses et lumineuses Nanas sont devenues sa griffe. L'artiste et son travail ne peuvent toutefois pas être appréhendés à la seule lumière de ces oeuvres. Le présent catalogue qui accompagne la première rétrospective exhaustive de l'artiste en Belgique - une rétrospective qui se tient aux Beaux-Arts Mons (BAM) - explore la pratique aux multiples facettes de Saint Phalle et se penche sur son travail pluridisciplinaire comprenant à la fois des peintures, des assemblages, des sculptures, des performances, des ouvrages publics, des projets architecturaux, des films et des pièces de théâtre.
Il survole l'ensemble de la carrière de Saint Phalle et montre comment elle s'est servie de son imagination débordante et de sa vision unique du monde pour sortir de l'espace typiquement réservé aux femmes et devenir l'une des plus grandes artistes du XXe siècle. Le titre Ici tout est possible est une déclaration que Niki de Saint Phalle a faite à propos de son Jardin des Tarots, un parc émaillé de sculptures monumentales situé en Toscane (Italie).
Dans le présent contexte, il demande cependant à être lu comme une référence à l'ensemble de son processus artistique qui, à ses yeux à elle, en est un aux possibilités illimitées. Ce catalogue exhaustif et richement illustré comprend de nouveaux textes érudits de Catherine Francblin, Alison Gingeras, Denis Laoureux, Camille Morineau, Kyla McDonald et Xavier Roland. A ces essais s'ajoutent des interviews avec Daniel Abadie et Marcelo Zitelli, qui ont été tous deux pendant toute leur vie très proches de l'artiste, ainsi qu'une biographie illustrée.
Le musée des Beaux-Arts de Rennes possède une remarquable collection de peinture française sans cesse enrichie par des achats, donc et dépôts depuis les années 1950 autour d'un noyau de chefs-d'oeuvre tels que Le Nouveau-né de Georges de La Tour, Les Noces de Cana de Quentin Varin, La Flagellation de Jacques Blanchard ou les deux natures mortes de Chardin.
Remarquable aussi bien par la qualité et la quantité de pièces, cet ensemble n'a jamais fait l'objet d'une publication complète. L'ouvrage présenté ici permet à la fois de mesurer l'ampleur de cette collection mais aussi son accroissement exceptionnelle durant ces trente dernières années. Aux côtés de quelques oeuvres remarquables du XVIe siècle (La Femme entre les deux âges et le Bal à la cour des Valois) et du XVIIIe siècle (Boucher, Chardin, Vincent, Lagrenée, Amand, Doyen, Suvée...) la collection française du XVIIe siècle est désormais l'une des plus complètes des musées français (Varin, Lallemant, Tassel, La Hyre, Le Nain, La Tour, Vouet, Senelle, Blanchard, Baugin, Vignon, Stella, Corneille, Loir, Le Brun, Verdier, Coypel, La Fosse, Jouvenet, Boullogne...).